L’inceste.
L’inceste
« Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d’un lac je m’étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,
Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer,
Près de moi, dans un bruissement d’ailes,
Comme tombé du ciel,
L’oiseau vint se poser,… »
L’aigle noir, Barbara, 1970.
L’AIVI (association internationale des Victimes d’Inceste) publie cette semaine une enquète « état des lieux » sur la situation des personnes victimes d’inceste.
Quel est leur vécu? Quel est leur état de santé? Quel est l’impact de l’inceste sur la vie quotidienne?
Le 30 juin prochain, le ministère de la Santé rendra un rapport sur l’inceste, pour travailler sur la création de centre de soins spécifiques aux victimes de l’inceste.
Un chiffre ahurissant.
2 millions de personnes sur la France sont concernées par l’inceste.
C’est un véritable fléau de santé, un vrai tabou, et rien n’est vraiment fait pour aider ces personnes à se sortir de cet enfer de souffrance et de culpabilité, puisque, les symptômes seront pris en charge, certes, mais la source du problème, l’origine des maux n’est pas prise en compte.
Quel est l’impact de l’inceste sur la santé des adultes?
En se basant sur une étude américaine (cohorte américaine Adverse Childhood Experiences où 17000 personnes ont participé), l’AIVI, les docteurs Jehel (Hôpital Tenon), et Bonnet ont travaillé sur l’impact de l’inceste chez les adultes.
L’enquète a été réalisée par l’IPSOS auprès de 341 victimes, et membres de l’association AIVI.
Voici quelques résultats:
– 98% des victimes souffrent ou ont souffert de dépression (56% dans la population générale)
– Les comportements à risque ou les addictions sont plus fréquents chez les victimes (tabagisme, consommation d’alcool, de drogue)
– 79% des victimes souffrent de troubles alimentaires comme l’anorexie ou la boulimie (76% contre 9% des Français dans leur ensemble).
– TS : 86% des victimes indiquent avoir ou avoir eu de façon régulière des idées ou pulsions suicidaires et 53% sont déjà passés à l’acte.
– La vie quotidienne est très fortement perturbée, 74% gardent le souvenir permanent de leur agression, 77% des victimes sont ou ont déjà été dans l’impossibilité d’avoir un rapport sexuel, enfin 68% sont ou ont été dans l’impossibilité d’exercer une activité professionnelle.
Et un constat..
Révéler a bien souvent un impact dévastateur… double peine, double souffrance, double non reconnaisance, double rejet…
– 16 ans. Les victimes d’inceste mettent en moyenne 16 ans à révéler les faits. Pour 22% d’entre elles, ce sera même au delà de 25 ans après les faits.
– Cet « aveu » se fait dans la grande majorité des cas en dehors du cercle familial. 28% des victimes en ont parlé avec un membre de leur famille.
– Pour quel accueil, pour quel oreille?
Lorsque la victime confie son agression à un interlocuteur, plus d’une fois sur 2 (55%) cette personne n’en reparle jamais avec elle, et 20% de ces personnes leur conseille de garder le silence ou remet en doute leur témoignage en les accusant de mentir.
Une réparation en justice?
« 30% des victimes sont allées porter plainte, et quand elles l’ont fait, il n’y a majoritairement pas eu de procès. Les personnes qui n’ont pas porté plainte indiquent majoritairement avoir agi de la sorte car les faits étaient prescrits, tandis que 35% expliquent qu’elles ont eu peur d’être rejetées par leur famille. »Liens:
L’ASSOCIATION AIVI
L’AIVI (association internationale des Victimes d’Inceste)
Stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles .
Le monde à travers un regard. (action pour qu’il n’y ait pas prescription des faits… Simon Weil avait déjà fait beaucoup en repoussant la prescription à 10 après la majorité, et non à 10 ans après les faits.)
Sources:
Etat des lieux de la situation des personnes victimes d’inceste : vécu, état de santé et impact sur la vie quotidienne. AIVI/IPSOS. Mai 2010.
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