102017Jan

L’ANXIETE

L’ANXIETE

source : Dr Jean Huot, médecin-psychiatre. Clinique psychologique Cherrier 837, Montréal (Québec) – (traduction et adaptation du texte anglais psychoeducation de Ronald M.Rapee, Michelle Craske et David H. Barlow)

L’anxiété est probablement la plus fondamentale des émotions. Non seulement est-elle ressentie par tous les êtres humains, mais des réactions d’anxiété ont été observées chez toutes les espèces animales. Même les limaces ressentent de l’anxiété.

Les états d’anxiété varient cependant en intensité, allant de l’inquiétude légère jusqu’à la terreur et la panique. La durée de ces sensations peut également varier, oscillant entre la bouffée d’anxiété et l’angoisse persistante. Bien que, par nature et par définition, l’anxiété soit une sensation pénible et désagréable, l’anxiété n’est pas dangereuse. Ce dernier point constitue le thème dominant de cet article. Dans les lignes qui suivent, sont décrits les mécanismes (physique, mental et comportemental) de l’anxiété, car:

  1. Vous devez comprendre que plusieurs des sensations que vous éprouvez résultent de l’anxiété
  2. Vous devez savoir que ces sensations ne sont aucunement dangereuses.

C’est quoi l’anxiété?

Bien qu’il soit très difficile de formuler une définition précise de l’anxiété, c’est-à-dire une définition qui couvrirait tous les aspects (en fait, des livres entiers ont été écrits sur le sujet), tout le monde connaît cette sensation que nous nommons «anxiété». Il n’y a personne qui n’ait expérimenté un certain degré d’anxiété, que ce soit l’appréhension ressentie avant de passer un examen, ou bien cet état d’alarme lorsqu’on s’éveille au beau milieu de la nuit, certain d’avoir entendu un bruit suspect à l’extérieur.

Ce qui est moins connu, cependant, c’est que des sensations telles que les étourdissements ou les vertiges extrêmes; les points devant les yeux et une vision brouillée; les engourdissements et les picotements; les muscles contractés, presque paralysés; et les sensations de gêne respiratoire pouvant aller jusqu’à l’oppression, l’étouffement ou la suffocation, peuvent également faire partie de l’anxiété. Quand ces sensations se manifestent et que vous ne comprenez pas ce qui se passe en vous, l’anxiété peut alors s’intensifier au point d’atteindre un niveau de panique, car vous croyez alors être subitement frappé par une maladie.

La réaction «faire face ou fuir»

L’anxiété est une réaction face au danger ou à la menace. Scientifiquement, l’anxiété soudaine ou de courte durée est appelée la réaction «faire face ou fuir». On la nomme ainsi parce que tous les effets qu’elle provoque visent essentiellement soit à faire face au danger, soit à le fuir. Par conséquent, le principal objectif de l’anxiété est de protéger l’organisme.

À l’époque de l’homme des cavernes, lorsqu’un danger se présentait, il était vital qu’une réaction automatique (un réflexe) prenne la relève pour permettre à nos ancêtres préhistoriques de réagir immédiatement (en faisant face ou en fuyant). Encore aujourd’hui, dans nos sociétés modernes et stressantes, ce vieux réflexe est nécessaire.

Imaginez-vous simplement en train de traverser une rue lorsque, brusquement, une auto fonce sur vous à toute allure en klaxonnant bruyamment. Si vous ne ressentiez pas la moindre anxiété, vous seriez heurté et sans doute tué. Par contre, cette réaction «faire face ou fuir» prendrait sans doute la relève: vous vous écarteriez du chemin à toute vitesse pour vous mettre en lieu sûr. La morale de cette histoire est simple: l’objet de l’anxiété est de protéger l’organisme et non l’agresser.

Les mécanismes de l’anxiété

L’anxiété se manifeste par le biais de trois mécanismes distincts, l’un d’entre eux pouvant prédominer d’un individu à l’autre.

  • Le mécanisme physique comprend tous les symptômes physiques comme les étourdissements, les palpitations, la transpiration, les douleurs thoraciques et l’essoufflement.
  • Le mécanisme comportemental (ou behavioral) englobe les réactions concrètes telles que l’allure de la marche, le trépignement des pieds (taper du pied) et l’évitement. Pendant les attaques de panique, le mécanisme physique prédomine, car ce sont les symptômes psychosomatiques qui sont le plus facilement confondus, à tort, avec les signes de certaines maladies ou affections graves.
  • Le mécanisme mental inclut les véritables sensations de nervosité, d’anxiété, de panique et aussi les pensées telles que: «Quelque chose ne va pas».

La meilleure façon de se représenter l’ensemble des mécanismes de la réaction «faire face ou fuir» (de l’anxiété), c’est en se rappelant qu’ils ont tous pour fonction de préparer l’organisme à réagir immédiatement et que leur but commun est de protéger l’organisme.

Le mécanisme physique

Les effets biochimiques et neurologiques

Quand un danger quelconque est perçu ou anticipé, le cerveau envoie un message à une partie de votre système nerveux appelé le système nerveux autonome. Ce système nerveux autonome se subdivise en deux ramifications: le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique. Ces deux composantes du système nerveux autonome sont directement impliquées dans le contrôle du niveau d’énergie du corps et dans la préparation à l’action. Pour simplifier, disons que le système nerveux sympathique est le système «faire face ou fuir» qui libère de l’énergie pour mettre le corps en condition de réagir, tandis que le système nerveux parasympathique est le système rétablissant, celui qui rétablit le corps à son état normal.

Le système nerveux sympathique a tendance, dans une large mesure, à être un «système du tout ou rien». Lorsqu’il est stimulé, toutes ses composantes se déclenchent. Autrement dit, soit tous les symptômes se manifestent en même temps, soit aucun d’entre eux ne se manifeste. Il est donc rare que ses effets se concentrent dans une partie du corps uniquement. Cela peut expliquer pourquoi la plupart des attaques de panique présentent plusieurs symptômes et non pas juste un ou deux.

Un des effets majeurs du système nerveux sympathique consiste à libérer dans l’organisme deux substances chimiques, l’adrénaline et la noradrénaline, sécrétées par les glandes surrénales situées sur les reins. Ces substances sont utilisées comme des messagers par le système nerveux sympathique pour prolonger son effet; c’est ainsi qu’à partir du moment où l’activité du système nerveux sympathique est déclenchée, souvent elle se prolonge et s’accroît même pendant quelque temps.

Cette activité est toutefois interrompue de deux façons:

  • premièrement, les messagers chimiques, l’adrénaline et la noradrénaline (des neurotransmetteurs), sont finalement détruits par d’autres substances chimiques présentes dans l’organisme;
  • deuxièmement, le système nerveux parasympathique (qui réagit généralement en opposition au système nerveux sympathique) se met en branle et rétablit un état de relaxation, une sensation de détente.

Il est important de savoir que, immanquablement, le corps en aura assez de subir cette réaction «faire face ou fuir» et qu’il mettra en branle le système nerveux parasympathique pour produire un effet de relâchement, de relaxation. Autrement dit, l’état d’anxiété ne peut durer indéfiniment, ne peut monter en flèche sans cesse et ne peut atteindre des niveaux éventuellement dommageables. Le système nerveux parasympathique est un protecteur interne naturel: il empêche le système nerveux sympathique de s’emballer.

Un autre point important à ne pas ignorer, c’est que les messagers chimiques, l’adrénaline et la noradrénaline, requièrent un certain délai avant d’être neutralisés. Par conséquent, même après que le danger soit passé et que votre système nerveux sympathique ait stoppé la réaction, il est fort probable que vous éprouviez de l’anxiété et de l’appréhension pendant un certain laps de temps, car ces substances circulent encore dans votre organisme. Donc, à chaque fois, vous devez vous rappeler que tout cela est parfaitement naturel et sans danger. En fait, il s’agit là d’un système d’adaptation. Dans les régions sauvages, le danger a souvent coutume de réapparaître, c’est pourquoi il est nécessaire que l’organisme soit toujours prêt à déclencher la réaction «faire face ou fuir».

Les effets du système cardio-vasculaire

L’activité du système nerveux sympathique provoque une accélération du rythme cardiaque et une augmentation de la force des battements. Ces effets sont vitaux pour préparer l’organisme à réagir, car ils contribuent à accélérer la circulation du sang, augmentant ainsi l’apport d’oxygène vers les tissus tout en les débarrassant des déchets de l’organisme. Il se produit également un changement dans le flux sanguin. En pratique, le sang est détourné des parties du corps où sa présence est moins vitale (par une constriction des vaisseaux). Par exemple, le sang est drainé de la peau, des doigts et des orteils. Cette réorganisation du débit sanguin est fort utile, car si l’organisme est agressé et blessé de quelque façon que ce soit, il y a ainsi peu de risques qu’une hémorragie fatale se produise. C’est à cause de cela que, pendant une poussée d’anxiété, la peau devient pâle et froide au toucher, de même que les doigts et les orteils deviennent froids et que vous ressentez parfois de l’engourdissement et des picotements. En fait, le sang est détourné vers les grands muscles tels que ceux des cuisses et les biceps, ce qui aide votre corps à se préparer pour l’action.

Les effets du système respiratoire

La réaction «faire face ou fuir» est accompagnée de la respiration qui devient également plus profonde. Cet effet est d’une importance certaine pour la défense de l’organisme, car les tissus ont besoin d’un apport d’oxygène supplémentaire pour se mettre en condition d’agir. Cette respiration accrue peut toutefois déclencher toute une gamme de symptômes: de la difficulté à respirer (souffle court), une impression de boule dans la gorge, d’étouffement ou de suffocation, et même de la douleur et de l’oppression au niveau du thorax.

En outre, il est important pour vous de savoir qu’une intensification de la respiration provoque un autre effet secondaire, surtout si aucune action concrète ne se déclenche: le débit sanguin au niveau de la tête diminue réellement. Bien que cette diminution soit minime et aucunement dangereuse, elle entraîne toute une série de symptômes désagréables (mais inoffensifs) incluant des étourdissements, une vue brouillée, de la confusion, une impression d’irréalité ou de dépersonnalisation, et des bouffées de chaleur.

Les effets des glandes sudoripares

Le déclenchement de la réaction «faire face ou fuir» provoque une augmentation de la transpiration. Cette surproduction de sueur remplit d’importantes fonctions d’adaptation en rendant la peau plus glissante, plus insaisissable pour un prédateur, et en refroidissant le corps pour freiner toute élévation anormale de la température du corps (hyperdermie).

Les autres effets physiologiques

Un certain nombre d’autres effets sont provoqués par l’activation du système nerveux sympathique. Aucun d’eux n’est nocif ni dangereux. Les pupilles, par exemple, vont se dilater pour laisser pénétrer plus de lumière, ce qui peut causer une vision plus brouillée, des points devant les yeux, etc. Il se produit une diminution de la salivation entraînant un assèchement de la bouche. Le système digestif réduit son activité, ce qui provoque souvent des nausées, une impression de lourdeur à l’estomac et même de la constipation. Finalement, plusieurs groupes musculaires se contractent pour préparer le corps à faire face ou à fuir; cette crispation donne une impression subjective ou personnelle de tension pouvant aller parfois jusqu’à des douleurs bien réelles ainsi qu’à des spasmes et à des tremblements.

Dans son ensemble, la réaction «faire face ou fuir» provoque une activation générale de tout le métabolisme du corps. Voilà pourquoi certains d’entre nous ont souvent chaud et se sentent congestionnés au niveau de la tête, du visage. Habituellement, parce que cet enchaînement d’effets secondaires exige beaucoup d’énergie, les gens se sentent par la suite fatigués, épuisés, vidés.

Le mécanisme comportemental

Comme nous l’avons dit précédemment, la réaction «faire face ou fuir» prédispose le corps à réagir (à faire face ou à fuir). Ainsi donc, il n’est pas étonnant que les impulsions oppressantes associées à cette réaction soient similaires à celles d’une agression et d’une volonté urgente de fuir peu importe l’endroit où vous êtes. Quand cela n’est pas possible (à cause des contraintes sociales), ces impulsions se traduiront souvent par certains comportements tels que taper du pied, marcher rapidement ou faire les cent pas, brusquer ou rudoyer les autres. Dans l’ensemble, les sensations ressenties correspondent à celles d’une personne prise au piège et forcée de s’enfuir.

Le mécanisme mental

L’effet premier de la réaction «faire face ou fuir» consiste à alerter l’organisme de l’existence possible de danger. Ainsi, un des effets majeurs à se manifester initialement est un détournement immédiat et automatique de l’attention: la vigilance prend les commandes pour scruter les environs afin de détecter toute menace potentielle. Autrement dit, il est très difficile de se concentrer sur des tâches quotidiennes quand on est anxieux. Voilà pourquoi les personnes anxieuses se plaignent souvent d’être facilement distraites dans leur travail, aussi routinier soit-il, de ne pouvoir se concentrer et d’avoir des troubles de la mémoire.

Cela constitue un effet important et normal de la réaction «faire face ou fuir», car sa fonction est de détourner votre attention des tâches en cours pour vous permettre de détecter autour de vous tout danger potentiel. Parfois, aucune menace évidente ne peut être perçue de manière tangible ou rationnelle. En règle générale, cependant, l’être humain refuse le fait de n’avoir aucune explication à ce genre de situation; il se livre alors à une introspection. Autrement dit: «s’il n’y a rien à l’extérieur qui puisse me rendre anxieux, il doit y avoir quelque chose qui ne tourne pas rond avec moi.» C’est à ce moment-là que l’esprit invente une explication telle que: «je dois être en train de mourir, de perdre le contrôle ou de devenir fou». Ainsi que nous l’avons vu, rien n’est plus éloigné de la vérité, que cette façon de penser, puisque l’objectif même de la réaction «faire face ou fuir» est de protéger l’organisme et non de l’agresser. Néanmoins, cette façon de penser est compréhensible.

Les attaques de panique

Jusqu’à maintenant, nous avons observé les caractéristiques et composantes de l’anxiété en général, ou la réaction «faire face ou fuir». Comment tout cela s’applique-t-il aux attaques de paniques? Après tout, pourquoi la réaction «faire face ou fuir» serait-elle déclenchée pendant les attaques de panique puisque, de toute évidence, il n’y a rien qui puisse vous effrayer?

D’après des recherches approfondies, il apparait que ce qui fait peur aux gens qui souffrent d’attaques de panique (c’est-à-dire ce qui cause la panique), ce sont les véritables symptômes physiques de la réaction »faire face ou fuir». Par conséquent, les attaques de panique peuvent être considérées comme un ensemble de symptômes physiques qui apparaissent sans prévenir et, par la suite, comme une réaction de panique ou de peur des symptômes. Ce processus est illustré dans le schéma ci-dessous.

La deuxième partie de ce processus est facile à comprendre. Comme nous l’avons dit précédemment, la réaction «faire face ou fuir» (et les symptômes physiques en font partie) incite le cerveau à chercher où se trouve le danger, la menace. Quand le cerveau ne peut trouver aucun danger imminent ou évident, il réoriente ses recherches à l’intérieur de l’individu et invente un danger tel que «je suis en train de mourir, de perdre le contrôle…» et ainsi de suite. Ce processus est illustré dans le schéma ci-dessous.

La première partie de ce processus est plus difficile à comprendre. Pourquoi éprouvez-vous les symptômes physiques de la réaction «faire face ou fuir» si vous n’êtes pas effrayé préalablement? Ces symptômes ont plusieurs façons de se manifester, ils ne sont pas uniquement causés par la peur. Vous êtes peut-être devenu stressé à cause d’un événement ou de votre mode de vie; ce stress provoque alors une augmentation de la production d’adrénaline et d’autres substance chimiques qui, de temps à autre, déclenchent des symptômes. Ce surplus d’adrénaline peut être maintenu chimiquement dans votre organisme même après que la cause du stress se soit dissipée depuis longtemps.

Il est aussi possible que vous respiriez un peu trop rapidement (à cause d’une habitude acquise), ce qui provoque une hyperventilation légère qui, elle aussi, peut engendrer des symptômes. Parce que cette hyperventilation est très légère, vous vous y habituez facilement et vous ne la sentez pas.

Une troisième possibilité serait que vous ressentez les modifications (ou fluctuations) normales de votre organisme (ce que la plupart des gens expérimentent mais ne remarquent pas) et, parce que vous êtes constamment aux aguets et à l’écoute de votre corps, vous remarquez et ressentez ces sensations beaucoup plus intensément que la plupart des gens.

Même si nous ne savons pas encore avec certitude pourquoi vous ressentez les symptômes initiaux, nous pouvons néanmoins vous assurer qu’ils font partie de la réaction «faire face ou fuir» et que, par conséquent, ils sont sans danger

Ainsi donc, notre schéma final (simplifié) du processus des attaques de panique ressemble à ceci:

vaincu (à 100%) que les sensations physiques ne sont pas dangereuses, la peur et la panique ne s’installeront plus et éventuellement, vous ne subirez plus d’attaques de panique. Forcément, quand vous avez déjà eu un certain nombre d’attaques de panique et que vous avez interprété faussement les symptômes à plusieurs reprises, cette interprétation erronée devient quasiment automatique; il est alors très difficile pour vous, de vous convaincre de façon réfléchie et rationnelle que ces symptômes ne présentent aucun danger.

L’anxiété en résumé

L’anxiété est reconnue scientifiquement comme la réaction «faire face ou fuir» car son but premier est d’activer l’organisme et de le protéger contre l’agression. À cette réaction sont associés plusieurs changements physiques, psychologiques et comportementaux. Il est important de savoir qu’une fois le danger passé, plusieurs de ces changements (surtout les symptômes physiques) peuvent se prolonger, comme s’ils avaient acquis leur propre volonté par conditionnement et à cause d’autres changements biologiques de longue durée.

Quand les symptômes physiques se déclenchent sans explication apparente, les gens interprètent souvent de façon erronée les symptômes normaux de la réaction «faire face ou fuir» comme étant précurseurs d’une maladie grave ou d’un trouble psychique. Dans ce cas, les sensations mêmes peuvent souvent devenir menaçantes et sont susceptibles de déclencher au complet la réaction «faire face ou fuir».

Les mythes et les interprétations erronées

Devenir fou

Lorsqu’ils ressentent les symptômes physiques de la réaction «faire face ou fuir», beaucoup de gens pensent qu’ils sont en train de «devenir fou». Ils ont surtout tendance à croire qu’ils sont atteints d’une maladie mentale très grave appelée «schizophrénie». Jetons un coup d’oeil sur ce qu’est la schizophrénie pour voir si cette interprétation est vraisemblable.

La schizophrénie est un trouble psychotique majeur caractérisé par des symptômes très sévères. Les schizophrènes ont souvent des pensées et des propos sans suite, incohérents, allant parfois jusqu’au délire ou à des convictions étranges (qu’ils reçoivent des messages du cosmos, par exemple), et à des hallucinations (qu’ils entendent des voix dans leur tête). De plus, la schizophrénie s’avère être une maladie dont la cause principale est génétique, car on peut rencontrer plusieurs cas dans une même famille ou descendance.

La schizophrénie commence habituellement très graduellement et non pas subitement (contraire à une attaque de panique). En outre, parce qu’elle se transmet à l’intérieur des familles, seule une infime fraction d’individus peuvent devenir schizophrènes. Chez les autres, il n’est aucun niveau de stress assez élevé pour provoquer cette maladie. Un troisième élément devrait vous rassurer définitivement: les gens qui deviennent schizophrènes présentent généralement quelques symptômes mineurs pendant presque toute leur vie (comme des pensées insolites, des propos poétisés, fleuris de rhétoriques, etc.). Ainsi donc, si ces comportements n’ont pas encore été notés chez vous, il y a fort à parier que vous ne deviendrez jamais schizophrène. Et c’est particulièrement vrai si vous avez plus de 25 ans, car la schizophrénie se manifeste habituellement entre la fin de l’adolescence et les débuts de la vingtaine.

Enfin, si vous avez déjà été reçu en consultation par un psychologue ou un psychiatre, vous pouvez dès lors être totalement convaincu qu’ils auraient décelé chez vous le moindre signe avant-coureur de la schizophrénie.

Perdre le contrôle

Pendant une attaque de panique, certaines personnes croient qu’elles vont «perdre le contrôle». Elles pensent soit qu’elles vont devenir complètement paralysées et ne seront plus capables de bouger, soit qu’elles ne sauront plus ce qu’elles font, qu’elles vont se mettre à courir çà et là comme un animal sauvage, tuant des gens ou proférant des grossièretés et se mettre dans l’embarras. D’autres ne savent pas à quoi s’attendre; elles peuvent tout au plus éprouver un pressentiment à la fois accablant et envahissant d’une «catastrophe imminente»

À la lumière de ce que nous avons constaté précédemment, nous connaissons maintenant l’origine de cette appréhension. Durant une crise d’anxiété, le corps tout entier est préparé pour l’action et l’on ressent un désir impérieux de fuir. Cependant, la réaction «faire face ou fuir» ne vise pas à agresser les autres (qui ne sont pas une menace) et elle ne provoquera pas une paralysie. En fait, toute cette réaction vise simplement à mettre l’organisme à l’abri.

En outre, on n’a jamais rapporté un seul cas où un individu serait «devenu violent» pendant une attaque de panique. Même si la réaction «faire face ou fuir» vous rend quelque peu confus, hébété et affolé, vous êtes encore capable de penser et de fonctionner «normalement». Songez simplement à quel point il est rare qu’une autre personne se soit aperçue que vous étiez en train d’avoir une attaque de panique.

Perdre connaissance

Beaucoup de gens ont peur de ce qui pourrait leur arriver à cause de leurs symptômes, peut-être parce que certains croient que leur système nerveux pourrait s’épuiser au point qu’ils puissent s’évanouir. Comme nous l’avons dit précédemment, la réaction «faire face ou fuir» origine principalement du système nerveux sympathique qui est freiné ou contrecarré par le système nerveux parasympathique. Le système nerveux parasympathique est, en quelque sorte, un protecteur: il veille à ce que le système nerveux sympathique ne s’épuise pas.

Les nerfs ne sont pas comme des fils électriques et l’anxiété ne peut user jusqu’à la corde, endommager ou épuiser les nerfs. Le pire qui puisse arriver pendant une attaque de panique c’est qu’une personne s’évanouisse. Si cela se produisait, le système nerveux sympathique stopperait son activité et la personne reprendrait conscience en quelques secondes. Toutefois, il est extrêmement rare qu’un évanouissement soit causé par la réaction «faire face ou fuir» et, si cela arrivait, il faudrait l’interpréter comme un processus d’adaptation, car il s’agit là d’un outil dont dispose l’organisme pour empêcher le système nerveux sympathique de «s’emballer».

Les crises cardiaques

Beaucoup de gens interprètent faussement les symptômes de la réaction «faire face ou fuir» et croient être en train de mourir d’une crise cardiaque. Cela est probablement dû au fait que les gens n’en savent pas suffisamment sur les crises cardiaques. Jetons un coup d’oeil sur les faits et voyons comment les cardiopathies (toutes les maladies et troubles cardiaques connus) sont différentes des attaques de panique. Les principaux symptômes des troubles cardiaques sont l’essoufflement et les douleurs dans la poitrine ainsi que des palpitations et des évanouissements à l’occasion. En général, ces symptômes résultent généralement d’un effort ou d’un exercice excessif. Plus l’effort est excessif pires sont les symptômes et moins l’effort est excessif plus les symptômes sont légers. Après du repos, ces symptômes disparaissent assez rapidement. Par contre, les symptômes associés aux attaques de panique se produisent souvent au repos et semblent se déclencher par leur propre logique.

Évidemment, les symptômes des attaques de panique peuvent se déclencher pendant un exercice ou peuvent même être plus aigus pendant un exercice, mais ils sont différents des symptômes d’une crise cardiaque, car ils peuvent aussi bien surgir au repos qu’à l’effort. Plus important encore, les troubles cardiaques provoquent presque toujours des perturbations majeures de la conduction électrique au niveau du coeur, lesquelles peuvent être décelées de façon très précise par les ECG (les électrocardiogrammes).

Dans le cas des attaques de panique, le seul changement perceptible par les ECG est une faible augmentation du rythme cardiaque. Ainsi donc, si vous avez passé un ECG et que votre médecin vous a affirmé que tout allait bien, vous pouvez être assuré que vous n’avez pas de problèmes cardiaques. De plus, si vos symptômes se présentent dans des situations diverses et non pas seulement à la suite d’un grand effort, vous voyez qu’il s’agit là d’une preuve additionnelle que vous n’avez pas de crise cardiaque.

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