202018Juin

Le Viol : une effraction dans l’intimité

LE VIOL : une effraction dans l’intimité

Il est souvent difficile de l’évoquer voire d’en parler …
Le viol est une violation de l’intimité….
C’est un rapt du consentement, que ce soit durant l’enfance ou dans la vie d’adulte…
Aujourd’hui encore, des mois, des années plus tard, l’empreinte de cette effraction dans le réel de l’intimité (ce qui n’aurait jamais dû se produire) vient changer de façon irrémédiable la personne…
Comment se retrouver ? Comment vivre sa sexualité positive après un abus sexuel ?

LA NECESSITE DE METTRE DES MOTS SUR LA VIOLENCE SUBIE….

Lorsqu’on subit un viol, il y a toujours un avant et un après, comme si le violeur avait ôté quelque chose en soi :
– l’intimité bien sûr,
– mais aussi l’identité,
– le sentiment de sécurité qui tout d’un coup explose,
– la confiance en soi et en l’autre.
Les conséquences peuvent être lourdes et longues à guérir. On culpabilise, on éprouve de la honte….
La parole peut, alors parfois, mettre très longtemps avant de se délier. Souvent, c’est la fuite, l’oubli qui surgissent avec l’idée d’enfouir en soi ce qu’il s’est passé pour continuer à avancer.
«Vivre un viol est un tsunami émotionnel dans la vie d’une personne, car il n’y a pas pire que de ne pas être respecté dans son intégrité et d’être envahi dans son intimité. C’est toute une déstabilisation de sa sécurité et de son identité surtout si cet acte immonde a été pratiqué pendant son jeune âge tel qu’un inceste par exemple…
Pourtant en parler est la première chose à faire pour ne pas laisser le mal s’installer et prendre davantage d’ampleur. En parler, encore et encore, autant que cela est nécessaire, expulser ce sentiment qui bien souvent nous ronge de l’intérieur. Hurler, crier, faire sortir ce qu’on a rentré en nous contre notre gré et reprendre possession de notre corps et de notre esprit.

LA PEUR DE L’AUTRE CONSIDÉRÉ COMME UN ENNEMI

Les troubles de la sexualité sont l’une des premières conséquences directes d’un abus sexuel et se manifestent dans le rapport à autrui.
On n’ose plus être touchée par qui que ce soit, car on a peur qu’un homme soit incapable de respecter notre consentement. L’homme est entrevue comme un prédateur … La sexualité est entrevue comme une fin à assouvir…
De fait, la personne devient extrêmement méfiante dans ses rapports avec les hommes. L’évitement, la fuite sont souvent les premiers systèmes de défense dans les relations amoureuses qui ne peuvent s’établir…
Il peut aussi y avoir une volonté inconsciente de se venger sur les hommes et à travers tous ceux qui seront rencontrés, un souhait de « faire payer »…
L’image de soi et de l’autre sont complètement biaisées… La victime reste dans la case de victime.
Il apparait indispensable –au-delà de l’abus subi- de sortir du cercle infernal…
Reprendre confiance…
Réapprendre à avoir de la valeur ….
Se respecter …
Un travail personnel est très souvent nécessaire pour permettre de se recentrer sur soi et s’écouter…
En terme de sexualité, des troubles physiques peuvent survenir comme la dyspareunie ou le vaginisme. C’est un réflexe de défense de la part du corps, pour éviter que la situation d’abus ne se reproduise. Le corps se ferme et dit “non”, prenant le relais sur l’esprit, c’est une façon de vous protéger. Si c’est le cas, nous vous conseillons d’aller voir un sexologue qui saura vous accompagner. À l’inverse, une hypersexualisation peut se développer en imposant à son corps des relations sexuelles pour réaffirmer sa domination sur lui, sur soi et sur ce qu’il s’est passé.

 

UN TRAVAIL D’APPRIVOISEMENT DE SON CORPS

Lorsqu’on a été bafouée dans notre chair, on a souvent un sentiment de faiblesse, de détestation de notre corps, d’avoir été justement été réduite qu’à ça, comme si nous n’étions pas plus qu’un objet. Plutôt que de se détourner de son corps, il est plutôt judicieux de réapprendre à le regarder, à l’aimer pour en prendre soin, avec bienveillance…
– par le toucher, que ce soit à travers de simples caresses du corps voire même à travers la masturbation. Parfois, un simple geste peut se révéler douloureux, parce qu’il réveille quelque chose en la personne. Cela peut chambouler, faire pleurer, réveiller des peurs… Se rendre compte que l’on n’a pas mérité cette violence … Apprivoiser son corps est important avant de pouvoir de nouveau accepter de nouveau le contact d’un autre, et reprendre le pouvoir sur soi-même.
– Par le sport peut aussi être un moyen pour se réapproprier son corps. Il permet l’évacuation des tensions plutôt que d’accumuler une colère, une haine latente envers son agresseur. Le fait de faire du renforcement musculaire ou un autre sport – le self-defense peut être une bonne alternative afin de gagner en confiance. Après avoir été victime, la personne, souvent, se sent en situation de faiblesse. On a profité de son corps alors il peut être utile de l’endurcir, de le fortifier pour se dire « jamais plus cela ne m’arrivera ! ». À force d’entraîner ce corps, il est de nouveau possible de l’aimer, de l’admirer, de vouloir étudier ses changements, d’être attentif à lui. Se trouver belle à nouveau, pour soi et dans le regard de l’autre….

RÉAPPRENDRE A VIVRE SA SEXUALITE

Il est possible d’envisager que les conséquences du viol puissent s’atténuer si la personne parvient à établir une relation de confiance avec un être aimé qui sera capable de :
– faire preuve de patience, de compréhension et de beaucoup de respect.
– comprendre la souffrance, les appréhensions, les peurs,
Les deux partenaires vont être appelés à se (re)découvrir… en listant l’une et l’autre l’ensemble des choses qui sont appréciées dans l’intimité :
– les gestes,
– Les fantasmes
– Les endroits du corps qui peuvent éprouver du plaisir
– Et ce, sans limite…
Cela peut être les gratouilles dans le dos…. Les baisers dans le cou… Les caresses des cheveux… les sextos….. Une position particulière, un rituel …
L’objectif de telles démarches est évidemment de partager un moment de complicité.
Ensuite, il est possible que les deux partenaires s’amusent à explorer ensemble leur sexualité à travers les deux listes qui auront été créées. S’il y a un tabou particulier, un endroit précis qui ne peut être touché, mais qui pourrait l’être malencontreusement par le conjoint, il est nécessaire d’en parler, de le dire afin qu’il ne s’y aventure pas…

CHASSER LA HONTE ET LE DÉNIGREMENT DE SOI

Après un abus, il se peut aussi qu’on renonce à son propre plaisir et qu’on pose, à soi-même- des interdits. Il ne s’agit pas de se forcer à quoi que ce soit, mais de retrouver son propre rôle dans sa sexualité. Ne pas attendre du partenaire qu’il doit tout comprendre…
La sexualité n’est pas quelque chose à laquelle on doit se soumettre, mais un accord, un jeu entre les deux partenaires. La seule règle qui puisse exister dans la sexualité, c’est le respect de l’autre et de soi, de savoir s’écouter, écouter ce que dit à la fois son corps et son esprit.
Alors, vous qui lisez cet article et si vous êtes concerné par la problématique, je vous invite à ne pas vous forcer, à ne pas vous contraindre … afin de vous sentir libre à nouveau….

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