La Blessure d’Abandon
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Angoisse, terreur de se retrouver seul(e) du jour au lendemain, certitude que l’on ne mérite pas d’être aimé(e), manque de confiance en soi, développement de relations affectives marquées par la dépendance à l’autre, douleur et peur d’être abandonné(e)… On retrouve systématiquement l’ensemble de ces difficultés lorsque la personne a peur d’être abandonnée dans une relation amoureuse…
La blessure de l’abandon ruine les relations de ceux qui en souffrent. Dans les nombreux écrits rédigés à ce jour, on l’appelle peur, sentiment, blessure, ou syndrome. On peut ainsi constater que les appellations changent et que les symptômes varient en fonction de la sensibilité de la personne. Pour autant, l’origine est toujours la même : un sentiment d’avoir manqué d’amour dans la petite enfance vécu par la personne comme un abandon au point de s’empêcher d’aimer.
Je constate, dans ma patientèle que de plus en plus de personnes sont concernées par cette problématique mettant en évidence leur souffrance, leur douleur parfois même leur désespoir. Toutes ces personnes ont, ainsi, repéré qu’elles répètent -à l’infini- les mêmes scénarii dans la création des liens affectifs qu’elles nouent : s’accrocher à l’autre, devenir dépendant de l’autre, angoisse à l’idée de perdre la personne, peur que l’autre la quitte.
C’est ainsi le cas de Delphine (prénom d’emprunt) qui énonce en séance : « Quand je suis née, à deux semaines d’existence, ma mère qui était étudiante m’a laissée auprès de ma grand-mère, le temps d’aller passer ses examens de fin d’année (eh oui, je suis née au printemps). Le bébé que j’étais, comme tous les bébés, avait un besoin de sécurité et de sentir sa mère auprès de lui. Cette séparation qui a duré quelques jours ou quelques semaines, bien que provisoire, je l’ai vécu en tant que nourrisson comme un véritable abandon »
C’est aussi Jeanne qui a vécu une relation difficile avec sa maman dépressive chronique, souvent hospitalisée et qui fragilisée, n’a pas été en mesure d’apporter les soins, la présence et l’amour dont Jeanne avait besoin ;
Peur de l’abandon et ses causes
En premier lieu, il est essentiel de comprendre que la personne qui développe la peur de l’abandon n’a pas nécessairement vécu un abandon ou une carence affective dans son histoire pour en souffrir. On peut ainsi distinguer deux situations :
- les abandons réels liés par exemple à la mort d’un parent, son éloignement définitif ou son absence prolongée ;
- les abandons perçus et vécus comme tels alors que les parents étaient présents tous les jours ou presque dans l’éducation de leur enfant.
Les seconds ont développé une blessure d’abandon alors qu’ils n’ont pas du tout été abandonné par leurs parents dans leur enfance. Si on les interroge, ces gens estiment souvent avoir eu une enfance « normale » sans traumatisme particulier. En effet, ils ont été élevés par leurs parents, ils ont reçu de l’amour, ils ont été gâtés à leur anniversaire et à Noël, ils ont eu des copains de classe et des activités de loisirs. Quand on leur parle de blessure d’abandon, ils ne se sentent donc pas du tout concernés. Et pourtant, elle est présente en eux. Elle guide leur vie comme un fil d’Ariane invisible. Ils sont souvent au bord du désastre ou vivent de terribles souffrances psychologiques sans savoir que cela émane de cette blessure.
La réalité de ce qui s’est passé (souvent dans l’enfance, voire dans la petite enfance) est subjective et passe par le filtre de comment la personne a vécu les évènements en lien avec les rapports aux êtres aimés (souvent les parents).
Ainsi, toutes les personnes qui développent la blessure émotionnelle d’abandon (et donc les comportements du dépendant) n’ont pas forcément été abandonnées pour la développer.
Ces propos sont en lien avec le livre « les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même » de Lise Bourbeau
On peut ainsi découvrir que la personnalité du dépendant correspond à celui ou celle qui se protège de la douleur de la blessure émotionnelle d’abandon. A titre d’exemple, en consultation, Charline (prénom d’emprunt) qui a le sentiment fort et prégnant d’avoir été abandonnée par ses parents trop occupés à travailler pour subvenir aux besoins de la famille et marquée par leur absence physique et affective. On voit qu’on est en lien avec les représentations et les perceptions des évènements vécus par Charline mais que ceux-ci n’ont, peut-être, pas correspondu à la réalité. Charline a peut-être eu concrètement et réellement des parents présents pour subvenir à ses besoins matériels et lui offrir un avenir , mais cela n’a pas été perçu par Charline comme avoir auprès d’elle des parents« présent affectivement » selon ses attentes et perceptions.
Développer la blessure d’abandon c’est donc avoir perçu un manque affectif durant son enfance qui perdure dans le temps et qui continue d’avoir des conséquences et un impact sur sa vie actuelle et plus particulièrement sa vie affective. (peur intense et irrépressible à l’idée de perdre l’être aimé, sentiment d’être englouti en cas de rupture, dépendance excessive à l’autre en s’accrochant à lui ou à elle).
Selon le docteur Daniel Dufour, médecin généraliste et auteur du livre « La Blessure d’abandon » tout le monde aurait souffert d’une séparation difficile dans l’enfance. Pour autant, pour lui également, il est question d’un sentiment intime qui n’est pas nécessairement causé par un abandon physique. L’enfant peut ressentir qu’il n’a pas été désiré, ou qu’il n’est pas aimé tel qu’il le souhaiterait alors que dans la réalité des faits, il peut avoir été désiré et aimé… Là encore, il est question de représentations et de subjectivité dans le vécu des événements émotionnels.
Dans les différentes consultations de personnes que je reçois à mon cabinet, il est à noter que ce manque affectif est souvent à relier à la croyance ancrée au plus profond d’elles-mêmes qu’elles ne sont pas importantes, pas suffisamment en tout cas, pour être aimées.
Pour le dire autrement, elles sont persuadées qu’elles ne sont pas AIMABLES ce qui peut entrainer :
- un manque de confiance en soi,
- une impression de ne pas mériter d’être aimé,
- une dépendance affective excessive
- un rejet des relations de proximité pour se protéger,
- une peur de l’abandon
- une peur de la solitude
- une souffrance massive dès lors qu’il s’agit de s’attacher et de créer une relation affective..
L’enfant qui perçoit et souffre de ce manque affectif, peut développer généralement très tôt des formes de manipulation du sexe opposé dans le but d’attirer son attention et faire en sorte qu’on s’occupe de lui. Il est aussi à noter que le manque affectif peut aussi concerner des enfants qui se sont sentis surprotégés (=contrôlés, privés d’autonomie) dans leur enfance car avec la blessure d’abandon comme pour les autres blessures, tout est question de perceptions. Ainsi, un enfant peut manquer de confiance en lui, s’être senti dévalorisé et profondément incapable malgré les meilleures intentions d’une maman ou d’un papa poule (= généralement aussi concerné par la peur de l’abandon dans sa propre enfance et agissant en opposition/rejet du modèle éducatif reçu) .
Morphologie et peur de l’abandon
Chaque blessure émotionnelle, selon Lise Bourbeau, se traduit par une morphologie bien spécifique. Dans le cadre de la blessure d’abandon majoritaire, il s’agit souvent d’un corps manquant de tonicité et de soutien. Un corps physique en alignement avec la croyance limitante du corps mental de celui ou celle qui a peur de l’abandon : « j’ai besoin qu’on me soutienne ». Il est à noter que cette morphologie peut être en décalage avec les propos de la personne qui affirme qu’elle sait être autonome et qu’elle sait être seule… Si la morphologie de la personne indique clairement la blessure émotionnelle d’abandon majoritaire et que son mental s’évertue à démontrer l’inverse, c’est généralement signe du rôle protecteur de l’égo face à la non acceptation du vécu.
Peur de l’abandon et comportements.
Au cours des différentes prises en charge thérapeutique, je note de façon fréquente différentes caractéristiques de la personnalité dépendante, en lien avec une angoisse inconsciente de la peur de l’abandon et du silence de la solitude. La personne concernée ne fait que se protéger de son mieux pour s’éviter les émotions douloureuses liées au souvenir du manque affectif.
1ère caractéristique : une personne qui a peur de l’abandon va tout faire pour conserver l’attention de la personne du sexe opposé et tenter de devenir importante à ses yeux.
2ème caractéristique : c’est dans ce contexte que la déception est aussi vécue intensément quand la personne croit décevoir ses proches. Tous les efforts pour se nier, voire s’oublier et devenir uniquement ce qu’attend autrui sont la vraie source de la déception quand l’autre exprime un désaccord.
3ème caractéristique et plus, directement liée à la relation de couple et de la peur d’être abandonnée :
- Fantasme sur le couple en étant célibataire, mais peur de perdre son partenaire une fois en couple
- Dépendance affective et d’autant plus envers un partenaire distant ou qui abandonne.
- Choisir un(e) conjoint(e) pas forcément attirant à ses yeux mais toujours là pour écouter et le/la soutenir.
- Abandonner celui qui fait preuve de dépendance affective ce qui constitue un paradoxe Autant la personnalité dépendante s’accroche facilement à un partenaire qui lui semble inaccessible, autant elle peut se montrer impitoyable avec un partenaire dont elle a la garantie qu’il ne l’abandonnera jamais.
Peur de l’abandon et besoin d’attention
Comme je l’ai indiqué, la personne qui a peur de l’abandon a besoin d’obtenir de l’attention. Elle va ainsi développer différents comportements variables selon les situations vécues :
- La plainte, la déception, les pleurs, la victimisation.
- Prêcher le faux pour savoir le vrai. Jouer avec la culpabilité pour obtenir de l’écoute ou de la présence.
- Utilisation de la menace : Il est fréquent de découvrir l’ampleur de la souffrance affective d’une personne qui a peur de l’abandon au moment d’un éloignement, d’une séparation (dont elle ne serait pas à l’origine). Si durant la relation de couple, cette personne semblait plutôt fragile et aux petits soins, c’est une toute autre facette qu’elle révèle au moment d’une rupture. Plus elle estime s’être donnée pour que la relation fonctionne, plus elle vivra difficilement la rupture, estimant que vous lui êtes redevable. Elle ne comprendra pas pourquoi elle est abandonnée alors qu’elle s’est tant sacrifiée pour la relation fonctionne !
Cet abandon réveille généralement toute la tristesse et la violence refoulées à l’intérieur de son cœur. La tristesse de croire à nouveau qu’elle n’est pas assez bien pour être aimée et la colère de s’être sacrifiée pour quelqu’un qui la laisse (=encore!) tomber.
Il peut aussi être question de ressentir de la honte voire de l’humiliation d’avoir tout accepté, d’avoir été soumis(e) voire d’avoir fusionné avec les attentes du partenaire parfois jusqu’à accepter l’inacceptable…
Peur de l’abandon et les demandes implicites
La personnalité dépendante exprime fréquemment ses demandes sous une forme détournée. Si pour elle, il est évident que l’autre va capter le message, c’est en réalité souvent très flou pour l’autre personne. En conséquence, la personne dépendant va se sentir ignorée, mise à l’écart et développer un fort sentiment de dévalorisation et donc d’abandon.
Les personnalités dépendantes peuvent ressentir un sentiment profond et permanent de vide intérieur et de tristesse inexpliquée et à cela, plusieurs raisons peuvent être repérées :
- Sentiment d’ingratitude : malgré les ressources et talents qu’elle possède dans sa vie, la personnalité dépendante ressent bien plus d’émotions sur le manque, la perte, que sa chance d’être en Vie. Elle angoisse beaucoup sur l’avenir, refusant de s’attacher au présent par peur de perdre ou que le bonheur ne dure pas. C’est une protection qui a été fabriquée pour se protéger.
- Sentiment de ne pas être « assez » (assez bien, assez belle, assez bonne, etc.) : ce sentiment provient de la comparaison permanente avec d’autres personnes qui n’ont pas les mêmes valeurs hautes. La personnalité dépendante dira avoir moins de valeur qu’une autre personne, alors qu’en réalité, elle n’investit pas ses ressources sur les mêmes intérêts/activités/catégories de Vie que la personne avec qui elle se compare.
- Usage d’un vocabulaire spécifique et inconscient : « C’est triste comme je me reconnais « je suis INCAPABLE d’apprendre à m’aimer« , « je fais un blocage TOTAL »
- Mise en œuvre d’une posture particulière : le vocabulaire et les pensées vont de pair avec la posture de la personnalité dépendante : respiration désynchronisée, épaules basses, diaphragme contracté et plexus tourné vers le bas…
- Recherche à être le centre de l’attention (de l’autre)
Peur de l’abandon et comportement
Pour maintenir la relation et ne pas être abandonné(e ) ou quitté (e ), la personne dépendante va développer des talents :
- d’organisation
- d’anticipation des risques
- de communication
Persuadés qu’ils ne méritent pas d’être aimés parce qu’ils ont été abandonnés dans leur enfance, ces personnes n’arrivent pas à se donner de l’amour mais exigent de leurs partenaires qu’ils les aiment toujours plus.
Les personnes victimes de la peur de l’abandon peuvent être plongées dans une grande souffrance. Une grande anxiété, des pensées angoissantes apparaissent et sont difficiles à gérer tant les individus se sentent dans un environnement insécure. Ils sont envahis par un mal-être et de la tristesse, pouvant même aller jusqu’à un trouble dépressif..
Comme le montre le psychanalyste Saverio TOMASELLA,
pour compenser une perte ou l’angoisse qui y est liée, les individus blessés d’abandon peuvent adopter des comportements excessifs, comme une dépendance affective, une addiction ou des troubles alimentaires. Par exemple, pour réparer le malaise vécu, ils se jettent sur la nourriture en vue de se « remplir » pour combler le manque affectif.
Guérir de sa blessure d’abandon
C’est souvent l’impuissance, la répétition des scénarii amoureux et des liens affectifs, les vides émotionnels ressentis qui vont constituer le début de la guérison si tant est qu’il soit question de guérison. Pour guérir, il faut aller à la rencontre de cette douleur originelle, la reconnaître pour se comprendre. «Les « abandonniques » sont pleins d’une colère qui ne s’est pas exprimée pour différentes raisons», souligne Daniel Dufour.
L’idée est davantage de prendre conscience des mécanismes en œuvre dans ce sentiment et cette peur si profonde d’être abandonné (e). Dans la thérapie, la personne est amenée à mieux intégrer le fait qu’elle peut (enfin) s’aimer telle qu’elle est et vivre la vie qui lui correspond avec tout ce que la blessure d’abandon a généré en elle :
• Tant de questionnements et le désir de chercher, comprendre,
• La colère et le courage de mettre fin aux abus,
• La capacité de savoir poser des limites,
• Le courage de vivre selon ses valeurs, que ça plaise ou que ça dérange,
• Le cran de mettre un terme aux relations amoureuses qui ne me correspondaient pas pour, aujourd’hui,
• vivre avec un homme qui me séduit vraiment et avec qui je n’aurais pas pu vivre une relation épanouie quelques années plus tôt.
• Tirer des apprentissages des moments de souffrance vécus
• Avoir des relations plus justes avec soi-même,
• Accepter qui elle est pour être plus authentique à l’autre
La thérapie avec son cortège d’outils (hypnose, méditation, EMDR, EFT, etc…) sont les chemins qui peuvent aider à prendre de la distance d’avec la blessure d’abandon pour se répare : l’objectif étant de créer un espace où l’on est en contact avec ses émotions, un espace qui va permettre d’apprendre à accepter que l’on est fragile pour devenir plus fort
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