162019Avr

La peur du rejet

UNE TENTATIVE DE DEFINITION  

Le sentiment de rejet désigne un état de souffrance émotionnelle lié à des situations objectives et subjectives dans lesquelles on se sent mis de côté, jeté au loin.

C’est un profond sentiment d’être indésirable, mis de côté, écarté, abandonné, sans valeur…

Vous voulez que les autres vous aiment et pourtant vous croyez qu’ils ne vous aiment pas.

Le sentiment de rejet affecte fortement les relations.

Celui qui a peur d’être rejeté anticipe parfois en rejetant autrui ou bien il cherche à se faire accepter par tous les moyens.

Nous avons tous besoin d’être acceptés, accueillis. Il nous est difficile de subir le rejet mais la peur du rejet peut devenir tellement forte qu’elle fausse nos perceptions et gâche nos relations. Comment en sortir?

Dans cette blessure du rejet, il est souvent question de  personnes qui :

  • se posent en victime,
  •  ont peur de s’investir dans leurs relations,
  • se dévalorisent avec une sensation de ne pas avoir le droit d’exister.

Concrètement, le rejet peut se développer comme une réaction aux événements douloureux qui interviennent dans une vie et cela dès la conception même. Ainsi, un enfant non désiré ou dont le sexe n’est pas accepté, un enfant handicapé (nous traînons tous divers handicaps plus ou moins visibles), sont susceptibles de développer un sentiment de rejet. D’autres événements au cours de l’enfance et de l’adolescence (abus divers, violences verbales et physiques, troubles émotionnels, échecs…) favorisent également le développement de ce sentiment qui existe à l’état latent de peur de rejet

Ces personnes ont  peur de se brûler les ailes au niveau émotionnel/sentimental. Elles auront beaucoup de difficultés pour s’investir dans une relation et quand elles seront en mesure de le faire, il sera nécessaire qu’elles soient assurées  que l’autre les aime plus que eux ne l’aiment.

C’est un mécanisme de défense car le danger serait de donner un pouvoir total à l’autre en face et d’en souffrir par la suite. La fuite a lieu non pas parce que cette personne manque d’amour mais bien par anticipation de la souffrance.

Dans la peur du rejet, nous rejetons l’autre AVANT qu’il ne nous rejette car nous sommes persuadés de ne pas être à sa hauteur. Nous pensons donc que cet autre nous abandonnera, que nous souffrirons tôt ou tard et qu’il vaut mieux ne pas prendre de risque et s’enfuir avant que cela ne se produise !

Ce processus est bien souvent inconscient

LES ORIGINES POSSIBLES DU SENTIMENT DE  REJET OU DE LA PEUR D’ETRE REJETE

Le tout-petit est extrêmement sensible à la manière dont son entourage l’accueille et prend soin de lui. Le nouveau-né ressent déjà si l’attitude de ses parents est aimante ou plutôt hostile à son égard. Il est à ce moment entièrement dépendant de ses parents pour ses besoins tant affectifs que physiques.   Le petit enfant aura besoin d’être soutenu par ses parents tout au long des différentes étapes de  son développement.

Il est évident que même le meilleur des parents ne pourra satisfaire tous les besoins de son enfant qui grandit. Il y aura inévitablement des moments où celui-ci va se sentir rejeté, abandonné, incompris, mal aimé. 

Les différentes blessures sont vécues à des étapes bien spécifiques du développement de l’enfant. La première blessure traumatisante, le rejet, est vécue pendant la grossesse, au moment de la naissance ou dans les  premiers jours qui suivent celle-ci.

Le bébé peut se sentir rejeté parce que sa naissance n’était pas désirée ou qu’il n’était pas du sexe souhaité. Il se peut aussi que sa maman n’était pas disponible émotionnellement pour l’accueillir avec toute l’attention nécessaire. Plus l’attitude de sa mère a été froide et hostile à son égard, plus il s’est senti menacé. L’enfant en a conclu qu’il n’avait pas le droit d’exister et qu’il était dangereux d’être en relation.

L’enfant met alors  un mécanisme de protection en place afin d’éviter de ressentir la douleur causée par le rejet. C’est ce qu’on appelle le masque. La personne qui souffre de rejet va porter le masque du fuyant, c’est-à-dire qu’elle va adopter les comportements d’une personne fuyante.

Le fuyant est un individu qui se sent rejeté dans son être et qui doute de son droit d’exister. Par conséquent,  il a essaie de se faire discret et de prendre le moins de place possible. Il a peur de déranger.

Pour le fuyant, exister en présence de l’autre est difficile. C’est pourquoi il a tendance à s’isoler  et a du  mal à entrer en relation intime.

Il semble ne pas s’être incarné complètement. Il est souvent ailleurs. Il se réfugie facilement dans un monde imaginaire. Il est détaché du monde matériel et est plus attiré par les choses de l’esprit : il a tendance à intellectualiser et est souvent enclin à la spiritualité. Il peut être coupé de sa sexualité.

L’individu qui souffre de la blessure de rejet doute de sa valeur. Il se croit  nul et se compare souvent à mieux que lui. Par conséquent, il essaie d’être parfait afin de se valoriser aux yeux des autres et surtout à ses propres yeux. 

LES CONSEQUENCES DU REJET

Les conséquences du rejet dépendent du caractère de la personne, de ses capacités et de ses limites.

D’une façon générale, il faut noter que l’importance du sentiment de rejet n’est pas nécessairement liée à l’importance objective des événements vécus.

Le rejet dépend à la fois des événements et de la sensibilité ou vulnérabilité de l’individu.

Le rejet doit donc être pris en compte du point de vue de la personne qui en souffre quel que soit son parcours.

Certaines personnes résistent bien à des circonstances violentes et traumatisantes, d’autres sont profondément atteintes par des événements mineurs en apparence.

C’est pourquoi il nous faut établir une distinction entre les situations de rejet et le sentiment de rejet. Le sentiment de rejet n’est pas engendré automatiquement par les situations de rejet. Entre les deux, il y a notre réaction et notre interprétation des situations.

C’est dans cet entre-deux que nous pouvons travailler afin de retrouver notre liberté.

On observe trois types de réaction aux situations de rejet :

  • 1. Passivité face au rejet.

Les sentiments produits seront :

  • l’isolement,
    • la pitié de soi,
    • la résignation,
    • le manque de confiance en soi,
    • la rêvasserie,
    • une image de soi dévalorisée,
    • la dépression,
    • le désespoir,
    • la culpabilité diffuse,
    • les troubles du comportement alimentaire …
  • 2. Protection défensive contre le rejet.

Les conséquences vont alors conduire à se forger un masque, une façade :

  • Tout va bien, pas besoin des autres,
    • Dureté de cœur, froideur,
    • Attitude défensive,
    • Insécurité,
    • Perfectionnisme,
    • Fuite (addictions, évitement, distractions),
    • Mensonges intérieurs…

Certaines personnes cherchent à prouver leur valeur en adoptant un comportement irréprochable, un engagement sans faille à l’école, une fuite dans le travail, le service chrétien…

  • 3. Lutte offensive contre le rejet.

Le combat peut être tourné contre soi et contre autrui :

  • Rejet de soi et des autres,
    • Ressentiment, haine, vengeance,
    • Rébellion, colère,
    • Critique, jalousie,
    • Infériorité,
    • Manipulation, possessivité,
    • Besoin insatiable de reconnaissance,
    • Auto-sabotage…

Plusieurs  réactions peuvent alterner chez une même personne avec toujours la difficulté à recevoir et donner de l’amour. Le rejet est une racine commune à différents blocages qui provoquent des dysfonctionnements psychiques et corporels (somatiques). Les blessures engendrées par le rejet nous entraînent à ériger des murs de protection destinés à éviter ou à réduire la souffrance intérieure, fuir ou bien construire autour une identité qui nous semble acceptable aux yeux des autres. Ces murs se construisent avant tout dans nos pensées puis se traduisent par nos comportements.

Différentes formes du sentiment de rejet :

  • Vœux que l’on se fait : « plus jamais ça » ou « je ne m’attacherai plus jamais à personne, cela m’évitera de souffrir », « je ne ferai plus jamais confiance à qui que ce soit, je ne compterai que sur moi » ….
  • Mensonges intérieurs : « pas de problème » alors qu’on est profondément blessé • Autodéfense : utilisation de différents stratagèmes comme la vengeance, la colère, la projection, l’attaque anticipatrice.
  • Défense verbale : Contestation, critique, rébellion, auto-justification excessive …
  • Demande insatiable d’affection ou de reconnaissance : par exemple chercher à acheter l’amour et la protection en offrant des cadeaux, s’investir à fond pour être apprécié des autres.
  • Manipulation : Par peur d’être rejeté on peut se montrer possessif et manipuler autrui pour obtenir ce qu’on souhaite…

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