Les pensées ou ruminations obsédantes ou intrusives
LES PENSÉES OU RUMINATIONS OBSÉDANTES OU INTRUSIVES
Cet article a pour objectif de cerner en quoi consistent ces pensées intrusives pour ensuite tenter de donner quelques stratégies qui puissent permettre de les contourner voire de les éloigner et sans défaire… Les pensées intrusives ou obsédantes (que l’on peut qualifier aussi de pensées indésirables voire obsessionnelles) sont génératrices, fréquemment, de détresse, d’anxiété, d’angoisses et d’inquiétudes. Elles peuvent faire vivre bien des souffrances et nuire au cours normal de notre vie au point d’entraîner des désordres dans la vie personnelle, professionnelles, amoureuse et amicale.
Ce flux de pensées qui défilent dans la tête, souvent négatives, souvent absurdes créent un brouillage intérieur, une saturation mentale et du stress qui peuvent prendre le dessus… Les détails des pensées obsédantes sont propres à chacun, mais certains thèmes sont récurrents. Les pensées peuvent être une partie très importante de nos vies parce qu’elles nous permettent de prendre conscience de nos sentiments et de notre façon d’agir. Elles nous aident à réfléchir et à donner un sens à nos expériences quotidiennes.
Le problème apparaît quand ces pensées deviennent obsessionnelles et limitent nos actions. Toutes les pensées n’aident pas ; en fait, elles peuvent parfois devenir complètement toxiques. Il existe certains types de pensées qui, au lieu de nous aider, nous bloquent totalement et produisent des sensations telles que l’anxiété et le stress.
Les pensées se transforment en intrus dans notre propre esprit et si nous leur prêtons une quelconque attention, elles peuvent finir par devenir de véritables obsessions qui limitent nos actions. Ce besoin de ruminer toutes ces choses qui nous préoccupent peut surgir à n’importe quel moment. Les pensées obsessionnelles sont des idées répétitives, récurrentes et involontaires qui se centrent normalement sur les préoccupations, les peurs et les angoisses qui vous empêchent de fixer votre attention sur le présent. L’anxiété et le stress sont la source principale de ce type de pensées qui peuvent aussi affecter votre comportement.
Quand une personne est victime d’angoisses ou de crises d’angoisses, elle aura tendance à reprendre le contrôle de ses émotions donc de sa vie. Pour ce faire, cette personne essaye d’envisager toutes les solutions à son problème. Afin d’envisager des solutions à ses angoisses de la façon la plus pratique et rapide possible, se met en place un jeu – un je – de questions réponses: Le plus généralement, les ruminations mentales s’expriment de la façon suivante:
- “Comment faire?”
- “Vais-je y arriver?”
- “Comment cela va t’il se passer?”
- “Puis-je m’en sortir?”
- “Vais-je échouer?”
- “Est- ce que je vais réussir?”
- “Comment puis-je faire?”
- “Et si je faisais ceci?”
- “Et si je faisais cela?”
- “Comment puis-je arrêter de ressasser les mêmes questions?”
- “Comment arrêter ces ruminations mentales?”
En pensant de la sorte, en cherchant des réponses factuelles, il y a une recherche de se sécuriser, de se protéger… Peut-être même une façon de tenter de s’adapter.
Des stratégies pour se débarrasser des pensées intrusives
Il existe des moyens pour savoir si nous tendons à supprimer des pensées obsessionnelles et pour reconnaître le moment où nous le faisons:
- Porter plus d’attention à nos pensées pour savoir si certaines reviennent plus souvent que d’autres.
- Évaluer l’importance qui est accordée à ces pensées intrusives. Si elles sont importantes et nourrissent des désagréments, il est fort probable qu’il y ait un fort désir de les supprimer.
- Identifier le manque de réalisme dans leur contenu. Il peut s’agir d’une mauvaise évaluation concernant les probabilités que des événements fâcheux se produisent ou de l’appréhension d’événements dont les conséquences sont bénignes.
- La relaxation aide à diminuer les effets physiques des pensées négatives (stress, colère, etc.) mais elle peut ne pas s’avérer suffisamment efficace..
La déconcentration
Lorsqu’une pensée intrusive nous obnubile, c’est que nous lui allouons une bonne part de notre attention. Pour la supprimer, nous pouvons diriger ailleurs notre attention. La « déconcentration » désigne donc simplement l’action d’orienter notre attention sur autre chose que nos pensées indésirables. Un exemple consiste à se focaliser sur des pensées positives.Ce procédé constitue un excellent moyen pour sortir d’une humeur sombre, particulièrement si l’on est dépressif. Les distractions peuvent être une promenade, une lecture, une rencontre, une activité sociale, etc.
Notons enfin que le « doudou » joue souvent ce rôle chez l’enfant pendant la nuit lorsque, à la faveur du noir, des pensées indésirables viennent le hanter. Il est convaincu, par exemple, que son doudou a le pouvoir, véritablement, de le protéger, ce qui fait baisser son niveau d’anxiété. Il ne s’agit pas pour l’enfant de supprimer sa peur, mais simplement de la neutraliser, de l’« oublier » en se concentrant sur un autre objet.
L’acceptation
L’acceptation apparaît comme un excellent moyen de nous soulager du tourment des pensées intrusives.Lorsque nous vivons du ressentiment et de la révolte, nous alimentons nos émotions éprouvantes en concentrant nos pensées sur ce que nous n’acceptons pas. Au lieu de simplement esquiver ces pensées, l’acceptation aide plutôt à nous en détacher en affrontant leur contenu et en constatant, peut-être une fois pour toutes, que nous nous battons inutilement et que les résultats ne sont fâcheux que pour nous-mêmes.
De la même manière, puisque des désagréments proviennent de l’anticipation de certains événements, si nous ne pouvons les éviter, l’acceptation nous aidera à les dépasser, à ne plus nous concentrer seulement sur notre appréhension.
Par exemple, si je dois donner une conférence dans une semaine et que je ne cesse d’imaginer le pire, j’éprouverai beaucoup d’anxiété. Ce ne sera pas le cas, cependant, si je me dis que tout ira bien, que mes craintes sont vaines et qu’il est inutile d’y penser sans arrêt.
La possibilité de reconnaître nos peurs, nos émotions et nos pires pensées nous montre que nous avons surtout affaire à des choses banales et peu intéressantes
.
L’habituation
Pour être heureux, nous devons aussi nous adapter aux événements négatifs, surtout lorsqu’ils sont fréquents. C’est ce qui se passe lorsque nous faisons face à des pensées et des émotions désagréables qui reviennent périodiquement. Ainsi en est-il de l’habituation.
Il n’est pas nouveau de constater que les êtres humains, comme les animaux, s’habituent à un stimulus lorsqu’il est répété. Comme l’acceptation, au lieu de supprimer nos pensées indésirables, l’habituation consiste à les affronter pour nous en désensibiliser. Il ne s’agit donc plus de fuir les pensées désagréables mais de polariser notre attention sur elles.
Nous ne pouvons pas nous habituer à quelque chose que nous tentons continuellement d’éviter. Nous dérober constamment aux pensées négatives et à leurs conséquences physiologiques, comme l’anxiété, ne nous permet jamais de nous y habituer.
Au contraire, lorsque nous y faisons face sans tenter de les supprimer, nous habituons progressivement notre corps à la réponse émotionnelle négative que ces pensées induisent et, par le fait même, nous en diminuons l’effet. Nous confronter à la réalité permet de voir combien la peur provient souvent bien davantage de notre imagination. Cela soulage, diminue la peur d’être humilié et favorise l’équilibre identitaire. Nous pouvons donc profiter de l’habituation de bien des manières. Dans tous les cas, il est préférable de commencer par bien comprendre la nature de nos appréhensions. Ensuite seulement nous nous en désensibiliserons graduellement.
Le recadrage
Une fois que nous avons en tête des croyances fallacieuses (comme des pensées automatiques négatives), il est difficile de les faire disparaître.Plus nous voulons les supprimer avec force, plus elles s’imposent. On aura recours au recadrage non pas pour nier ces pensées intrusives ou les oublier, mais plutôt pour en réorganiser le contenu.
Pour réviser une pensée, il ne suffit pas de constater qu’elle ne doit pas se manifester… Donnons-lui plutôt un contenu plus valide qui agira en partie comme la déconcentration et l’habituation. Ainsi, nous ne refuserons plus nos pensées intrusives mais nous en remanierons la teneur en y ajoutant des informations qui les rendront « inoffensives ». Pour reprendre l’exemple de la peur des bactéries, il s’agit, sans contester leur existence, de rechercher de nouvelles informations pour savoir si elles sont aussi nocives qu’on le croit. Lorsque l’on constate qu’on a surévalué le danger, la peur des bactéries mortelles diminue et libère peu à peu notre esprit.
Il est utile de se rappeler que ce ne sont que des pensées aléatoires et non la vérité absolue. Ensuite, il peut être utile de mettre en oeuvre les éléments suivants :
Respirer
Prenez au moins deux grandes respirations, lentement, tout en vous concentrant sur une sensation physique. Cette étape est cruciale pour ralentir le mental, vous ramener dans votre corps et vous donner le temps de vous observer. Prenez autant de respirations dont vous avez besoin
Analyser
Essayez de retracer vos pas pour savoir quelle(s) pensée(s) vous avez choisi de croire et qui a mené aux sentiments inconfortables. Au début, ce n’est pas toujours évident, tellement le chemin entre pensée et émotion est court, mais sachez que la pratique nous rend de plus en plus habiles.
Nommer
Nommez la ou les pensée(s) avec autant de détail que vous en êtes capables, pour en prendre une bonne distance. Si le contexte le permet, vous pouvez même parler à haute voix. Amusez-vous à vous entretenir avec ces pensées négatives, car au fond c’est un grand jeu!
Brancher-vous
Il n’y a rien qui met les pensées compulsives à leur place plus vite qu’un entretien avec notre sagesse interne, lui qui procure en nous des sentiments d’expansion, de confiance et d’amour. Les respirations profondes vous aideront à y avoir accès, et vous pouvez également lire Maîtrisez votre GPS interne en 5 étapes simples pour aller plus en profondeur.
Observer, observer, observer…
Portez attention aux personnes, situations et contextes dans votre vie qui déclenchent un flux de pensées compulsives, et ceux au contraire qui favorisent une harmonie intérieure et la présence de votre sagesse. Organisez-vous pour augmenter les occurrences du dernier et réduire votre exposition au premier.
On se sent fier d’avoir déjoué les pensées; on se sent libéré, délivré de quelque chose qui nous nuisait; on récupère de l’énergie vitale; on renforce notre confiance en nous et notre capacité de nous observer et, finalement, on jouit d’un grand espace intérieur, occupé ultérieurement par les pensées compulsives et maintenant libre pour des expériences et des états nettement plus élevés.
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