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GROSSESSE ET ADOLESCENCE

GROSSESSE ET ADOLESCENCE

Cet article s’appuie sur l’ouvrage de D. Dadoorian, Grossesses adolescentes,publié en 2005 aux éditions Érès.

le journal du Psychologue

Le nombre de grossesses à l’adolescence augmente chaque année, cela malgré les nombreuses campagnes préventives. C’est un fait que de nombreux pays tentent de contrôler à défaut de le comprendre. Au-delà des facteurs biologiques qui jouent un rôle prépondérant, ce sont les facteurs culturels et psychologiques qui guident le désir adolescent de grossesse.

Fátima : « J’ai appris ici, à l’hôpital, ce que je sais sur les méthodes de contraception, sur la pilule, le préservatif. J’ai déjà utilisé la pilule, le docteur me l’a donnée, mais j’ai arrêté parce que ça me rendait malade et parce que je voulais tomber enceinte. » (Dadoorian D., 2005, p. 105.)

La grossesse à l’adolescence est un sujet d’actualité. Les statistiques montrent que le nombre d’adolescentes enceintes augmente chaque année. Il s’agit d’un phénomène mondial qui, considéré comme un problème de santé publique, préoccupe de nombreux pays.

La grossesse à l’adolescence n’est pourtant pas un fait nouveau dans notre société. Alors qu’elles étaient très jeunes, nos grands-mères, nos arrière-grands-mères, ont eu des enfants, mais les contextes sociaux et culturels de leurs époques étaient très différents. Les femmes devaient se marier tôt et, par conséquent, devenaient mères très vite. Le rôle de la femme était encore très lié aux soins des enfants et aux travaux domestiques. Cette situation découlait de l’organisation même du système social.

La modernisation de notre société a changé nos coutumes, et notamment le rôle de la femme. Les changements socio-économiques contemporains, du mouvement hippie, de la découverte de la pilule, de la révolution sexuelle, du mouvement féministe, ont transformé la vie des femmes et des hommes, provoquant des changements dans leurs comportements sociaux et sexuels.

On observe actuellement une diminution du taux de fécondité dans de nombreux pays. Pour autant, le taux de fécondité des adolescentes a augmenté. Notre société, surprise par ce phénomène, le considère comme un « problème ». En effet, la grossesse à l’adolescence est encore perçue comme une grossesse non désirée et la conséquence d’un manque de connaissances des méthodes contraceptives. Bien que très répandue, cette idée ne tient pas compte de la complexité de la question, laquelle semble se situer bien au-delà d’un simple manque d’informations pratiques.

Au contraire, il faut se demander pourquoi, actuellement, les adolescentes continuent d’être enceintes, alors que l’accès à l’information est beaucoup plus facile, que ce soit à travers une revue achetée chez le marchand de journaux, la télévision, les cours d’éducation sexuelle dans les écoles et les hôpitaux, les discussions entre copains, et, surtout, la possibilité d’une visite chez un gynécologue, le plus souvent avec l’accord de la mère qui, de surcroît, paye la consultation. Ainsi, affirmer que les jeunes filles sont enceintes par ignorance des méthodes contraceptives est, aujourd’hui, au début du xxie siècle, une ingénuité.

Alors pourquoi ?

Pour tenter de répondre à cette question, il faut avant tout écouter les jeunes filles parler de leur grossesse.

La naissance d’un enfant peut causer bien des difficultés et des limitations dans la vie d’une adolescente, mais, en dépit de toutes contraintes, il est très fréquent d’entendre l’adolescente dire qu’elle est heureuse d’être enceinte et qu’elle souhaite avoir cet enfant.

Ce que les adolescentes expriment à propos de leur grossesse montre que celle-ci exerce un rôle significatif dans leur vie affective et sociale. La grossesse est désirée par ces jeunes et elle est la conséquence d’une série de facteurs psychosociaux.

Il s’agit donc de poser un nouveau regard sur la question de la grossesse à l’adolescence, et d’aider ainsi les parents, les adolescents et les professionnels concernés à mieux se situer.

Hypothèse

La recherche que nous avons accomplie a fait ressortir deux facteurs principaux déterminant la grossesse chez les adolescentes :

  • les facteurs biologiques
  • et les facteurs non biologiques, dans lesquels s’inscrivent les aspects culturels et psychologiques.

Pendant la puberté s’opèrent des transformations qui mènent à la maturité sexuelle. La pulsion sexuelle s’unifie autour d’un seul objectif : la fonction reproductrice. Le corps de l’adolescente subit des transformations et des changements organiques qui ont pour visée la reproduction de l’espèce humaine. L’adolescente est donc en proie à une forte pression hormonale qui la pousse à mettre à l’épreuve sa nouvelle capacité reproductrice. Cette situation stimule son intérêt pour la sexualité et une grossesse peut en résulter.

Cette grossesse, qui découle de l’étroite relation entre le corps et la pulsion sexuelle, nous l’avons appelée « grossesse hormonale ».

Face à la constatation de cette grossesse hormonale, deux dénouements sont envisageables pour l’adolescente :

  • le désir négatif d’avoir un enfant, qui conduit à l’avortement, et le désir positif d’avoir un enfant, lequel aboutit à la maternité.
  • Le désir négatif ou positif d’avoir un enfant pendant l’adolescence indique donc le caractère universel de ce phénomène, qui peut se produire chez n’importe quelle adolescente.

Ce sont les facteurs non biologiques, c’est-à-dire les aspects culturels et psychologiques, qui vont déterminer le destin de cette grossesse hormonale.

Parmi ceux-ci, on note que cette grossesse hormonale évolue fréquemment en un désir positif d’avoir un enfant chez des adolescentes issues des couches populaires. Elle devient une grossesse « symbolique », c’est-à-dire une maternité précaire. Malgré les circonstances économiques et sociales défavorables, le désir d’avoir un enfant est donc prédominant, et il est important d’en situer l’origine.

La grossesse à l’adolescence est un fait courant dans cette classe sociale. Les amies des jeunes interviewées, leurs sœurs et, dans certains cas, leurs mères, sont ou ont été mères à l’adolescence. On note ainsi une certaine valorisation de la maternité, le fait d’être mère représentant alors le passage au statut social de femme, et la grossesse étant le chemin qui conduit à la féminité, le trinôme adolescente-mère-femme.

Par ailleurs, le contexte socioculturel de ces jeunes filles valorise beaucoup la maternité, ce qui permet d’indiquer qu’il s’agit aussi d’une grossesse sociale, d’une maternité sociale.

Nous vérifions également, chez les adolescentes de la classe moyenne, l’influence des aspects culturels dans la détermination du destin de la grossesse hormonale. Cependant, dans cette classe sociale, la maternité est généralement indésirable à l’adolescence qui apparaît comme une période intermédiaire permettant l’entrée de l’individu dans la vie adulte. La pression sociale s’y exprime plutôt par un encouragement aux jeunes d’avoir une adolescence prolongée que la maternité vient alors perturber.

L’enfant est remplacé par d’autres objets : les études et le travail, les voyages… Dans ce contexte vient s’ajouter un investissement narcissique plus important des adolescentes par leur famille ; les parents les poussent à étudier, à suivre des cours, à voyager. Ces objets fonctionnent donc comme des réparateurs narcissiques, et permettent que le désir d’avoir un enfant soit reporté à la vie adulte.

Dans cette question, les facteurs psychologiques jouent un rôle aussi important que les facteurs culturels. Le désir d’avoir un enfant représente la possibilité de restauration de son propre narcissisme infantile abandonné.

Les mères adolescentes interviewées nous ont souvent affirmé que l’enfant représente « tout » pour elles et qu’elles veulent pour lui le meilleur : qu’il étudie, qu’il travaille et que rien ne lui manque.

La signification inconsciente de l’enfant

Maria : « Ma grossesse était presque un accident, parce que j’ai toujours voulu avoir un enfant, j’ai déjà vécu bien des choses dans la vie et il ne me manquait qu’un enfant, je voulais savoir comment ça serait d’avoir un enfant, il ne me manquait plus qu’être mère. Alors, si je tombais enceinte, c’était bien, sinon c’était bien aussi, mais, au fond, je voulais tomber enceinte parce que j’aime les enfants et j’ai toujours voulu être mère. » (Dadoorian D., op. cit. p. 101.)

Maria dit qu’elle voulait être enceinte, qu’elle voulait savoir comment c’était d’avoir un enfant. Nous pouvons être surpris par cette déclaration et nous interroger : ne pense-t-elle pas à son avenir ? Est-ce qu’elle ne pense pas à toutes les responsabilités qu’avoir un enfant implique ? À ce moment-là, ces questions ne l’inquiètent pas. Il existe d’autres mécanismes plus actifs dans leur psyché.

La grossesse est le chemin qui conduit à la féminité, le trinôme adolescente-mère-femme

Comme nous l’avons vu précédemment, la curiosité de l’adolescente de mettre à l’épreuve son appareil reproducteur, déclenchée par l’activité hormonale qui se produit pendant cette période de la vie, peut mener à l’acte sexuel. La grossesse certifie à l’adolescente que son corps est déjà prêt pour la conception. La confirmation de sa capacité procréatrice déchaîne un sentiment de surprise (la grossesse n’était pas attendue), par lequel elle peut constater qu’elle n’est plus une petite fille mais une femme. Ces adolescentes établissent une équivalence entre la sexualité et la reproduction qui marque d’ailleurs le passage à la vie adulte.

Maria : « J’aime mon enfant même s’il n’est pas encore là. C’est une personne qui fait déjà partie de moi. Je suis très attachée à lui, bien qu’il ne soit pas encore né. J’espère qu’il sera en bonne santé, je n’attends pas grand-chose, non. Je ne fais pas de plans pour l’avenir, je ne pense pas à cela pour le moment… Mon enfant est devenu le sens de ma vie. Il est devenu ma vie. Je vis en fonction de lui, il est la chose la plus importante que j’aie, il est tout pour moi. Je dors en pensant à lui, je me réveille en pensant à lui, je fais tout en pensant à lui. »

Les adolescentes vivent une grande solitude aggravée par le « manque d’affect » de leur milieu familial, et, pourtant, la carence affective les conduit à la maternité. La jeune fille transfère cette demande d’amour à son enfant qui est le récepteur de beaucoup d’attentes : il aura tout ce qu’elles n’ont pas eu, affection, protection, études et même famille.

L’information et le désir

Maria : « J’ai eu des cours d’éducation sexuelle à l’école, mais je savais déjà tout cela avant parce que je lisais des magazines, des livres de sciences… Alors, à douze ans, j’étais déjà au courant grâce à ces lectures. »

Comme Maria, toutes les adolescentes interviewées ont affirmé qu’elles savaient que l’acte sexuel sans contraceptif pourrait provoquer une grossesse. Et, pourtant, elles disent n’avoir fait usage d’aucune méthode contraceptive quand elles ont commencé leur vie sexuelle.

Quelques-unes, accompagnées par leur mère, et à leur demande, ont consulté des gynécologues, mais, même dans ces cas, elles ont décidé de ne pas employer de méthode contraceptive.

Carmen : « Je ne me suis jamais intéressée à ces méthodes. Je savais que je pourrais tomber enceinte, et je n’ai pas utilisé de méthode contraceptive parce qu’en fait, je voulais avoir un enfant. Alors, je me suis mariée et je n’ai pas pris de médicaments. Parce que je trouvais cool d’avoir un enfant pour en prendre soin, et tous mes amis en avaient, j’étais la seule à ne pas en avoir. »

Dans le discours des adolescentes, pour expliquer le non-usage des contraceptifs, on perçoit le désir d’avoir un enfant. Cette grossesse est consciemment ou inconsciemment voulue et joue un rôle dans leur vie individuelle et sociale.

Pourtant, la question de l’usage de contraceptifs n’implique pas exclusivement l’ignorance des jeunes sur le plan sexuel, mais aussi le désir d’enfant, que ce soit pour mettre à l’épreuve leur féminité – par la constatation de leur capacité procréatrice – ou bien pour répondre au désir universel d’avoir un enfant. Cette situation est liée aux aspects psychosociaux et culturels de chaque famille, où la maternité suppose des significations spécifiques en accord avec leurs vécus, leurs désirs et leurs rêves.

Réaction de la famille

Fatima : « L’enfant représente tout, tout ce qui est bon, beaucoup de bonheur. J’espère qu’il renforcera l’union de la famille. » Le rapport des adolescentes enceintes avec leur famille révèle plusieurs aspects importants de la grossesse à l’adolescence.

La réaction des familles varie selon leur milieu social. Les familles des jeunes filles issues des classes populaires acceptent très bien la situation, surtout la mère et la grand-mère, contrairement aux familles des adolescentes des classes moyennes qui ne souhaitent pas la grossesse des filles adolescentes.

Initialement, la famille de l’adolescente ne réagit pas favorablement à la grossesse, estimant que leur fille est trop jeune pour avoir un enfant. Et, pourtant, après ce premier mouvement, les familles se rallient à cet événement et s’opposent fermement à l’avortement. La grossesse de la jeune fille est alors partagée par toute la famille, et l’enfant à venir en rapproche les membres.

Il est important de relever que la plus grande attente de l’adolescente est de connaître la réaction de sa mère à propos de sa grossesse. Les jeunes filles ont été nombreuses à raconter qu’elles s’occuperaient de l’enfant avec l’aide de leur mère. Quelques-unes ont rapporté qu’elles allaient « laisser l’enfant avec leur mère » pour pouvoir travailler. L’enfant apparaît comme un cadeau que l’adolescente offre à sa propre mère.

Paula : « J’ai des connaissances sur les contraceptifs. Le docteur m’en a parlé avant que je sois enceinte, j’étais à l’adolescence, là-bas ils m’ont expliqué beaucoup de méthodes. J’en ai utilisé une seule : quand il allait jouir, il se retirait. J’ai utilisé cette méthode un bon bout de temps sans tomber enceinte. Et puis, j’ai décidé d’aller jusqu’au bout parce que ma mère voulait un petit-fils et elle disait tout le temps : “Ah, quand est-ce que mon petit-fils va naître ?”… C’était plutôt à cause de ma mère. ». Le grand intérêt de la mère de l’adolescente pour son petit-enfant est un phénomène assez remarqué qui s’exprime dans les discours des grands-mères : elles prétendent que leurs filles sont trop jeunes et qu’elles ne savent pas s’occuper de l’enfant. De plus, à travers la maternité de sa fille, la mère revit, encore une fois, son désir de plénitude narcissique, de réparation de ses carences affectives. Quelques-unes des adolescentes que nous avons rencontrées ont reconnu qu’elles souhaitaient avoir l’enfant pour satisfaire le désir de leurs mères.

L’homme est habituellement exclu, que ce soit le petit ami ou le père de l’adolescente. Le « couple enceinte » est plutôt formé par l’adolescente et sa propre mère. Le phénomène qui se manifeste ici est une régression à la première enfance où la mère était la figure centrale pour sa fille, en rétablissant, de cette sorte, l’ancien rapport symbiotique entre elles.

L’interruption volontaire de grossesse

Maria : « Je pensais avorter, mais j’ai lutté. Quelques personnes voulaient que j’aie recours à un avortement, mais j’ai lutté jusqu’à la fin contre cette idée. Je pensais que je n’étais pas préparée à être enceinte parce que je suis très jeune, j’ai toute une vie devant moi… Mais, après ces réflexions, j’ai décidé que je ne voulais rien de cela, en plus, je suis contre l’avortement, je pense que c’est une transgression. Si je n’ai pas le courage de tuer une fourmi, comment pourrais-je tuer un enfant qui est dans mon ventre, qui n’a pas demandé à naître, alors que c’était moi qui l’avais fait ? Et, si c’était une irresponsabilité, c’était la mienne et pas celle de l’enfant. J’ai simplement décidé de ne pas le faire et je ne l’ai pas fait, car je ne trouve pas cela correct. »

La décision d’interrompre ou non la grossesse est intimement liée aux aspects psychosociaux, comme nous avons pu le constater précédemment. Dans le cas spécifique des adolescentes de la classe moyenne, la constatation de la grossesse hormonale provoquera, le plus fréquemment, le désir négatif d’avoir l’enfant, s’exprimant par l’avortement. Pour ces jeunes, un enfant à ce moment de leur vie perturberait leur avenir professionnel, ainsi que leur vie personnelle.

Dans notre étude, cependant, presque toutes les adolescentes interviewées ont rejeté l’avortement, affirmant avoir décidé de garder l’enfant.

La famille exerce aussi une grande influence sur le sujet. Dans notre recherche, la famille était opposée à l’avortement. Cependant, la décision d’avorter est plus fréquente chez les adolescentes de la classe moyenne, les études et l’avenir professionnel des jeunes étant très valorisés dans cette classe sociale.

Pour conclure

La grossesse à l’adolescence est une question qui préoccupe de nombreux pays. Elle est cependant traitée de façon simpliste et réductionniste, par un lien univoque que l’on établit entre la grossesse à l’adolescence et le manque de connaissances des jeunes sur les méthodes contraceptives.

Dans ce contexte, la grossesse à l’adolescence est perçue comme intolérable dans notre société. Les familles comme les professionnels de santé se sentent déçus devant la grossesse d’une jeune fille. La grossesse à cet âge est considérée, dans notre société, comme une maladie scandaleuse. Les parents se sentent coupables de cette situation, et les professionnels de santé se sentent défaillants dans leur travail de transmission de l’information sexuelle aux jeunes.

En effet, la façon dont ce sujet a été traité rend difficile une véritable compréhension des motifs réels qui conduisent les adolescentes à se retrouver enceinte.

Par conséquent, en essayant de comprendre la complexité de cette question, notre regard s’est posé sur les adolescentes qui attendent un enfant et a privilégié leurs discours sur leur état.

Comme le foyer a mis en évidence la jeune mère, le désir de l’adolescente d’avoir un enfant a pu se dévoiler.

C’est à partir de ce point qu’il a été possible de formuler une autre hypothèse pour tenter de comprendre les principaux mécanismes en jeu dans cette situation. Ainsi, nous avons privilégié l’étude des aspects biopsychosociaux en jeu.

De cette façon, la grossesse à l’adolescence a pu apparaître comme le résultat tant d’un impératif biologique, c’est-à-dire de l’impulsion vers la capacité reproductive (au niveau de l’espèce), que du propre désir de l’adolescente d’avoir un enfant (au niveau individuel).

L’adolescente vit un changement radical de statut : de celui de jeune fille à celui de femme adulte. Culturellement, la fonction sociale de la femme s’est montrée en étroite relation avec la maternité : être femme, pour beaucoup d’adolescentes, équivaut encore à être mère.

Chez l’adolescente, le vécu de situations de carences affectives et relationnelles dans la famille peut aussi engendrer le désir d’avoir un enfant, et celui-ci apparaît comme l’objet privilégié capable de réparer cette carence.

Par conséquent, nous ne pouvons pas parler de manque de connaissances sur les méthodes contraceptives, mais de manque de formation. Fournir les connaissances concernant la physiologie sexuelle et les moyens contraceptifs est une politique inefficace et insuffisante pour éviter les conséquences graves qui se produisent alors.

Le discours de l’adolescente sur sa grossesse n’est pas valorisé, ce qui expliquerait l’échec de plusieurs projets d’éducation sexuelle, parce que les fantaisies et les désirs de ces adolescentes sur leur grossesse ne sont pas pris en compte en priorité.

Il est important que les propositions d’intervention auprès de ces jeunes filles, que ce soit dans les domaines médical, psychologique ou socio-éducatif, privilégient également la signification de la grossesse et ses implications subjectives et culturelles, pour obtenir des résultats plus probants : une augmentation du nombre des grossesses planifiées et, par conséquent, une diminution du nombre de grossesses « accidentelles » et des avortements qui en découlent.

L’absence de vision, chez les adolescentes, des conséquences de la grossesse produit un impact à deux niveaux. D’une part, sur le plan individuel, concernant les aspects psychologiques de toute adolescente, d’autre part, sur la société en général et sur le plan socio-économique, car la grossesse chez les adolescentes des milieux défavorisés participe à la perpétuation du cycle de pauvreté économique et sociale.

Les réflexions exposées ici, même si elles n’ont pas de rapport direct avec le contexte culturel français, pourront fournir des références aux professionnels qui travaillent avec les adolescentes enceintes. Notons, en particulier, l’importance du désir d’avoir un enfant pour le psychisme de la jeune fille et son milieu socioculturel et familial.

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