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« L’hypnose peut changer tous les comportements »

« L’hypnose peut changer tous les comportements »

Article publié le 03/04/08 – Journal des Femmes

Auteur de « Je me libère par l’hypnose », la psychologue Lise Bartoli est revenue, lors d’un chat en direct, sur les bienfaits de l’hypnose thérapeutique, encore méconnue et mal comprise.

Etes-vous confrontée à certaines croyances des patients au sujet de l’hypnose ? Je pense par exemple à l’image véhiculée dans les médias, avec l’hypnose de spectacle.

« Oh que oui ! Dans notre inconscient collectif, on a tous l’image de ce magicien aux yeux grands ouverts qui lance : « Dormez je le veux ! ».

Mais ce n’est pas l’hypnose thérapeutique ! Je dirais même que je suis contre ce type d’hypnose puisque la personne oublie tout, alors que le thérapeute, pendant les séances, fait appel à toute la partie créatrice de l’inconscient. C’est le patient, non pas endormi, mais en état modifié de conscience, qui va communiquer avec sa partie inconsciente. Ce qui est à l’opposé de l’hypnose du magicien ! »

Que ressentons-nous lorsque nous sommes en état d’hypnose ?

« Sous hypnose on est dans un état de conscience modifiée qui est un état naturel que l’on peut ressentir plusieurs fois par jour (quand on s’ennuie lors d`un débat, ou devant la télé, sur l`autoroute quand l’état de vigilance est bas…). A ce moment la vigilance étant abaissée, on est aussi plus relâché et la connexion avec la partie inconsciente peut se faire… Lors d`une séance, j’apprend à provoquer cet état modifié de conscience. La personne sous hypnose entend tout ce que l’hypnothérapeute lui dit et se souvient généralement de tout. »

L’hypnose peut-elle faire remonter des souvenirs perdus de l’enfance ?

« Bien sûr, l’inconscient possède tous vos souvenirs et toutes les émotions qui sont associées… Il peut donc, sous hypnose, aller retrouver des souvenirs. Toutefois, on sait maintenant que l’inconscient peut reconstruire, voire transformer le passé. Alors vous ne saurez pas si ces souvenirs sont réellement les vôtres ou pas… Lorsque des patients viennent me voir pour se souvenir de traumatismes, je préfère comprendre avec eux pourquoi ces souvenirs oubliés posent tant de problèmes, comment se défaire d’un mal-être pour pouvoir vivre son présent et son futur sans être tourné toujours vers le passé. Et même, quand les souvenirs apparaissent, qu’ils soient vrais ou pas n’est pas le plus important : ce qui importe c’est tout le matériel que l’inconscient nous donne. »

J’aimerais savoir si n’importe quel individu est sensible à l’hypnose ?

« Tout le monde réagit parfaitement à l’hypnose car c’est un état naturel ! Bien sûr si vous vous dites « non je n’y arriverai jamais » vous allez vous freiner. Je dis freiner et non pas annuler. Car, à force, le mental « lâche ». J’organise des ateliers d’autohypnose pour que les gens apprennent à s’exercer seuls en hypnose. Et dans cet atelier, justement, j’enchaîne plusieurs exercices d’hypnose. Lors du premier exercice ou du second, il se peut que le mental ne veuille pas craquer et se dise « je résisterai ». Puis au 3ème ou 4ème, on lâche pour profiter pleinement de l’état modifié de conscience, ce qui est bien plus confortable en fait pour la personne ! »

Y a-t-il des utilisations de l’hypnose dans un contexte professionnel? Pour réduire son stress au travail par exemple ou prendre confiance en soi ?

« Oui, tout à fait. L’hypnose a de multiples utilisations, dont la confiance en soi, le trac, la timidité et le stress sous toutes ses formes. D’ailleurs, rien qu’en faisant un exercice d’auto-hypnose, on est relaxé puisqu’on passe d’abord par une phase de relaxation profonde avant de connecter le niveau inconscient.

Une fois que le corps et le mental s’apaisent, on peut « voyager » hors du temps et de l’espace dans l’inconscient. Je voudrais en profiter pour rappeler qu’en hypnose éricksonienne, l’inconscient est estimé comme une partie très riche de nous. Bien sûr, il y a nos souvenirs même les plus anciens, et même les souvenirs utérins. Mais aussi les clefs de notre réussite, notre programme de vie, ce que nous avons envie de faire et que parfois on s’est refusé. Ce sont toutes ces « ressources » incroyables que l’on va puiser sous hypnose… L’inconscient est un puits de ressources dans lequel on va prendre ce qui nous correspond et comprendre aussi pourquoi on est devenu timide, pourquoi on a le trac et comment s’en défaire. Il n’ y a aucune recette magique car chacun a sa propre recette ! »

L’hypnose est elle valable pour aider a perdre du poids et de ce fait, changer de comportement vis-à-vis de la nourriture ?

« Tout comportement peut être transformé grâce à l’hypnose. Imaginez que l’inconscient ait appris qu’un comportement était le bon pour vous à une époque (par exemple, vous perdez votre maman et vous « comblez » ce vide affectif par la nourriture). Tant que vous existez, et même si vous ne vous sentez pas bien, l’inconscient va vous guider vers ce comportement. Il faut donc comprendre ce qui s’est joué puis demander à la partie inconsciente de modifier cette habitude. »

Je suis aquaphobe. Pensez-vous que, sous hypnose, je puisse en connaître la raison ?

« Bien sûr. Je fais partie de ces thérapeutes qui aiment bien aller chercher les éléments de cause (beaucoup ne le font pas en hypnothérapie car on estime que le présent et le futur sont les plus importants). Mais il se peut que l’inconscient, qui détient les informations, ne vous les donne pas… Et dans ce cas, on ira quand même chercher les moyens de se défaire de la phobie. »

« Tout le monde réagit parfaitement à l’hypnose car c’est un état naturel ! »

Quels sont les bienfaits de l’hypnose durant la grossesse ?

« L’hypnose pour femmes enceintes est un de mes dadas ! Voilà longtemps que je tente d’aider les futures mamans à retrouver en elles toutes leurs compétences à être maman et à accoucher ! Ce sont des compétences toutes naturelles, mais avec toute la technique qui entoure l’accouchement de nos jours, on l’oublie parfois ! Donc l’hypnose sert, en premier lieu, à se reconnecter à tout ce qu’il y a de plus maternel en soi et à toutes ses capacités à enfanter.

J’ai créé une méthode (HypnoNatal) que j’enseigne aux sages-femmes, doulas et thérapeutes de France, Belgique et Suisse. Certaines sont donc auprès des futures mamans quand elles accouchent. Mais ce n’est pas toujours le cas.

L’HypnoNatal permet justement d’apprendre l’auto-hypnose pour que le jour de l’accouchement la future maman puisse gérer elle-même ses émotions et diminuer les sensations de douleurs car comme vous le savez l’hypnose est de plus en plus employée en hôpital comme analgésique… En ce qui concerne l’HypnoNatal, j’ai opté pour une meilleure estime de soi des femmes aussi pour qu’elles puissent ressentir pendant la grossesse et l’accouchement ce qui est bon pour elles. »

Comment se déroulent vos séances ?

La première séance est une séance de premier contact : j’ai besoin que la confiance soit là. La personne me dit pourquoi elle vient, ce qu’elle attend des séances d’hypnose. Puis j’entre en « résonance » avec elle. C’est-à-dire que, après avoir écouté le conscient, j’écoute l’inconscient. C’est difficile à définir et je l’explique dans mon livre.

Ce sont des images qui surgissent, des visualisations et des archétypes qui concernent la personne. En général ces images donnent beaucoup d’informations, y compris des informations « cachées » ou que la personne n’osait pas dire. C’est sur ces informations inconscientes que je base les futures séances d’hypnose. C’est comme si son insconscient savait pourquoi la personne venait me voir et me guidait. Puis les séances suivantes sont axées sur l’hypnose : la personne s’installe sur un siège confortable. Je lui parle doucement et lentement (sous hypnose on est dans un autre espace-temps et on a besoin de plus de lenteur…) et j’emploie des termes qui vont la relâcher.
On s’occupe toujours du corps en premier. Une fois que le corps est bien détendu, bien relâché, on « part » grâce à un nuage, un tapis, une bulle… vers un lieu que la personne imagine. Je laisse la personne trouver elle-même ce qui est bon pour elle. Dans cet « ailleurs » elle n’est plus ici et maintenant, mais dans un état modifié de conscience. Alors je peux la guider vers l’exercice qu’on a programmé. C’est elle, à ce moment-là, qui devient maître des visualisations et des sensations..

Comme dans un rêve sauf qu’elle ne dort pas. Je suis le moins directive possible car c’est la personne qui doit sentir et travailler avec ses propres codes. Et chacun a des codes qui lui sont personnels…

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