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« Les secrets de famille touchent jusqu’à trois générations »

« Les secrets de famille touchent jusqu’à trois générations »

Nouvel Observateur/ Oct. 2011

Dans un livre paru ce mercredi, le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron analyse les formes et les conséquences des non-dits dans la sphère familiale, et les moyens d’y mettre fin. Par Audrey Salor

Qu’est ce qu’un secret de famille ?

Un non-dit à l’origine de bien des situations incongrues, dont le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron nous donne de multiples exemples, dans son ouvrage « Les secrets de famille », paru le 5 octobre.

Une femme, nous raconte-t-il, lui explique éprouver de l’angoisse à l’idée d’être enceinte et d’en mourir. Un peu plus tard, elle lui relate l’histoire du « petit chien qui avait avalé un parapluie », qu’elle entendait de la bouche de son père étant enfant. Le petit animal a, par mégarde, avalé l’objet. Lorsqu’il se met à pleuvoir, le parapluie s’ouvre, tuant le petit chien. Alors, le père termine son histoire par « pauvre petit chien ! « . Et se met à pleurer. En Espagne, à Barcelone, un parent oblige son fils à aller acheter du pain très loin de la maison, malgré la proximité d’une boulangerie, et le punit durement s’il désobéit.

Situations absurdes, et pourtant compréhensibles. La femme à l’histoire du « petit chien qui avait avalé un parapluie » apprendra, adolescente, que sa grand mère paternelle est morte en donnant la vie à son père. La seconde situation trouve quant à elle son origine dans une situation historique précise. « Pendant la guerre civile, le père de ce garçon appartenait au camp républicain, alors que le boulanger appartenait au parti franquiste. Après la guerre, l’animosité reste assez forte pour que ce père ne veuille avoir aucun lien commercial avec un membre du parti ennemi », explique Serge Tisseron. Interview.

Vous donnez de très nombreux exemples d’événements ou de situations menant à la création d’un secret au sein d’une famille (période historique traumatique, condition sociale, décès, naissance illégitime, viol…). On a finalement l’impression qu’il en existe un dans la majorité des familles ?

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