Burn-out le détecter et le prévenir
Il est de plus en plus fréquent d’entendre parler de burn-out. Et l’on connait, tous, une personne qui dit « faire un burn-out ».
Chacun et chacune a pu être le témoin oral d’un discours qui fait de plus en plus récurrence :
- J’ai l’impression d’être dépassé par toute situation même la plus simple,
- Je fatigue plus vite et j’ai le sentiment de ne plus arriver à faire et à atteindre mes objectifs,
- Je m’énerve facilement et maintenant trop fréquemment,
- Je travaille beaucoup trop au point de m’oublier : je rentre tard, j’emporte du travail à mon domicile ;
- Mon réseau relationnel diminue … Je ne vois plus mes amis… Je rencontre de moins en moins de personnes ;
- Je deviens irritable, je suis souvent en colère avec parfois même de l’agressivité vis-à-vis de l’autre ;
- Je ne parviens plus à m’endormir : les idées tournent en boucle dans ma tête
- J’ai besoin de me réconforter en buvant un verre d’alcool le soir car j’ai l’impression que cela me détend et m’aide à faire le vide après le travail ;
- Je n’arrive pas à couper entre le travail et la maison
- Je n’ai plus l’envie et la force de faire des activités sportives : je suis trop fatigué
Définition
Ainsi, le burn out est une maladie contemporaine, aussi connue sous le nom de « syndrome d’épuisement professionnel ». Le burn-out est défini par la Haute Autorité de Santé (HAS) comme un état « d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».
Le burn out a été précisément codé par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) en juin 2018 lors de la mise à jour de sa classification Mondiale des Maladie. Le burnout est énoncé comme un phénomène lié au travail qui résulte d’un stress chronique au travail et qui n’a pas pu être pris en charge avec succès.
De nombreux articles et travaux ont été rédigés à ce jour sur le burnout et se rejoignent sur les éléments suivants :
- le burn-out n’arrive pas d’un coup, du jour au lendemain : c’est un processus qui s’installe progressivement ;
- le burn-out est considéré comme un phénomène émotionnel qui atteint autant la sphère psychique que la sphère somatique ;
- le burn-out peut entraîner une incapacité partielle voire définitive de travailler,
- Le burn-out peut avoir des conséquences très graves sur la personne au point qu’elle puisse attenter à ses jours du fait de la souffrance extrême dans laquelle la personne se trouve
- il induit également une souffrance ou au moins de graves préoccupations pour son entourage,
- et enfin le burn-out a un coût important pour la société.
Les symptômes du burn-out
La fatigue et l’épuisement dominent le burn out. C’est un épuisement physique total dont se plaignent ceux et celles qui sont atteints de ce syndrome avec :
- Une sensation de perte d’énergie et de sens : les personnes disent fréquemment qu’elles sont vidées nerveusement et physiquement d’où un désinvestissement des activités de loisir, des activités familiales habituelles ;
- Une sensation de fatigue intellectuelle et d’épuisement émotionnel : les personnes parlent d’intense fatigue psychologique qui les empêchent d’agir et de prendre des décisions ;
- Des plaintes fréquemment formulées assorties de sentiments de dévalorisation, d’impuissance, de désespoir : les personnes énoncent souvent un sentiment d’échec, une disparition de leurs compétences. Elles sont dans la croyance de ne plus être efficaces, de ne servir à plus rien (dégradation de l’estime de soi)
- Une posture « détachée », de retrait vis-à-vis de l’entourage avec parfois des manifestations négatives voire agressives (l’autre devient un danger)
Ces symptômes sont aussi assortis de troubles psychosomatiques avec :
- Des manifestations somatiques de type cardiaque à type de palpitations
- Des douleurs gastriques sous la forme de dyspepsie ou de brûlures
- Des troubles du sommeil
Quand démarre le burn out ?
On peut observer plusieurs phases dans le démarrage d’un burnout, chaque phase étant caractérisée par des éléments propres au burnout :
1ère phase : une augmentation de l’énergie déployée de façon intensive voire excessive ainsi qu’une fatigue consécutive.
2ème phase : une baisse de l’engagement de la personne aussi bien envers les partenaires ou clients de l’entreprise et aussi envers les collègues de travail. Certains auteurs parlent de « démission intérieure » de la personne.
3ème phase : une irritabilité et une baisse de l’humeur.
4ème phase : apparition de troubles cognitifs (souvent la mémoire et la concentration sont affectées)
5ème phase : perte de la motivation (je n’ai plus envie de faire… j’en fais de moins en moins …) assortie d’un retrait relationnel (plus de spontanéité dans les échanges et les contacts)
6ème phase : appauvrissement du vécu émotionnel avec un sentiment fort de vide intérieur,
7ème phase : apparition des signes somatiques de la maladie :
- troubles cardio-vasculaires,
- troubles du sommeil et de l’appétit
- troubles intestinaux,
- des douleurs diffuses,
- des crampes musculaires,
- des perturbations du système immunitaire.
La dernière phase est marquée par le désespoir et des idées noires et suicidaires.
Les origines du burn out
Il existe un modèle appelé « modèle de l’oignon » souvent en référence à la façon dont le cerveau humain s’est développé au cours des siècles qui s’est réalisé en « couches d’oignon ». Les différentes parties de notre cerveau ne se sont pas substituées les unes aux autres mais se sont ajoutées au cours de notre Histoire biologique ce qui a eu pour conséquence que l’être humain conserve le cerveau reptilien auquel se sont ajoutés le cortex limbique et le néocortex
Cortex reptilien : primitif
Au départ, l’homme était doté d’un cortex reptilien (cortex primitif). Dans une situation de stress ou de danger, notre cortex reptilien, nous « conseillait » deux possibilités : l’attaque ou la fuite. Pendant longtemps, ces deux possibilités ont constitué nos seuls modes de défense.
Cortex limbique : émotionnel
Au cours de notre évolution, le système limbique s’est formé dans le cerveau. Cette partie de notre cerveau a laissé place au champ des émotions et celles-ci se sont ajoutées au cortex reptilien.
Néo-cortex : intellectuel
Puis est apparu le neocortex, la partie du cerveau générant l’analyse des situations et donc la prise de décisions selon ce qui se présente en face de soi.
Ce modèle, transposé dans la réalité quotidienne, peut donner à voir, à partir d’un exemple concret de situation de travail, le scénario suivant auquel chacun ou chacune peut –éventuellement- se reconnaitre :
« A votre travail, votre manager vient vous voir et commence à vous invectiver en raison de vos horaires tardifs de la veille pour traiter des dossiers. Le cortex reptilien dicte, alors, deux sortes réactions :
- L’attaque
- La fuite
Auxquelles vont s’ajouter :
- les émotions (« Je souffre de ce que me dit mon boss »)
- et l’analyse de la situation en fonction de la personne qui se trouve en face :
- Si c’est un collègue, un pair : je peux lui répondre
- Si c’est un supérieur hiérarchique, je ne peux pas lui répondre car je risque ma place
Toutes ces réactions sont concomitantes. C’est le bouillonnement de l’ensemble de ces informations survenant des cortex reptilien, limbique et du néocortex qui déclenchent des situations où la personne va se sentir en très grande difficulté.
Au centre de ce modèle, il y a la personnalité de la personne. Celle-ci peut être plus au moins perfectionniste, plus au moins rigide, avec son histoire personnelle, ses réussites et aussi ses blessures.
Autour de ce modèle, se trouve les relations interpersonnelles.
Enfin, vient ensuite le niveau institutionnel.
Les différents niveaux s’influencent réciproquement et peuvent être à l’origine de la dynamique du burn-out. Le plus souvent, tout se joue à l’interface entre la personnalité, les relations interpersonnelles et le niveau institutionnel.
Certains traits de personnalité de la personne et en particulier ses représentations, ses croyances (la façon dont elle perçoit la réalité des situations) peuvent jouer dans la mise en place du burn-out :
- « Sois fort et ne montre pas d’émotions »,
- « Sois rapide et efficace »,
- « Sois perfectif, irréprochable »,
- « Donne le maximum (et arrête seulement quand tu n’en peux plus) »,
- « Pense d’abord aux autres et jamais à toi ».
Ces injonctions (construites depuis l’enfance, la plupart du temps), sont souvent présentes dans le registre de discours interne des personnes ayant fait un burnout liés aux traits de personnalité suivant :
- Perfectionnisme,
- Exigence vis-à-vis de soi-même mais aussi des autres
- Souci extrême d’être attentif(ve) aux autres
Qui est concerné par un burnout ?
En principe, le burnout peut se développer dans toutes les situations professionnelles, mais aussi hors du contexte professionnel comme par exemple dans la « gestion de la famille ». Certaines professions semblent plus particulièrement touchées :
- Les cadres, les managers,
- Les personnels d’administrations dans lesquelles le travail n’a pas toujours de sens,
- Les personnels du soin (auxiliaire de vie, infirmières, aides-soignantes, médecins, les urgentistes)
- Les personnels du domaine de l’insertion en lien avec la grande précarité et pauvreté
Les remèdes
C’est principalement la question de la prévention qui est en jeu et qui peut permettre de jouer une défense contre le burnout :
Sur le plan individuel (avec un changement de perspectives de ses modalités de fonctionnement et de ses représentations)
- « Ne néglige pas tes propres besoins »,
- « Accepte de ne pas être infaillible »,
- « Assume de parfois devoir dire non »,
- « N’oublie pas tes autres valeurs en dehors du travail »,
- « Garde les yeux ouverts »,
- « Remettre en question le confort dans un travail qui peut s’avérer un piège »
- « Formule des visions et des objectifs professionnels pour toi »
- « Reste flexible ».
La personne peut aussi avoir recours, pour la gestion de ses émotions, aux diverses techniques de relaxation qui existent comme par exemple la méditation pleine conscience, ou la sophrologie ou l’hypnose) dispensées par un psychothérapeute.
On constate aussi, fréquemment, que dans la survenue d’un burnout, le recours à un médecin est nécessaire pour permettre une pause par un arrêt de travail. Si elle ne parvient pas. Un traitement médicamenteux d’appoint peut aussi être proposé.
Sur le plan institutionnel : c’est l’apanage des directions de s’interroger sur le sens des organisations mises en œuvre pour permettre des changements dans la façon dont le travail se réalise…
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