112017Mai

L’enfant et la mort

L’enfant et la mort

Votre enfant vous pose de nombreuses questions sur la mort. Vous voulez lui expliquer la disparition de proches sans l’angoisser. Vous tentez de lui dire que son animal de compagnie ne reviendra pas de chez le vétérinaire. La situation est délicate certes mais pas insurmontable. S’il n’y a pas de formule magique, certains termes et attitudes sont plus adaptés que d’autres

Comment annoncer un décès à un enfant ?

La règle de base est de toujours dire la vérité. S’il ne s’agit pas d’une mort brutale, il est préférable de préparer l’enfant dans les jours ou les semaines qui précèdent. On peut par exemple dire : « papi est malade. Il est à l’hôpital. On ne sait pas si les médecins vont arriver à le soigner. Peut-être va-t-il mourir. Comme toi, je suis triste et je pense à lui ». Trop souvent les enfants sont écartés de cette phase alors qu’elle leur permet d’être associés à l’évolution de la maladie et de mieux affronter une issue fatale. L’annonce de la mort à proprement parler doit être faite ensuite par l’adulte le plus proche, père ou mère avec des mots simples. « Tu sais que papi était gravement malade. Les médecins n’ont pas réussi à l’aider. Il est mort. Nous ne le reverrons jamais, mais il sera toujours dans notre cœur. » Même si cela peut paraître difficile à certains, le mot « mort » doit être prononcé sans crainte.

Et s’il s’agit d’une mort accidentelle ?

Evidemment, il n’y a pas de préparation possible. Mais là aussi il faut faire le lien avec le contexte. « Tu sais que papa était allé jouer au tennis. Il ne s’est pas senti bien. Les pompiers sont venus. Ils ont essayé de le réanimer. Mais son cœur s’est arrêté. Il est mort. » Il est essentiel de ne rien cacher et de faire comprendre le caractère définitif : « il ne reviendra pas ». Avant de consoler l’enfant, laissez-le exprimer son chagrin, pleurer sans vous retenir vous-même. Le chagrin se partage. Prenez-le dans vos bras. Parlez-lui doucement de celui qui est mort, de l’amour que l’on a pour lui.

Est-ce que des mots ou des phrases  sont à éviter pour annoncer la mort de quelqu’un ?

Oui. Il vaut mieux éviter les périphrases du type « mamie est partie », car un enfant, surtout lorsqu’il est jeune, peut croire que si sa grand-mère est partie, c’est qu’elle va revenir. Autre expression à bannir : « Mamie nous a quittés », car ceci induit qu’elle a choisi de mourir. Or la mort n’est pas un choix. Enfin, il est préférable de ne pas utiliser des images telles que « mamie est montée au ciel ». N’oublions jamais qu’un enfant croit aux images. Il peut s’imaginer ainsi qu’il est observé du ciel par sa grand-mère, ce qui n’est pas souhaitable.

Que répondre à un enfant qui dit « c’est quoi la mort » ?

Dites simplement : la mort, c’est quand le cœur s’arrête de battre et que le corps s’arrête de fonctionner. Il s’agit d’expliquer une réalité physique telle qu’elle est, sans en dire plus que l’enfant n’en demande. Il est toutefois préférable de relier la mort avec la vie. Un jour on naît, on vit puis on meurt : c’est le cycle de la vie. Il est sûr que les moins de 4 ans ne comprennent pas la mort, mais ils connaissent l’absence. Ceci ne justifie en rien de leur cacher des choses. En fait, ce n’est qu’à partir de 5-6 ans que les enfants comprennent le sens définitif de la mort et seulement à partir de 9-10 ans qu’ils voient la mort comme un élément indissociable de la vie.

Un enfant doit-il assister aux funérailles ?

Oui et cela est même souhaitable. La cérémonie permet de dire une dernière fois au revoir à la personne décédée, de lui rendre hommage et de constater qu’elle était appréciée et aimée par d’autres. Les funérailles permettent aussi à l’enfant de se confronter à la réalité de la perte pour que lui aussi fasse son deuil. Les funérailles sont un moment douloureux certes, mais pas traumatisant pour l’enfant si celui-ci est accompagné. Il est nécessaire de lui expliquer ce qui se passe et ce, quel que soit son âge. Certaines familles s’interrogent sur le fait de montrer le corps à l’enfant. On peut le lui proposer, c’est à lui et à lui seul de choisir s’il souhaite le voir ou pas.

Et s’il demande ce que devient le corps ?

Généralement, cette question survient si l’enfant n’est pas allé au cimetière ou au crématorium. Là encore, mettez des mots : expliquez lui que le corps est couché dans une boite en bois que l’on appelle un cercueil et que l’on va le mettre sous la terre. Ce corps va ensuite changer. Faites de même s’il s’agit d’une crémation. En ce qui concerne la survivance de l’esprit, c’est à chacun de voir en fonction de ses convictions religieuses.

Faut-il cacher les raisons d’une mort par suicide ?

Il est préférable qu’il n’y ait pas de tabou. Eviter les phrases du genre : il a choisi de mourir. Je conseillerais plutôt de dire : ta tante souffrait d’une maladie que l’on appelle la dépression. Elle ne croyait plus dans le fait que l’on puisse lui apporter de l’aide ou la soigner.

Les mots sont-ils les même s’il s’agit de la perte d’un animal ?

Oui, ce n’est pas différent, car le chagrin est lié à l’intensité du lien. Il est souhaitable de mettre en place un rituel pour accompagner la mort de cet animal.

Et dans le cas d’une fausse-couche ?

Tout dépend si l’enfant était au courant ou non de la grossesse. S’il savait que sa maman était enceinte, sachez que ce bébé n’a pas de réalité pour lui. Sa perte n’est donc pas un évènement dramatique à son échelle. Contrairement aux parents, il n’a pas à faire le deuil de la fausse-couche : on ne fait pas le deuil d’une personne que l’on ne connait pas. Par contre, les parents et la famille doivent être attentifs à ce que l’enfant ne croit pas que ce décès est de sa faute : « C’est ma faute si maman a perdu le bébé, car ce jour là j’ai été méchant avec elle » ou bien « parce que je lui ai donné un coup de poing ». Dans ce cas, éclairez-le sur les causes de cette fausse-couche pour qu’il se déculpabilise. S’il n’était pas au courant de cette grossesse, le silence est de mise.

Que faire si on ne trouve pas les mots ou bien si l’enfant est inconsolable ?

Tout en accompagnant l’enfant de sa présence, il est tout à fait possible de se faire aider par un tiers qui trouvera les mots. Si l’enfant reste inconsolable des semaines, pensez à vous tourner vers votre pédiatre qui pourra vous orienter vers un pédopsychiatre. Ou bien contactez l’association « vivre son deuil » qui organise des  ateliers pour les enfants.


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