292016Août

CHOC ÉMOTIONNEL & TRAUMATISME PSYCHOLOGIQUE

CHOC ÉMOTIONNEL & TRAUMATISME PSYCHOLOGIQUE

Le traumatisme psychologique (ou psychique) se caractérise par une sorte d’atteinte subjective ayant une incidence sur l’équilibre d’une personne et cela, suite à une expérience d’effroi suscitée par une seule situation (appelé aussi dans la littérature, psychotraumatisme de type I), ou par une répétition d’événements (psychotraumatisme de type II).

Le traumatisme se caractérise par le fait de revivre un événement en rêve ou souvenir, notamment par les sensations et perceptions qu’il a provoquées et cela, malgré les tentatives d’éviter tout ce qui peut les rappeler. Toute expérience d’effroi ne produit pas immédiatement un traumatisme psychologique, bien que certaines situations font littéralement irruption dans la vie de telle manière qu’elles restent rarement sans provoquer un choc émotionnel ou une effraction psychique laissant rarement indemne ceux qui en sont victimes.

Il peut être causé par une variété d’événements, mais il en existe avec des aspects communs. En effet, outre l’effroi qu’il(s) peu(ven)t provoquer, il y a une violation des idées reçues de l’individu concernant le monde, la dignité humaine et/ou les droits de l’homme. La victime est confrontée à un/des état(s) de confusion extrême, d’insécurité et dans une expérience hors-mots, hors-langage.

On dit souvent qu’à l’évènement dit traumatisant, n’y succède pas inévitablement un traumatisme psychique puisque la façon dont l’expérience va pouvoir être réappropriée subjectivement dans l’après-coup par la personne concernée, avec l’aide ou pas d’un autre, déterminera son issue. Néanmoins certaines situations graves ou extrêmes laissent rarement indemne le sujet qui en est confronté.

Les causes et dangers typiques du traumatisme psychique peuvent inclure :

  • abus sexuel,
  • harcèlement,
  • violence conjugale,
  • endoctrinement (secte, emprise psychologique, etc),
  • victime de l’alcool,
  • menace ou témoin d’un événement marquant durant l’enfance.
  • Des événements naturels tels que les séismes, un tsunami et/ou des éruptions volcaniques,
  • les guerres ou autres violences aggravantes peuvent également contribuer à un traumatisme psychique.

Une exposition à long terme à des situations telles que la pauvreté ou autres formes d’agression, comme les agressions verbales, peuvent être traumatisantes mais pas forcément à chaque fois, ni nécessairement.

Cette reviviscence de l’événement et les réactions lui étant liées peuvent être conscientes ou inconscientes.

Enfin, selon François Lebigot (Traiter les traumatismes psychiques, 2005, éd. Dunod. ou 2006, éd. Yapaka), un traumatisme psychologique ne peut pas s’installer à partir d’image(s) virtuelle(s) (film, jeux vidéos, etc).

Méduse, peinture réalisée par Michelangelo Merisi da Caravaggio (1592-1600).

Dans la mythologie grecque, le regard de Méduse pétrifiait d’effroi quiconque le croisait. Cette métaphore est souvent utilisée par les psychanalystes pour évoquer l’effroi du traumatisme psychique (Traumatisme psychologique inWikipedia, 2012).

Pour reprendre cet auteur évoqué ci-dessus, François Lebigot répertorie les manifestations cliniques du traumatisme psychique comme suit :

  • Le syndrome de répétition est le plus caractéristique, notamment aussi par les cauchemars et les reviviscences diurnes, voire les hallucinations qu’il génère ;
  • Et puis, il y a les autres symptômes, ou syndrome : anxiété et angoisse, troubles de l’humeur, troubles du caractère, troubles des conduites (anorexie/boulimie, alcoolisme, toxicomanie, etc), passages à l’acte, plaintes somatiques et maladies psychosomatiques;

L’installation du traumatisme psychique dépend d’une personne à l’autre. Et s’il y a des événements qui sont potentiellement déclencheurs comme par exemple, la confrontation pour une personne avec l’idée que sa propre mort est imminente, son issue varie d’une personne à l’autre et n’aboutit pas forcément à un traumatisme. Nous avancerions que cette installation dépend de la répercussion et de l’incidence que l’événement à sur la subjectivité du sujet touché.

***

Pour certains, la survie à un événement traumatique n’a été possible qu’au moyen d’un énorme effort pour rejeter les sensations et perceptions qui font retour dans le quotidien. Le refus généralement inconscient d’y penser les amène à déplace inconsciemment l’attention sur autre chose. Dès lors, des comportements et/ou des symptômes (alcoolisme, troubles psychosomatiques, toxicomanie, anorexie-boulimie, comportements antisociaux, etc.) peuvent s’installer comme réaction(s) défensive(s), conscientes ou inconscientes, et ils renforcent l’exclusion social de la personne concernée et la plongent encore plus, dans une expérience hors-langage et hors-mots qui prolonge celle du trauma (effraction psychique).

Une psychothérapie peut alors s’avérer être un espace propice à accueillir et/ou à produire des mots qui nomment l’indicible et l’inacceptable de l’expérience traumatique, ou encore qui borde et rend moins crochue la trace du trauma psychique et cette dynamique langagière ne reste bien souvent pas sans effets thérapeutiques d’apaisement, de soulagement, de liberté, de « renaissance », de (re-)socialisation, etc.

Une psychothérapie peut s’avérer être un travail qui (ré)introduit la personne traumatisée dans l’univers langagier et la réintègre dans un monde social, plus humain, ce qui peut être rassurant aussi cela, en l’aidant à s’y situer autrement. Elle est une occasion de parler de ce que cela a mobilisé, et sur le moment, et après (détresse, impression d’une mort imminente, impuissance, sensations et perceptions diverses, etc.).

La sortie du traumatisme peut nécessiter sa (re)traversée. Mais elle peut aussi se traduire par l’acceptation d’une perte (indicible, innommable, etc.), faisant que la « victime » ne se sentira plus jamais la même. En effet, il y a quelque chose qui a définitivement changé en elle.

 Source : Laurent Duvivier, 23 août 2012 (Dernières actualisations, le 11 octobre 2015)

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