Le Burn Out (Epuisement professionnel)
Le Burn Out (Epuisement professionnel)
L’épuisement professionnel est surtout connu sous l’appellation anglaise burnout. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail »1.
C’est en 1969 que le terme burnout a été utilisé pour la première fois. Il a fait l’objet de nombreuses définitions depuis.
Dans les années 1970, on réservait l’expression aux employés du domaine de la relation d’aide, très engagés émotivement dans leur travail, comme les infirmières, les médecins, les travailleurs sociaux et les enseignants. Maintenant, on sait que tous les travailleurs – de l’ouvrier au chef d’entreprise – peuvent être exposés au burnout.
Burnout ou dépression ?
Le burnout (ou épuisement professionnel) est nécessairement lié au travail. Dans la dépression, le travail n’est pas la cause première, mais peut être un facteur aggravant. De plus, en cas de burnout, la personne atteinte est toujours en situation de stress chronique, tandis que c’est le cas 1 fois sur 2 pour la dépression. Des différences physiologiques ont aussi été constatées. Par exemple, les gens déprimés produiraient trop de cortisol et ceux qui sont en épuisement professionnel, pas assez.
L’ampleur du problème
Depuis le début des années 1990, la fréquence des problèmes de santé psychologique au travailaugmente de façon alarmante. Ils incluent l’épuisement professionnel, la dépression, le stress post-traumatique, les troubles anxieux, etc. Selon l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes, qui rassemble la plupart des assureurs privés du pays, les problèmes de santé psychologique comptent maintenant pour environ 40 % des prestations d’invalidité (jusqu’à 60 % dans certains secteurs d’emploi), contre 18 % en 1990. De nos jours, ils constituent la première cause d’absence prolongée du travail, couramment appelée « invalidité de longue durée ».
Le travail en mutation
Les effets du stress chronique sur la santé mentale des travailleurs se manifestent surtout dans les pays industrialisés, selon l’Organisation mondiale de la Santé. Ce phénomène résulterait en bonne partie des transformations rapides opérées dans le monde du travail : globalisation des marchés, compétitivité, développement des technologies de l’information, précarité d’emploi, etc.
On ne dispose pas de statistiques précises sur l’épuisement professionnel. Tout de même, la plus récente enquête de Statistique Canada révèle qu’un peu plus du quart des travailleurs québécois déclarent vivre un degré élevé de stress au quotidien. Dans certains milieux de travail, des études ont montré que ce taux peut grimper à 1 travailleur sur 2.
En Europe, la situation est tout aussi préoccupante : 1 cas sur 2 d’absentéisme est causé par le stress chronique, d’après un rapport de l’Agence Européenne pour la Santé et la Sécurité au Travail paru en 2009. Cela est sans compter les effets du présentéisme : être présent au travail, mais absent d’esprit, en raison d’un problème de santé physique ou psychologique. Au Québec, environ la moitié des coûts du stress pour les entreprises seraient attribuables au présentéisme, et l’autre à l’absentéisme.
Causes
Du point de vue biologique, les experts ne parviennent pas encore à expliquer complètement ce qui mène à l’épuisement professionnel. Tous les travailleurs qui traversent une période d’épuisement sont en situation de stress chronique. Il s’agit donc d’un important facteur de vulnérabilité. La grande majorité a une charge de travail élevée, à laquelle s’ajoutent l’une ou l’autre des sources de tension suivantes.
- Manque d’autonomie : ne participer à aucune ou à peu de décisions liées à sa tâche.
- Déséquilibre entre les efforts fournis et la reconnaissance obtenue de la part de l’employeur ou du supérieur immédiat (salaire, estime, respect, etc.).
- Faible soutien social : avec le supérieur ou entre les collègues.
- Communication insuffisante : de la direction aux employés, concernant la vision et l’organisation de l’entreprise.
En plus de ces facteurs, des particularités individuelles entrent en jeu. Par exemple, on ne sait pas très bien pourquoi des personnes vivent plus de stress que d’autres. De plus, certaines attitudes (trop grande importance accordée au travail, perfectionnisme) sont plus fréquentes chez les individus qui vivent de l’épuisement professionnel. Selon les recherches, il semble que la faible estime de soi soit un facteur déterminant. En outre, certains contextes de vie, comme de lourdes responsabilités familiales ou encore la solitude, peuvent mettre en péril la conciliation travail-vie personnelle.
Peu importe les sources de stress au travail, il se produit un déséquilibre entre la pression subie et les ressources (intérieures et extérieures, perçues ou réelles) dont on dispose pour l’affronter.
Voici les conditions requises pour qu’un événement provoque du stress
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Avec la fréquence grandissante des problèmes de santé mentale chez les travailleurs, la plupart des experts soutiennent que la responsabilité du stress au travail n’est pas qu’individuelle : elle estpartagée entre les travailleurs et les employeurs. De plus en plus d’études d’interventions en entreprise démontrent qu’en agissant sur l’organisation du travail, tous en tirent profit17.
Pour en savoir plus sur les sources de stress au travail, voyez notre dossier Surmonter le stress au travail : enfin des solutions.
Conséquences possibles
Une période d’épuisement professionnel peut, au-delà du travail, avoir des répercussions dans toutes les sphères de la vie. Dans pareil cas, la victime peut glisser vers la dépression.
Certaines personnes peuvent vivre de l’anxiété, souffrir de troubles de l’alimentation, avoir des problèmes de toxicomanie ou, à l’extrême, des pensées suicidaires. Certains travailleurs s’épuisent même au point d’y laisser leur vie. Le terme japonais karoshi désigne la mort subite par épuisement nerveux au travail, causée par une crise cardiaque. Le phénomène a été observé pour la première fois au Japon à la fin des années 1960.
Le stress chronique entraînerait aussi plusieurs dérèglements sur le plan physiologique (voir l’encadré ci-dessous). On sait, par exemple, que l’obésité, les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2 sont plus fréquents chez les gens qui vivent une forte pression psychologique.
D’ailleurs, des recherches sont en cours afin de découvrir des marqueurs biologiques qui permettraient de repérer les personnes qui vivent un stress chronique. On pourrait ainsi agir avant que des problèmes de santé apparaissent. Une quinzaine de marqueurs sont sous la loupe des chercheurs, incluant les taux sanguins de cortisol, d’insuline, de protéine C-réactive, de cholestérol et de triglycérides, de même que la tension artérielle et le rapport tour de taille/tour de hanche. Ces marqueurs sont souvent mesurés isolément. Or, il semble que sous l’effet du stress chronique, un fin dérèglement de plusieurs systèmes hormonaux se produirait en même temps. Ainsi, les marqueurs resteraient dans les limites de la normale, mais près des valeurs minimales ou maximales.
Le stress, c’est aussi chimique
Le stress n’est pas mauvais en soi. Au contraire, il a depuis toujours assuré la survie de l’humanité. C’est grâce à lui que l’on peut réagir par la lutte ou la fuite devant un danger imminent, comme l’arrivée surprise d’un ours blanc ou l’incendie d’une maison. L’augmentation du rythme cardiaque, la constriction des vaisseaux sanguins et la montée d’adrénaline, entre autres, permettent alors de devenir plus alerte et plus performant. Mais de graves problèmes peuvent survenir quand le stress devient chronique, ce qui est de plus en plus le cas dans nos sociétés modernes. Une personne en proie à un stress chronique met constamment son corps en état d’alerte. Elle produit trop d’hormones de stress, principalement l’adrénaline et le cortisol. Ces hormones qui permettent d’échapper à un danger imminent (l’ours) sont alors constamment sollicitées devant des situations considérées menaçantes : l’arrivée dans une nouvelle école, la fièvre du plus jeune, une situation de harcèlement au travail, etc. Des liens clairs ont été établis entre des taux anormaux de cortisol (trop hauts ou trop bas) et plusieurs débalancements physiologiques qui exposent, avec le temps, à des problèmes de santé. D’une part, en agissant dans le cerveau, ces hormones peuvent entraîner de la fatigue, de l’épuisement, de la dépression, des troubles de la concentration et des problèmes de mémoire. D’autre part, les chercheurs savent maintenant qu’il existe des liens entre des taux élevés de cortisol et l’hypertension, les maladies cardiaques et le diabète. De hauts niveaux de cortisol peuvent aussi changer la façon dont le corps emmagasine le gras et ainsi contribuer à l’obésité. Plusieurs questions demeurent ouvertes. On ne sait pas encore à partir de quel moment le stress s’installe de façon chronique chez un individu en particulier. De plus, les experts cherchent à comprendre pourquoi certains individus sont naturellement plus résistants au stress. Heureusement, il est possible de renverser la vapeur en prenant les moyens appropriés pour stabiliser les hormones du stress. |
Diagnostic
L’épuisement professionnel entre dans la catégorie des troubles d’adaptation. Il n’est pas reconnu comme une maladie mentale, et ne figure donc pas dans le DSM IV, le manuel médical des troubles mentaux
Le diagnostic est donc difficile à établir, car les médecins ne disposent pas de critères précis. Ainsi, distinguer un épuisement professionnel d’une dépression n’est pas chose simple. Pour le moment, les médecins se basent sur l’entretien qu’ils ont avec le patient et les symptômes que ce dernier éprouve. En cas de doute, la consultation d’un psychiatre est parfois suggérée.
Un long parcours
L’épuisement se produit insidieusement. On emploie parfois les mots « dépersonnalisation » et « déshumanisation » pour décrire ce qui survient à l’individu, comme s’il perdait, pour quelque temps, une part de lui-même.
Peu à peu, il déploie une énergie grandissante pour accomplir son travail, sans toutefois en obtenir de satisfaction. Les frustrations s’accumulent et le cynisme augmente. La concentration est de plus en plus difficile à obtenir. Des symptômes physiques peuvent apparaître, comme des maux de dos ou de l’insomnie.
Pour corriger une telle situation, le travailleur opte souvent pour un investissement encore plus grand dans son travail, jusqu’à l’épuisement. Cette marche « à vide » peut durer des années. Le déni est typique de l’épuisement professionnel, ce dernier étant souvent vécu comme un aveu d’échec.
Remarque. Les symptômes suivants sont les plus fréquents, mais n’apparaissent pas tous nécessairement.
Symptômes psychologiques
- Démotivation constante par rapport au travail
- Irritabilité marquée, colères spontanées, pleurs fréquents
- Attitude cynique et sentiment de frustration
- Sentiment d’être incompétent
- Goût de s’isoler
- Sentiment d’échec
- Baisse de confiance en soi
- Anxiété, inquiétude et insécurité
- Difficulté à se concentrer
- Pertes de mémoire
- Difficulté d’exercer un bon jugement
- Indécision, confusion
- Pensées suicidaires, dans les cas les plus grave
D’où viennent les colères spontanées?La réponse de Sonia Lupien, directrice du Centre d’études sur le stress humain.
« Si une même situation revient constamment me stresser, je peux m’y habituer. Je m’habitue, par exemple, à ce qu’un collègue dévalorise mon travail en réunion chaque mardi. Cependant, le prix à payer est très grand : le cerveau et le corps deviennent 3 fois plus réactifs à tout autre élément de stress. Cela explique les colères spontanées qui surviennent ailleurs au travail ou à la maison. » |
Symptômes physiques
- Fatigue persistante
- Parfois, des douleurs, selon les fragilités individuelles : maux de dos, douleurs musculaires, migraines, etc.
- Problèmes digestifs, ulcères d’estomac
- Sommeil perturbé
- Problèmes cutanés
- Perte ou gain de poids
- Infections plus fréquentes (rhume, grippe, otite, sinusite, etc.)
Dures, dures les fins de semaine… Après une période de travail excessif et de stress, le repos peut faire ressurgir des maux comme la migraine, la grippe et les douleurs musculaires. Cela se produit souvent les fins de semaine ou au début des vacances. C’est ce qu’on appelle le « syndrome du bourreau de travail ». Environ 3 % des travailleurs en seraient atteints, selon une enquête menée aux Pays-Bas. L’adrénaline serait en partie responsable de ce phénomène. Sécrétée de façon continue sous l’action du stress, elle réduirait nos défenses immunitaires. Les nombreux cafés consommés pour maintenir la cadence ainsi que les nuits sans sommeil pourraient, quant à eux, provoquer des migraines. |
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