182019Juin

Secret de Famille

C’est quoi un secret de famille ?

« La vérité d’un homme, c’est d’abord ce qu’il cache ». André Malraux, Antimémoires.

Le secret peut prendre différentes formes:

  • secret de polichinelle qui, souvent, peut en cacher un autre
  • non-dit qui indique la présence d’un indicible et vrai secret qui serait de l’ordre de l’impensable…
  • un  trou noir psychique qui retient prisonnier l’énergie et la libido du sujet

Il est possible d’envisager que toute famille a ses secrets, secrets plus ou moins honteux, inavouables ou tragiques avec la particularité que  tous les secrets ont quelque chose en commun :

  • ils sont frappés d’interdit, interdits de séjour, interdits de parole,
  • ils doivent  rester enterrés, ensevelis sous le poids de la culpabilité, de la honte et du silence

Ce texte vous propose de prendre un temps de réflexion pour s’interroger sur ce qu’est un secret de famille et de repérer :

  • pourquoi ça existe,
  • quelles en sont ses répercussions
  • et aussi quel sens un tel secret peut-il avoir pour le sujet lui-même ?

DEFINITION

Etymologiquement, le secret est quelque chose qui doit être tenu à l’écart des autres et du monde dans une logique d’évitement absolu avec même parfois une négation complète et totale. Le secret n’a jamais existé ce qui aboutit, ainsi, aboutir au secret sur le secret…

On parle de secret de famille, lorsqu’une personne cache à un ou plusieurs membres de sa famille (parents, enfants, frères, sœurs, oncles, tantes, grands-parents) un événement important passé ou présent lié à son histoire personnelle, ou à l’histoire d’une personne qui lui est proche.

Fréquemment, on peut parler :

  • du ou des fantômes,
  • du squelette dans le placard,

Chacun a pu être témoin ou victime d’un secret de famille :

  • Taire le fait qu’un enfant a été adopté,
  • Cacher à ses petits-enfants les actes et les comportements de la famille  pendant la guerre,
  • Passer sous silence qu’un membre de la famille s’est suicidé,
  • Ne pas dire qu’un parent a été condamné à la  prison,
  • Dissimuler un lien de filiation (être l’enfant de l’amant et non pas du père)

La plupart du temps, les secrets correspondent à des actes délictueux, à des comportements qui ont été jugés comme allant à l’encontre de la morale, de l’honneur, des bonnes mœurs de l’époque. Ce sont tous les événements qui ont marqué la mémoire du sceau de la honte ou de la souffrance et qui ont été reniés par la famille

LES RAISONS DU SECRET

Un secret de famille peut être entretenu par honte, par pudeur, par culpabilité  …

Ainsi, il peut arriver que soient cachés des faits parce qu’on veut se protéger soi-même du regard des autres ou de ce qu’ils pourraient penser, comme par exemple le fait d’avoir subi un viol, un harcèlement sexuel, une agression … .

On peut aussi choisir de ne pas divulguer certains événements dans le but de protéger les autres membres de sa famille, comme par exemple ne pas révéler les causes du décès d’un grand frère, pour ne pas susciter de l’angoisse.

LES EFFETS DU SECRET

Le secret peut être entrevu comme une entité active qui a :

  • sa propre vie,
  • son propre langage
  • ses effets  particuliers sur l’équilibre familial.

Le secret a surtout le POUVOIR DE PETRIFIER LA PENSEE de ceux qui en héritent ce qui a pour conséquence majeure d’exercer, sur le psychisme de l’individu, une action paradoxale,  à la fois structurante et déstructurante.

Il est bien question de paradoxe car il est interdit de le connaître, mais il est aussi interdit de l’oublier. Ainsi, il est difficile de vivre avec un tel héritage souvent invisible mais ô combien présent.

Trois solutions s’imposent à celui qui est confronté au secret :

  • faire avec mais sans y penser,
  • essayer de l’oublier en pensant à autre chose,
  • ou bien le découvrir tout en le désamorçant.

LES RESSENTIS INDUITS PAR LES SECRETS DE FAMILLE

Ce n’est pas par hasard si la révélation du secret est, très souvent, associée à la mort.

Ne dit-on pas d’ailleurs :  «emporter son secret dans la tombe » ?

Cette expression populaire –si besoin en était- que le silence et la mort l’emportent sur la parole et la vie.

Les 3 thématiques que sont le secret, le savoir et et la mort sont reliées par la culpabilité.

L’aveu de l’inavouable peut être associé à un danger de mort inconscient.

Il y a des secrets qui restent vivants et actifs pendant de très nombreuses années car ils se transmettent au travers des non-dits et aussi au-delà de la volonté de chacun, et ce, de générations en générations. Il arrive alors dans ces cas-là qu’on ressente un malaise certain ou une incohérence dans notre lien avec la personne détentrice du secret.

D’une manière générale, il n’est pas toujours évident de percevoir la vérité :

  • soit parce que celle-ci est délibérément cachée,
  • soit parce qu’on est tellement préoccupé par nos propres soucis que l’on n’a pas forcément le recul pour comprendre qu’il se passe quelque chose.

Enfin, il existe aussi des zones d’ombres qui règnent sur l’histoire de la famille. De ces zones d’ombre :

  • on n’en parle pas,
  • on ne pose pas de question,
  • il n’y a pas la place pour ça : c’est comme une loi du silence.

LES  CONSEQUENCES DU SECRET

Lorsqu’il est maintenu caché

Un secret de famille a très souvent un impact néfaste comme susciter un mal-être, des angoisses, des peurs ou des doutes et ainsi, constituer un obstacle au fait de bien grandir.

Lorsqu’il est dévoilé

Un secret de famille peut être traumatique sur le moment, puis apporter des réponses, lever des blocages, apaiser des tensions par la suite. Par exemple, apprendre qu’on a été adopté peut bouleverser sur le moment puis lever certaines interrogations qu’on a avait depuis longtemps.

Un secret de famille peut également apporter un soulagement, un réconfort sur le moment, puis provoquer un ressentiment ou un mal-être par la suite. Par exemple, découvrir que l’histoire familiale qu’on pensait être la nôtre est en fait très différente de la vraie histoire familiale à laquelle on appartient. Ces découvertes peuvent abîmer voire briser la confiance qu’on avait en notre famille.

Lorsqu’on est concerné par un secret de famille, il est légitime de traverser des moments douloureux constitués de :

  • doutes,
  • questionnements,
  • troubles d’anxiété
  • peurs, frayeurs,

Ainsi, il peut être judicieux de se faire aider par un psychothérapeute ou un psychologue en qui on peut avoir confiance,

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