Le travail de deuil
Le travail de deuil
Reconnaître le deuil normal et les différentes étapes du deuil… Connaître aussi l’existence des deuils pathologiques… tel est l’objectif de ce cours sur le travail de deuil qui s’inscrit dans la catégories « Soins palliatifs et fin de vie »
Le deuil a la même racine latine que la douleur exprimé par le mot « dolus ». Ainsi, l’expression « faire son deuil » veut dire « passer à travers sa douleur ». Le deuil est la perte d’une personne, d’un objet, d’une valeur ou d’un changement dans l’état de santé auxquels la personne est fortement attachée. Chaque rupture met en place un processus d’oubli : le travail de deuil. Celui-ci provoque des réactions physiques, psychologiques, affectives, comportementales et sociales.
Les éléments apportant une autre dimension au deuil lorsqu’il s’agit de la perte d’une personne sont :
- le relation : satisfaisante ou non ;
- la rupture : brutale ou attendue ;
- le manque
Les manifestations
- la sphère physique : épuisement ;
- la sphère psychologique : émotions, sentiments, pensées mobilisant l’esprit ;
- la sphère sociale et relationnelle : modification du comportement, isolement.
La séparation
La séparation due à la perte d’une personne peut-être :
- expressive : perte surprise d’une personne importante dont l’attachement était profond ;
- attendue : perte d’une personne dont l’issue était prévue, laissant des cicatrices durables ;
- brutale : perte subite sans adieux d’une relation satisfaisante pouvant donner lieu à des réactions violentes.
La séparation peut entraîner un renoncement à une autre source de satisfaction ou une renaissance en apprenant à vivre sans la personne.
Les phases du deuil pour la personne en fin de vie
C’est grâce aux travaux d’Elisabeth Kübler-Ross que nous pouvons nommer les phases du deuil. Elisabeth Kübler-Ross est née le 8 juillet 1926 à Zurich (Suisse), en 1946, elle ouvre une infirmerie près d’un camp nazi puis décide de faire des études de médecine en 1950. En se mariant en 1957, elle s’installe aux Etats-Unis. Elle prend un poste de psychiatre à New York en 1960. Dès 1966, elle fait des séminaires sur le dialogue avec les mourants. Elisabeth conceptualise des stades sur la vie, la mort et sa transition en 1978. Suite à une attaque cérébrale en 1995, elle devient handicapée et s’éteint le 24 août 2004.
Pour Elisabeth Kübler-Ross, chaque personne passe par différentes étapes de deuil, sans forcément les éprouver dans le même ordre. La durée de chaque étape varie également selon chacun.
- Phase du déni : la personne refuse de croire ce qui lui arrive. Le psychique de l’être humain est ainsi fait pour éviter le déplaisir sans pour autant ignorer la réalité. Le rôle de l’infirmière est d’être présente en silence, en permettant à la personne de verbaliser sa douleur et sa souffrance.
- Phase de colère : la personne exprime sa révolte face à ce qui lui a été imposé : « Pourquoi moi ? ». Elle peut-être agressive face à son entourage en cherchant le responsable à son malheur. Il est donc important de laisser cette colère s’exprimer.
- Phase de marchandage : la situation est acceptée, mais la personne tente de gagner du temps. Elle peut ainsi prier, promettre, en échange d’une prolongation de la vie.
- Phase de dépression : la personne se replie sur elle et n’a plus envie de lutter. Elle s’inquiète pour son entourage.
- Phase d’acceptation : c’est une période de paix où la personne revit. Elle se permet de faire des projets et de regarder vers l’avenir.
Accompagner une personne en fin de vie, c’est la prendre en charge selon quatre quadrants : le physique, l’émotionnel, l’intellectuel et le spirituel. Ainsi, il est d’abord nécessaire de soulager la souffrance psychique, puis les peines affectives avant de mettre en place l’accompagnement spirituel.
Les mécanismes de défense
Les mécanismes de défense sont un processus inconscient mis en œuvre par un individu pour supporter une situation difficile ou lutter contre l’angoisse. Ils peuvent être utilisés à tout moment par les patients comme leurs proches. Ils sont au nombre de dix :
- combativité ou sublimation ou comment transformer l’événement difficile en action positive. L’énergie supprime le découragement et laisse place à la confiance et l’espoir ;
- déni : c’est le refus de croire à la difficile réalité ;
- dénégation ou connaître la réalité mais la rejeter car elle est inacceptable ;
- déplacement : c’est transférer son angoisse sur quelqu’un ;
- isolement ou comment décrire une situation grave et connue avec détachement et précision ;
- projection agressive : la personne est agressive et rend l’autre responsable de la situation ;
- rationalisation : la personne essaye de comprendre l’origine et la raison de la situation pour mieux la contrôler, la maîtriser ;
- régression ou comment reprendre des attitudes ou des comportements anciens par rapport à son statut actuel.
Le deuil : des processus variés
Le deuil normal
En moyenne, un deuil dure un an mais il peut varier d’une personne à l’autre.
Au niveau psychologique, le travail de deuil se fait en plusieurs étapes :
- la phase initiale : caractérisée par un état de choc et un déni. Elle peut durer de quelques heures à quelques jours, voire une semaine. La personne garde peu de souvenirs de cette période ;
- la phase centrale est la période aiguë du deuil. Elle est caractérisée par une dépression (émotions intenses : tristesse, pleurs, culpabilité, fatigue, colère et troubles somatiques comme l’anorexie), un retrait social (difficulté à reprendre le travail) et une identification inconsciente de la personne au défunt (imitation de ses manières et de ses comportements) ;
- la phase de résolution est la fin du deuil. La personne accepte la mort, elle retrouve ses habitudes de vie, se permet de faire des projets. Elle va mieux sur le plan psychique et somatique.
Dans les sociétés actuelles, le deuil est ritualisé : de la levée du corps aux obsèques, en passant par le port de vêtements sombres.
Le deuil compliqué
Il s’agit là d’une perturbation du travail de deuil. Ainsi, il peut être :
- intensifié : les manifestations émotionnelles sont amplifiées ;
- absent ou retardé : la personne n’est pas triste. Un déni est présent, celui-ci est inconscient ou conscient dû à l’absence de confrontation avec la mort ou de participation aux rites ;
- inachevé : les manifestations émotionnelles sont toujours présentes donnant lieu à un débordement émotionnel. C’est d’ailleurs à cause de cela que quelques années plus tard la personne vit toujours dans le passé.
Le deuil pathologique
Il est caractérisé par l’apparition de troubles psychiatriques au cours du processus de deuil. La personne peut avoir des troubles hystériques, obsessionnels ou délirants mais généralement il s’agit d’une anxiété ou des troubles de l’humeur.
Lors d’un accompagnement en fin de vie, il est ainsi nécessaire de reconnaître les proches à risque c’est-à-dire ayant des antécédents psychiatriques, suicidaires ou ayant subi des deuils répétés. Certaines personnes ont en effet des signes avant-coureurs d’un deuil pathologique ou des symptômes de troubles psychiatriques qu’il faut savoir appréhender.
La métaphore du papillon
Pour Elisabeth Kübler-Ross, la mort se traduit par la métaphore du papillon. Le cocon ou la larve sont le corps et le papillon est l’âme. La première étape est la séparation de l’âme du corps physique. Ensuite, vient la mort physique, lorsque le papillon quitte le cocon. Ainsi, grâce à l’énergie physique, mourir c’est déménager dans une autre, nouvelle et belle maison. Quant à la l’énergie psychique, elle permet à la personne de ne plus avoir peur de la mort et de l’affronter sereinement. La dernière phase, celle de transition dépend de nos facteurs culturels. Dans nos sociétés, nous allons entendre parler de lumière blanche ou de clarté absolue. Elisabeth Kübler-Ross a dit « Nous sommes tous des chrysalides ; au moment de mourir, notre cocon s’ouvre et nous devenons papillons ».
Bibliographie
- Kübler-Ross Elisabeth, Vivre avec la mort et les mourants. Paris : Librairie générale, septembre 2008, 219 pages.
- Kübler-Ross Elisabeth, La mort est un nouveau soleil. Paris : Pocket, septembre 1990, 160 pages.
- Kübler-Ross Elisabeth, La mort est une question vitale. Paris : Albin Michel, octobre 2010, 240 pages.
- Ruszniewski Martine. Face à la maladie grave. Paris : Dunod, mars 2004, 206 pages.
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