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L’insécurité interne ? 

QU’EST-CE QUE L’INSÉCURITÉ

INTERNE ? 

Nous oublions trop souvent que nous sommes des mammifères. 

La croissance humaine avant l’autonomie est l’une des plus longues du règne animal. Au début de la vie, la dépendance affective est obligatoire : la mère doit faire comme si le bébé, qui dépend d’elle pour ses besoins primaires, était une partie d’elle-même qu’elle doit nourrir, soigner, humaniser. Le psychiatre et psychanalyste Winnicott parlait de « folie maternelle » : cette proximité qui aide à construire la sécurité intérieure. Mais si ça se passe mal, la dépendance du bébé va rester en attente de dépendance…

Ainsi, dans la vie de tous les jours, on peut reconnaître l’insécurité interne que l’on peut avoir en soi car elle est très reconnaissable.

Elle correspond le plus souvent à :

  • un sentiment de vide intérieur,
  • une peur constante d’être abandonné ou de se retrouver seul,
  • une certitude de ne pas être aimable…

L’insécurité interne est un état que nous traversons parfois, ou qu’il est aussi possible de vivre, hélas,  quotidiennement.

Cet état colore le monde autour de nous de nos propres peurs et angoisses. Nous avons tous des endroits ou l’insécurité est plus forte qu’à d’autres : sphère professionnelle, affective, familiale. 

La question perpétuelle de la personne que l’on dit  « insecure » est très souvent celle-ci :

  •  « est-ce que tu m’aimes? ». 

Il peut être étonnant de constater que la personne « insecure » recherche, très souvent, les instants et les personnes qui viennent lui confirmer  son ressenti d’insécurité ! Ainsi, même si elle reçoit des confirmations verbales, comportementales, gestuelles positives (qu’elle est aimée, appréciée, respectée etc.), la personne « insecure » va chercher l’occasion où vous avez été moins « percutant », pour ne garder que cela … ce qui vient lui confirmer qu’elle n’est pas aimable !

Lorsqu’on cherche à aide une personne « insecure », on a souvent l’impression de remplir un puits sans fond ! Il est alors important d’aider la personne en lui recommandant de consulter un thérapeute. 

Ce dernier invitera la personne « insecure » à renforcer ses ressources, à repérer les traumatismes qui ont entraîne son insécurité : 

  •  « Toi, comment vas-TU t’occuper de toi ? »,
  • « Comment vas-tu mobiliser tes propres ressources? », … 

Les manifestations de se sentir « insecure »  sont nombreuses :

  • Avoir l’impression de n’être jamais à la hauteur dans le monde professionnel.
  • Se sentir toujours en phase d’être abandonné par l’être aimé.
  • Voir du rejet, de l’abandon, du déni,  ou autre sentiment négatif dans tout lien affectif ou avec une seule personne qui représente une zone d’angoisse.

La prise de conscience est la première étape à franchir avant de transformer des états intérieurs ancrés en soi depuis l’enfance ! C’est un cheminement long qui demande beaucoup de bienveillance, de patience, … de sa propre part et de la part de l’entourage. Mais tout est possible ! Faire un retour sur le passé n’est pas utile… 

La personne « insecure » est souvent aussi dans une attitude de sauveur à l’égard de l’autre. On ne prend pas la responsabilité de notre mal-être… On le transpose ! Quand je suis insecure, j’attire des personnes qui vont me faire travailler cet aspect et quand je sors de cet insecure, j’attire d’autres personnes.

Le premier ressenti est le vide intérieur que l’on tente de combler par l’alimentation, l’alcool, le travail acharné, les relations plurielles… par des compulsions, des addictions, …

C’est un trauma qui nous fait vivre de l’insécurité. Cette expérience doit être digérée pour retrouver la sécurité.

LES SIGNES D’ALERTE DE L’INSÉCURITÉ INTERNE 

Plusieurs éléments et sensations vous indiqueront que vous êtes dans une zone d’insécurité intérieure. Il est important de les prendre en compte pour repérer le contexte et l’environnement qui les déclenchent et pour pouvoir alors vous décaler de votre ressenti /

  • Vous avez des pensées récurrentes qui vous rabaissent
  • Vous spéculez par avance d’un avenir négatif : abandon, échec, rejet, perte,
  • Impression que cela ne va pas marcher, que l’on vous juge, que l’on ne vous aime pas, que l’on ne vous trouve pas à la hauteur. Cette liste, non exhaustive, peut s’agrandir à l’infini. Globalement, tout ce qui vous donne une impression de danger ou d’angoisse est connecté à vos zones intérieures d’insécurité.

Comment pouvons-nous définir ces zones d’insécurité ? Il s’agit de sphère de la vie qui d’une manière ou d’une autre vous connecte à de l’angoisse. Cela peut être la sphère du travail ou de l’affectif. Cela peut s’activer par un lieu, un mot, un sentiment amoureux, un sentiment de haine. Les émotions et les ressentis de la vie sont des canaux qui vous renvoient toujours en quelque part à votre histoire passée. Nous sommes des êtres pris dans un présent-passé-futur qui, par la mémoire et le psychisme, se mélange sans cesse. Ainsi, si par exemple votre zone d’insécurité concerne la hiérarchie au travail, vous allez potentiellement ressentir un malaise, voire une remise en question dès que vous serez à son contact, ou même avant, lorsque vous aurez l’idée d’être à son contact. De l’angoisse, des peurs, des actes manqués, des lapsus, des émotions inexpliquées, tous ces éléments peuvent être les signaux que vous traversez une zone qui, d’une manière ou d’une autre, vous déstabilise, appuie sur une insécurité que vous aviez déjà en vous.

QU’EST-CE QUI PEUT EXPLIQUER L’INSECURITE INTERNE ? 

Votre insécurité intérieure se construit par votre histoire :

  • Les émotions rencontrées,
  • les angoisses ressenties, engrangées et associées.
  • les transmissions parentales.

Par exemple,

  • Avoir vu votre père peu à l’aise dans le relationnel,
  • Avoir ressenti que votre mère était anxieuse lorsque vous passiez un examen.
  • Les récits de votre enfance aussi, tout comme les personnes autour de vous qui vous ont servi d’exemple.
  • Et puis, vos expériences de vie à vous,
  • vos impressions d’échec et de réussite,
  • ce que vous avez verbalisé ou non.
  • Du plus petit événement aux plus gros traumatismes, tout crée votre rapport au monde et vos états intérieurs.

Globalement, si l’on ne questionne pas son histoire, nous avons de fortes chances de nous retrouver avec des zones d’insécurité non reconnues, qui nous font agir sans conscience que c’est par angoisse que nous sommes en train de décider ou de ne pas décider. La non-prise de risque, l’immobilisme, la docilité au mauvais endroit, pousser quelqu’un à partir par peur qu’il nous quitte, tous ces actes sont souvent tout droit issu de nos zones d’insécurité. Bien sûr, en creusant vous trouveriez que votre zones d’insécurité est faite de névrose et de problématiques de vie. Mais sans verbalisation, nous avançons dans le noir, sans lucidité sur nos choix.

COMMENT RÉDUIRE L’INSÉCURITÉ INTERNE ? 

Verbalisez le plus possible ce que vous ressentez en premier lieu avec vous-même. Plus vous serez au clair avec vos ressentis et leurs sources, plus vous saurez vous en détacher. N’oublions pas la célèbre phrase de Jung : « Ce qui ne se verbalise pas finit par revenir comme un destin ». Qu’entendait-il par là ? Que l’homme est ainsi fait que tout ce qu’il ne verbalise pas, tout ce qui ne prend pas sens d’une manière ou d’une autre par le conscient toque et retoquera à la porte jusqu’à ce que cela sorte.

Donc, dans chaque situation où vous vous sentez en insécurité, repérez à quoi cela vous connecte et quel type de pensées cela crée en vous. Ainsi, vous serez à même de les reconnaître et de vous en détacher lorsque vous rencontrez à nouveau la même zone.

Repérez le contexte dans lequel vous vous sentez insécurisé :

  • Face à la hiérarchie ?
  • Face à vos équipes ?
  • Face à l’amour ?
  • Face à l’amitié ?

Une fois que vous aurez compris quel contexte active cette insécurité en vous, observez quel cycle de pensées toque à votre porte. :

  • Impression que l’on va vous trahir ?
  • Vous rejeter ?
  • Vous juger ?
  • Vous abandonner ?

Les termes qui vous viennent vous indiquent où se situe votre traumatisme. Une fois que vous aurez compris, quoi vous renvoie à quoi, vous êtes déjà petit à petit en train de réduire ces zones néfastes.

Enfin, ne vous fiez jamais à vos pensées négatives lorsqu’elles sont récurrentes. Tout ce que l’on pense de négatif à son propre sujet ou au sujet d’autrui, dans au moins trois contextes différents, est potentiellement névrotique et connecté à une zone d’insécurité. Par exemple, si vous avez tendance à penser que vous êtes nul dans votre travail, avec les autres et dans tout ce que vous entreprenez en dehors du travail, vous avez de fortes chances d’être dans une illusion de vous face au monde. Cet exemple simpliste illustre un fait : tout ce qui est négatif comme pensée et dans la récurrence est potentiellement un symptôme de votre zone d’insécurité et non pas le reflet de la réalité.

Les zones d’insécurité sont à explorer et à comprendre pour pouvoir se bâtir une réalité choisie et non pas subir une négativité illusoire qui colore le monde.

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