Estime de soi positive : une représentation de soi à modifier ?
Estime de soi positive :
une représentation de soi à modifier ?
Dans le cadre des fausses bonnes idées de la « pensée positive », le discours intérieur, s’il est mal utilisé, peut être assez contre-productif et engendrer l’inverse de ce qu’il prétend apporter.
Voici pourquoi la simple pensée positive ne marche pas … Quoi faire à la place pour construire un état d’esprit (plutôt qu’une pensée) plus positif ?
Comment faire pour avoir une pensée plus dynamique, plus encline à l’action concrète, dans la confiance et la fluidité ?
Parmi les pensées qui nous viennent par tombereaux chaque jour, il y a une foultitude de jugements et d’injonctions dévalorisantes (“qu’est-ce que je suis nul(le)”), de rappels de croyances limitantes (“je n’y arriverais jamais, je suis trop vieux/vieille)”). Dans une variante du verre à moitié plein, la pensée positive propose de remplacer les discours internes “négatifs” par des discours internes “positifs”.
Est-ce à penser qu’il suffirait donc de se répéter des “messages positifs” pour éloigner nos démons ?
C’est une idée séduisante mais qui se trouve aux antipodes de la façon dont le cerveau fonctionne. En effet, notre cerveau met directement dans notre poubelle interne tout ce qui va à l’encontre de ce à quoi il croit… au point que rien ne s’imprime dans notre disque dur.
Ainsi l’inefficacité d’une telle action peut même culpabiliser ceux qui ont déjà une très faible estime d’eux-même et ceux qui ont des tendances dépressives. De fait, on peut même ainsi enclencher un cercle vicieux dont on reste prisonnier.
En d’autres termes, la répétition de messages “positifs” pour contrer les messages “négatifs” de son discours intérieur est probablement la plus pernicieuse des fausses bonnes idées de la pensée positive, car elle a tendance à renforcer la conviction limitante au lieu de la faire disparaître.
Le mental (la raison) et les émotions (le cœur)
C’est l’éternel décalage entre le cœur et la raison
Nous nous efforçons souvent de raisonner nos pensées négatives ou dévalorisantes, sans succès car il semble bien que ce soient toujours nos tripes qui l’emportent.
Lorsque nous parlons de nos tripes, nous faisons souvent référence à nos convictions profondes, souvent inconscientes qui œuvrent de façon souterraine….
Cela signifie qu’à force de nous répéter des messages auxquels nous ne croyons pas (des messages en porte-à-faux avec nos convictions profondes), nous amplifions le décalage et renforçons… les convictions qui logent dans nos tripes et par extension le stress, au travers de la culpabilisation, dévalorisation supplémentaire (je n’arrive pas à me convaincre, donc en plus je suis nul).
Inversement, un état d’esprit positif et optimiste n’est pas la négation des difficultés. C’est une façon d’être qui :
- Préfère privilégier la valorisation en évitant la dévalorisation
- Se nourrit du positif pour être plus solide et avoir des ressources plus larges pour traiter les aléas des vies professionnelles (pas pour les ignorer)
- Cherche les pensées objectives, favorables à l’action sereine plutôt que les pensées exagérément pessimistes et dommageables parce qu’elles entretiennent la crainte et la passivité.
Un état d’esprit positif et optimiste a envie d’agir, autant pour résoudre ses problèmes que pour atteindre ses objectifs que pour le bien commun.
Modifier un discours intérieur dommageable
Notre façon de nous parler à nous-mêmes est le plus souvent incroyablement sévère, voire insultante.
Ces discours internes, sous forme de jugements catégoriques dévalorisants, de convictions pessimistes, inquiètes ou défaitistes sont souvent des exagérations qui, si l’on porte un regard objectif dessus, ne correspondent pas tellement à la réalité.
Il suffit parfois de se demander si nous tiendrions le même discours à notre meilleur ami, s’il était dans cette situation, pour s’en convaincre.
Nous rentrons alors dans des systèmes de dévalorisation qui tuent l’estime de soi à bout portant et sapent la motivation à agir.
Du coup, on pourrait sans doute qualifier de discours intérieur de “défavorable”, “dommageable”, plutôt que négatif. Le repérer et le modifier, permet de se remettre dans une dynamique de valorisation propice à l’action et ouverte à un optimisme utile. Un discours interne favorable permet de s’ouvrir à d’autres possibilités, d’autres perceptions, à s’autoriser une vision de soi et du monde dans laquelle nous sommes des êtres raisonnablement capables.
Il ne s’agit donc pas de s’attirer la chance mais bien d’apaiser ces voix internes qui nous rongent.
Les 6 règles d’un discours intérieur favorable
Pour modifier ce discours, le rendre plus valorisant et plus dynamisant, il est possible de se donner quelques règles faute de quoi on a vite fait de tomber dans la pensée positive.
Rappelons avant tout que le cerveau recherche ce à quoi il s’attend. En d’autres termes, il cherche en permanence des preuves de ce qu’il croit. Il ne va donc pas s’agir de créer des pensées “positives” mais bien des pensées objectives et favorables qui répondent aux critères suivants pour travailler la croyance derrière le discours dommageable:
1- Un message bienveillant
Notre façon de nous parler à nous-mêmes est le plus souvent incroyablement sévère, voir insultante: jamais nous ne nous adresserions à autrui comme à nous-mêmes, sous peine de nous prendre des bourre-pifs un peu trop réguliers. Le premier critère d’un discours intérieur qui favorise l’estime de soi et un état d’esprit plus positif, c’est de se parler à soi-même avec bienveillance.
- se parler à soi-même comme on voudrait qu’on nous parle
- image de soi : passer de la dévalorisation au regard bienveillant sur soi
2- Un message formulé au présent
Je vais trouver du travail” est un pari sur un avenir incertain par nature. Votre cerveau est intelligent et ne croit pas aux pensées magiques. Il ne croira pas une seconde à votre message. Il préférera un message qui porte sur ce qui se passe dans le présent et qui est donc observable et vérifiable (“j’agis chaque jour pour retrouver un emploi”
3- Un message auquel vous croyez
Il est essentiel d’être en accord avec le message.
“Je suis aimé”, répété encore et encore, alors que vous vous sentez seul et en grand manque affectif ne permettra pas à votre cerveau d’y croire. Il est donc important de chercher un message que vous considérez comme suffisamment objectif pour que vous et votre cerveau soyez en accord.
4- Un message crédible qui correspond à la réalité
“Je travaille chaque jour à retrouver un emploi” peut être un discours intérieur utile et objectif.
En revanche, si cela fait plusieurs semaines que vous n’avez pas consulté les petites annonces, votre cerveau va se s’interroger et risque de ne plus rien comprendre à la situation … d’où des sentiments de culpabilité et de dévalorisation…
Trouvez donc un message qui corresponde réellement à la situation.
5- Un message formulé à l’affirmative, tourné vers ce que l’on cherche
Nous nous faisons des représentations mentales de tout ce à quoi nous pensons.
Ainsi si vous pensez “je ne suis pas nul” ou “je cesse d’être nul”, votre cerveau se fait une représentation de ce qu’il considère comme le comportement d’un “nul” et va s’attacher à ce que la réalité y corresponde, au travers de vos actions (ou non-actions).
Formulez donc un message qui représente ce que vous voulez à la place.
6- Un message personnel
Nos perceptions et nos représentations se reflètent dans nos choix sémantiques naturels et automatiques
Il est donc utile de se répéter des mots que l’on s’est soi-même donnés et non pas des phrases écrites par d’autres…
Vous êtes invité à formuler vos messages à votre manière en choisissant des mots qui ont du sens pour vous.
Chercher à modifier votre discours intérieur
Commencez par identifier le discours intérieur péjoratif ou défavorable qui alimente le stress et la peur. Cette étape est parfois délicate, car nous avons une certaine propension à considérer ce que nous pensons comme vrai et juste. Ne cherchez pas à modifier 50 discours en même temps, un seul, c’est déjà beaucoup.
Formulez le plus spontanément possible le discours favorable et bienveillant qui pourrait remplacer avantageusement le discours dommageable. Puis passez-le au filtre des 6 critères, pour vérifier qu’il est approprié, et ajustez-le si nécessaire:
Est-il formulé à l’affirmative?
Est-il formulé au présent?
Dans quelle mesure est-il formulé avec vos propres mots?
Dans quelle mesure est-il bienveillant?
Dans quelle mesure est-il crédible, objectif, acceptable, en accord avec vous?
Dans quelle mesure correspond-il à la réalité?
Ensuite, il va s’agir d’expérimenter, c’est-à-dire mettre en place ce discours interne, de façon concrète, pour parvenir à repérer les impacts du discours dommageable et lui substituer le discours favorable.
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