Comprendre pourquoi le rejet fait tant souffrir ?
Les gens n’ont pas peur des hauteurs, ils ont peur de tomber. Ils n’ont pas peur de nager, mais de se noyer. Ils n’ont pas peur d’aimer, mais d’être rejetés ! Le rejet est la pire prison pour le cœur de l’homme
Daniel Desbiens
L’expérience du rejet est profondément douloureuse parce qu’elle atteint ce que l’être humain est au plus profond de lui-même : son identité et ses valeurs :
- Si je ne suis pas choisi, c’est que je ne vaux pas grand-chose.
- Si je suis rejeté ainsi, c’est que je ne suis rien.
Il existe ainsi des blessures qui ne se voient pas, qui restent invisibles à l’œil tout en pouvant s’enraciner profondément dans l’âme et coexister avec soi pour le reste des jours.
Ce sont des blessures émotionnelles qui gardent la trace des problèmes vécus dans l’enfance en déterminant souvent la qualité de vie de l’adulte à venir. L’une de ces blessures émotionnelles parmi les plus profondes est le rejet. Quiconque en souffre se sent rejeté en son for intérieur, et interprète tout ce qui arrive dans son entourage à travers le filtre de cette blessure. Il se sent rejeté dans certaines situations alors que ce n’est pas le cas.
De nombreuses personnes viennent consulter, à mon cabinet, à propos du rejet, parfois même du bannissement et de l’exclusion, dont elles sont victimes et qui les font souffrir de façon douloureuse, comme une blessure indélébile.
Beaucoup ont idée qu’elles n’existent plus et que le sens de leur vie n’a plus lieu d’être engendrant, très rapidement, des souffrances, du mal être, des frustrations, de la colère.
Ainsi, Idriss (* – prénom d’emprunt) a souhaité démarré un travail thérapeutique en raison du rejet dont il a été victime par sa famille lorsqu’il a décidé, en 2018, de quitter la communauté dans laquelle il vivait, avec eux, depuis l’âge de 5 ans. La douleur de se retrouver seul, sans plus aucun lien avec son passé, avec ses proches, a déclenché -chez lui- des angoisses massives doublées d’un sentiment massif de culpabilité.
Ahmed (* – prénom d’emprunt), quant à lui, est venu me voir lorsque sa famille, vivant dans le respect de la religion musulmane, l’a rejeté en apprenant son homosexualité…. Obligé de vivre, du jour au lendemain, dans la rue, Ahmed a fait l’expérience douloureuse de l’ostracisme et de l’isolement. Il est parvenu à se stabiliser, tant bien que mal, grâce à une association qui a permis un hébergement et une poursuite d’études… Au moment de se pacser avec son compagnon, il prend conscience de la nécessité pour lui d’entamer un travail introspectif …
Jeanne (* – prénom d’emprunt) a été rejetée par son mari, après 10 ans de vie commune, faute de pouvoir avoir des enfants. C’est le sentiment d’être à côté d’elle-même, en dehors de sa vie qui l’amène à mon cabinet pour tenter de reprendre le pouvoir d’agir sur sa vie…
Pour toutes ces personnes, en filigrane, se profilent l’idée que le rejet constitue une blessure forte, entraînant des maux physiques, psychiques, émotionnels suffisamment importants pour empêcher de vivre en équilibre.
Cet article peut vous aider, cher lecteur, cher lectrice :
- d’une part, à mieux déterminer ce qu’est le rejet et ce qu’il entraine de façon intime et singulière chez le sujet qui en est victime ;
- et d’autre part, à mieux repérer les moyens pour en guérir.
C’est Lise BOURBEAU, auteur de nombreux best-sellers traduits dans le monde entier, qui a parlé de cette blessure que constitue le rejet.
Dans cet ouvrage, Lise BOURBEAU explique les conséquences psychologiques créées par le fait d’avoir été rejeté(e) et montre comment, très souvent, l’individu (pour se défendre), se fabrique « un masque », une « façade » afin de pouvoir surmonter la douleur d’avoir été rejeté, abandonné, délaissé et mis de côté…
En premier lieu, il est important de bien différencier le rejet et l’abandon :
- Abandonner c’est, s’éloigner pour autre chose ou pour quelqu’un d’autre ( » je ne peux pas »)
- Rejeter c’est, repousser, ne pas vouloir avoir dans sa vie ou à ses côtés ( » je ne veux pas »).
L’expérience du rejet est profondément douloureuse parce qu’elle atteint ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes : notre identité et notre valeur. Si je ne suis pas choisi, c’est que je ne vaux pas grand-chose. Si je suis rejeté ainsi, c’est que je ne suis rien.
Le sentiment de rejet se vit dans beaucoup de situations de vie avec les exemples suivants pour illustration :
- La fiancée éconduite par son amoureux à quelques jours de son mariage,
- Un enfant non désiré et repoussé par un parent,
- Un adolescent esseulé qui ne réussit pas à s’intégrer dans un groupe d’amis,
- Une maman repoussée par son fils ou sa fille,
- Un mari qui annonce à sa femme qu’il la quitte pour une autre,
Ce genre d’expériences, que nous soyons grands ou petits, a toujours un effet douloureux. La blessure est émotionnelle et est ressentie physiquement même.
Avoir le « cœur brisé » est à la fois symbolique et littéral, et la douleur du rejet peut durer des semaines et des mois et pour certains des années. Inlassablement, notre cerveau repasse en boucle le scénario de ce qui s’est produit. Nous cherchons à comprendre ce qui nous est arrivé en tentant de comprendre pourquoi, mais pourquoi !
Les aspects du comportement
La personne avec la blessure de rejet se sent, très souvent, seule. Elle croit qu’elle doit subir des évènements désagréables, comme si elle n’avait pas le pouvoir et le droit d’y résister et de s’y opposer. Elle ne se sent pas aimable. C’est donc souvent une personne qui a peu d’amis et de relation. On la définit souvent comme une solitaire.
En conséquence, le propre d’une personne qui se sent rejetée est de savoir se rendre invisible
D’ailleurs, à ce titre, un enfant souffrant de cette blessure s’amuse seul, il est dans son monde imaginaire, sage et tranquille au point de se faire oublier : il ne fait pas de bruit et on ne l’entend pas !
Paradoxalement, l’enfant rejeté est souvent est un enfant surprotégé car il paraît petit, fragile. Et un enfant surprotégé est un enfant qui se construit avec la notion qu’être aimé c’est être étouffé. Sa réaction, adulte, sera de rejeter ou fuir lorsque quelqu’un l’aimera, car il aura peur de cet étouffement. Un enfant surprotégé se sent rejeté parce qu’il sait qu’il n’est pas aimé pour ce qu’il est (attention : la surprotection est ici de l’ordre du physique, pas de l’émotionnel. Un enfant peut-être surprotégé physiquement et maltraité émotionnellement/psychologiquement). L’enfant se sent rejeté dans ses capacités.
Ainsi, lorsqu’on demande son avis à une personne blessée de rejet elle répond qu’elle n’a rien d’intéressant à dire et dans son vocabulaire usuel, il sera fréquent d’entendre les mots suivants : « Nul », « Inexistant » :
- « Rien » parce qu’elle se croit nulle, sans valeur,
- « Nul » pour soi-même et les autres,
- « rien « parce que « je ne vaux rien, quoique je fasse ça ne donne rien, fais ce que tu veux, ça ne me fait rien « ;
- le mot » disparaître » est aussi très souvent utilisé….
Ainsi, elle va essayer -par tous les moyens- d’être parfaite pour se valoriser à ses propres yeux et à ceux des autres.
La personne vivant avec le sentiment d’avoir été rejetée a tendance à s’isoler, comme si son existence est de trop. Dans n’importe quelle situation, elle s’efface et prend la poudre d’escampette, en particulier lorsque la situation l’embarrasse. La fuite s’explique par le fait que la personne imagine qu’elle peut paniquer dans une situation donnée et qu’elle ne sera pas, à même, d’y faire face d’où sa première réaction de fuite pour se cacher. On parle alors d’une défense dite du « masque fuyant » car sa première réaction est de fuir.
Elle ne veut pas, physiquement, prendre trop de place.
Elle se fait toute petite dans un coin.
Se replie sur elle-même.
Elle s’assied les jambes croisées bien sous la chaise.
Elle préfère même s’asseoir par terre (ne pas être relié au sol par la position verticale, ne pas être enracinée/attachée à un endroit, pour mieux pouvoir fuir …)
La blessure du rejet invite également à douter de soi, à penser que l’on n’est toujours « pas assez » ou « de trop ». Parfois, le sentiment de rejet finit par conduire au suicide. Ainsi, en raison de la peur du rejet, pour la personne, il est impossible de :
- dire non aux autres,
- faire part de votre propre opinion,
- affirmer qui vous êtes réellement.
La blessure du rejet provoque également :
- un sentiment d’être redevable en recevant de l’aide,
- une angoisse et une anxiété constante, provoquant un mal-être,
- une tendance à camoufler ses propres besoins, par peur de déranger,
- une difficulté à recevoir de l’amour et à entretenir des relations interpersonnelles saines.
La personne souffrant du rejet doute de son droit à l’existence et veut qu’on s’aperçoive qu’elle existe même si elle ne croit pas à son droit d’exister (ex : l’enfant qui se cache pour se protéger et qui a besoin qu’on le cherche, qu’on montre qu’on s’inquiète de son existence – » je veux qu’ils me trouvent. Je veux qu’ils se rendent compte que j’existe. » Parce que cet enfant croit si peu en son droit d’exister qu’il se crée des situations pour essayer de se le prouver.)
La personne rejetée ne s’attache pas trop aux choses matérielles, car elles l’empêcheraient de fuir à son goût. C’est comme si rien ne pouvait la rendre heureuse. C’est pourquoi elle s’attache souvent à tout ce qui est relié au monde intellectuel. Ce détachement de tout ce qui est matériel amène des difficultés au niveau de la vie sexuelle, qui apparaît comme quelque chose de pas spirituel. Elle a du mal à concevoir qu’elle puisse avoir besoin de sexualité comme un être humain normal. Elle se coupe d’elle-même à ce niveau-là.
L’ego de la personne rejetée fait tout pour que les blessures ne puissent pas se voir. Et parce qu’elle a tellement peur de revivre la douleur associée à chaque blessure, elle évite -par tous les moyens- de s’avouer que si elle vit le rejet, c’est parce qu’elle se rejette elle-même. La blessure du rejet affecte aussi la façon de communiquer. La personne a peur de ne pas être intéressante, d’être considérée comme nulle et sans valeur, d’être incomprise, que l’autre l’écoute par obligation ou par politesse. La blessure du rejet prend le dessus.
Cette blessure affecte aussi la façon de s’alimenter. La personne rejetée préfère de petites quantités et a souvent l’appétit coupé lorsqu’elle a peur ou vit des émotions intenses. Il y a une prédisposition à l’anorexie. L’anorexique se coupe en effet de la nourriture pour essayer de disparaître…. C’est une personne portée vers le sucre aussi. Elle peut souffrir d’arythmie. Le cancer se développe aussi souvent chez ce genre de personne, d’autant plus qu’elle s’accuse elle-même.
La personne rejetée ne s’est pas donné le droit d’être enfant. Et elle ne donne pas le droit à l’enfant en elle d’avoir souffert. Elle a de la difficulté à laisser vivre son enfant intérieur. Elle ressent aussi souvent de l’écœurement, une envie de vomir. C’est sa façon d’exprimer l’envie de rejeter quelqu’un ou quelque chose. La personne rejetée, comme beaucoup de personnes blessées, présente l’incapacité de se pardonner les blessures qu’elle se fait ou qu’elle fait aux autres. Plus la blessure du rejet est importante, plus la personne se rejette et rejette les autres et moins elle arrive à se pardonner. Elle ressent alors souvent de la honte, d’autant plus grande que la blessure est importante :
- être consciente des moments où on parle et fonctionne en réaction à la blessure du rejet, sous l’influence du rejet.
- développer une compassion particulière pour les personnes souffrant du rejet afin de mieux comprendre leurs comportements réactifs.
Les remèdes
Guérir la blessure du rejet pour guérir la part sacrée et unique de soi et accepter sa légitimité : tel est le scénario qui est proposé en 10 scripts par Nicole PIERRET et qui peut permettre aux lecteurs et lectrices que vous êtes de continuer à vous familiariser avec la blessure du rejet.
Il est un fait qu’effacer les souffrances vécues dans le passé est difficile (certains diront impossible). Pour autant, je pense qu’il est possible de soulager ces souffrances pour leur permettre de cicatriser. Ainsi, par conséquence, si vous avez besoin de recevoir l’approbation des autres, et en même temps que vous avez tendance à repousser les compliments, vous souffrez inconsciemment de cette blessure existentielle.
Acceptez la souffrance et autorisez-vous à avoir de la peine
Il ne sert de rien de nier la souffrance. Vous avez été rejeté, blessé et il faut accepter que cela fasse mal. La douleur est légitime, normale et va durer un certain temps.
La première étape de la guérison consiste, donc, à accepter la blessure. Accepter votre souffrance vous donne le pouvoir de libérer tous vos sentiments et de vous exprimer pleinement.
Prenez le temps de pleurer ce que vous avez à pleurer. C’est ainsi que vous allez décharger votre cœur. Donnez-vous aussi le droit d’être fâché. Être en colère est aussi une réaction normale. Cela ne signifie pas que nous devons tout casser autour de nous et blesser les autres à notre tour en nous vengeant. Simplement, reconnaître sa présence et l’exprimer. Vous n’avez pas de pouvoir sur ce que vous ressentez, mais sur ce que vous faites avec ce que vous ressentez.
Accepter la réalité que les gens qui rejettent les autres ont eux-mêmes des problèmes. Les gens en bonne santé, même quand ils ont un problème à résoudre avec le comportement de quelqu’un, ne s’abaissent pas à rejeter.
Ne vous voilez pas la face, certaines vérités sont difficiles à accepter, mais une fois cette étape franchie, vous pourrez entamer le processus de guérison. Faites la liste des situations qui vous mettent mal à l’aise et des sentiments qui accompagnent votre mal-être.
Changez votre discours intérieur
Arrêtez de croire que vous n’avez aucune valeur, que vous ne méritez pas d’être aimé. Apprenez à faire taire la voix dans votre tête qui vous dit que vous êtes méprisable. La façon dont vous vous parlez à vous-même influe grandement sur votre état d’esprit. Changez votre discours intérieur.
Identifiez certaines phrases qui vous donnent la pêche, et répétez-les tous les matins devant la glace. Dites-vous : « Je suis quelqu’un de bien », « je mérite d’être heureux », « mon bonheur ne dépend que de moi-même », « je suis le seul responsable de mon propre bien-être ».
Arrêtez de vous rejeter vous-même
Les autres ont le droit de ne pas être d’accord avec vous, d’exprimer des ressentis différents des vôtres, et d’avoir leurs opinions. Ils ont le droit de vous rejeter, et ce n’est pas de votre faute. Donnez une chance aux autres de vous connaître et de vous donner de l’affection.
Ne laissez jamais la peur du regret vous empêcher d’intégrer un cercle amical, d’entretenir une relation amoureuse car vous méritez d’être aimé et de tendre vers le bonheur.
Apprenez à vous pardonner
Cessez de rejeter la faute sur vous-même. Ce n’est pas toujours de votre faute si les autres vous rejettent. Pardonnez ce qui fait défaut chez vous, pardonnez ce que vous avez fait dans le passé. Tirez des leçons de votre passé, et avancez. Cessez de ressasser le passé, d’être submergé par les regrets. Au lieu de vous culpabiliser, dites-vous que le futur vous donnera l’occasion de vous améliorer. Laissez le perfectionnisme de côté et cessez de vous dévaloriser.
A n’en pas douter, il s’agit aussi de prendre SOIN de soi en se donnant des autorisations et des permissions (celles d’avoir droit au bonheur, de goûter aux plaisirs de la vie).
L’ensemble du processus peut se faire seul(e) mais un accompagnement est souvent nécessaire. Si tel est le cas pour vous, cher lecteur, cher lectrice, je reste à votre service si vous le souhaitez.
Les objectifs visés en thérapie seront que vous :
- repreniez confiance en vous : se sentir respectable et respecté,
- développiez l’estime de vous-même : être fier(e) de soi,
- construisiez une image valorisante de vous-même, de vos choix et de vos actes,
- enfin, parveniez à tenir un discours positif de vous-même :
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