132021Jan
VOULOIR ETRE PARFAIT(E) ?

VOULOIR ETRE PARFAIT(E) ?

De nombreuses personnes viennent consulter, à mon cabinet, à propos de leur souffrance liée à la question de vouloir être parfait(e). Cette quête impossible les amène, la plupart du temps, à toujours vouloir être irréprochables, à éviter les critiques, les jugements de valeur des autres. Le sentiment est suffisamment fort et ancré que les personnes aient le sentiment de ne jamais en faire assez et de n’être jamais à la hauteur.

Les personnes perfectionnistes sont, ainsi, dans une soif d’idéal d’elles-mêmes, une comparaison insatiable et constante par rapport aux autres, une quête d’absolu. Elles se sentent souvent coupable du « peut mieux faire », ne sont jamais en mesure de se féliciter de ce qu’elles réussissent, comme une intransigeance de fond qui balaie tous les espérances du bien vivre avec soi-même.

La nécessité d’être le meilleur ou la meilleure apparait comme un fait marquant de notre société contemporaine actuelle. Il semble, en effet, que la performance soit partout : au bureau, en famille, en couple, avec ses enfants et ce, dans les moindres actions :

  • Etre le meilleur parent,
  • Etre le meilleur mari ou femme
  • Etre le meilleur amant ou amante,
  • Etre le meilleur ami
  • Etre le meilleur collègue
  • Etre le meilleur chef
  • Etc…

Ce culte de la perfection et de la performance amènent les personnes à entrer dans une logique voire une spirale infernale de compétitions incessantes en cherchant à repousser, toujours plus loin, les limites d’un bonheur bien impossible à atteindre. Tous les jours, des objectifs nouveaux sont imposés, toujours plus difficiles à réussir. Et plus les exigences sont élevées, plus la personne est sous pression, saisie par les doutes, les interrogations et les frustrations. Dans la plupart des cas, lorsque le perfectionnisme devient toxique, malsain voire pathologique, l’individu se confronte à ses angoisses, du stress entrainant, au niveau comportemental, du contrôle permanent sur toutes choses.

Dans son ouvrage « L’apprentissage de l’imperfection »,

 le professeur de psychologie Tal BEN SHAHAR pense que « lâcher la perfection permet d’accepter ce que la vie vous offre et d’en tirer le meilleur parti »

Cet article a pour objectif de mieux cerner qui sont les personnes perfectionnistes afin que vous puissiez, chers lecteurs et chères lectrices, d’abord vous reconnaitre puis vous saisir de cette problématique afin de faire évoluer votre pensée et pourquoi pas modifier vos attitudes et comportements.

Le portrait du perfectionniste

Avoir envie de donner le meilleur de soi est positif. Les perfectionnistes sont des gens de confiance, travailleurs et persévérants. Mais à partir du moment où cela crée un stress chronique, il est judicieux de pouvoir activer ou éteindre son perfectionnisme en pleine conscience. :

  • D’abord, la personne doit progressivement remplacer la perfection par  la progression.
  • Ensuite, elle doit accepter l’idée de dire non et de décevoir les autres.

La plupart du temps, j’observe que les personnes perfectionnistes ont peur de rater, ont peur de l’échec et donc ont peur de ne pas être aimées.

Lorsqu’une personne  est perfectionniste, elle va (chaque fois qu’elle agit) se demander si elle en fait assez et si elle est à la hauteur de l’action. C’est une caractéristique des nombreuses personnes que j’ai accompagnées à mon cabinet.

Il est aussi à noter que d’autres caractéristiques sont communes aux personnes perfectionnistes :

  • Etre le meilleur(e), le ou la premier(e),
  • Etre le ou la plus forte,

Dans son livre « Psychologie du perfectionnisme », Frédéric FANGET, médecin psychiatre et psychothérapeute, s’appuie  sur les travaux scientifiques les plus récents et sur son expérience de psychothérapeute pour montrer comment ces caractéristiques opèrent sur les personnes au point de créer des souffrances psychiques importantes dans leur vie  ,

Les personnes perfectionnistes ne recherchent que le résultat de leur quête : celle d’être parfaites au point de vouloir tout contrôler, en permanence et dans une toute puissance qui les empêchent de voir la réalité telle qu’elle est. Leur quête se réalise dans un prisme d’une  vision idéalisée d’elles-mêmes et du monde qui les entoure où sont absents les défauts, les défaillances, les points faibles.

Il est possible de distinguer deux sortes de perfectionnismes :

  • Le perfectionnisme sain dans lequel la personne va se sentir libre d’être plus ou moins précise ou plus ou moins parfaite par rapport à la tâche à réaliser. Dans ce cas, la personne a intériorisé des critères réalistes de succès ou d’accomplissement de soi et de la tâche. Elle est en capacité de pouvoir s’arrêter lorsque son investissement a été suffisamment important en termes d’efforts, de temps et d’énergie. Elle est capable d’en retirer de la satisfaction d’un travail bien fait avec la conviction intime d’avoir fait du mieux qu’elle pouvait. La réussite et le succès sont perçus comme possibles en lien avec des attentes réalistes et accessibles selon ses capacités, ses critères. La personne peut ainsi  reconnaitre qu’il est possible qu’elle se trompe, qu’elle fasse des erreurs sans, pour autant, se juger négativement, sans se sentir rejeté par les autres, sans que sa valeur et son estime d’elle-même en soient impactées.
  •  Le perfectionnisme toxique, pathologique : la personne présente des exigences très (trop) élevées pour elle-même et pour les autres ce qui l’amène à penser qu’elle ne peut pas se permettre de commettre des erreurs. Une importance extrême est donnée aux choses à réaliser avec l’idée qu’elle doit être parfaite dans tout ce qu’elle va entreprendre. Les efforts que la personne va être appelée à fournir ne sont jamais perçus comme suffisants : il faut toujours en faire plus, encore et encore. Les critères de réussite sont tellement élevés, voire inaccessibles que la personne sera –de fait-  insatisfaite, frustrée, angoissée.

Ces standards élevés peuvent découler d’une piètre estime de soi, et aussi conduire à un appauvrissement de son estime personnelle, formant un cercle vicieux. Aussi, les attentes négatives de la personne quant à sa capacité d’atteindre ses objectifs la conduisent souvent à l’évitement et à la procrastination et la rendent anxieuse, confuse et épuisée vis-à-vis de certaines tâches ou situations avant même de les affronter. La personne est donc constamment en état d’alerte pour éviter ce qu’elle craint, c’est-à-dire les imperfections, et se démène jusqu’à l’épuisement.

Comment devient-on perfectionniste ?

Il est possible de dire que les attitudes et comportements parentaux peuvent être en cause, même si les intentions des parents sont souvent respectables et qu’ils souhaitent le meilleur pour leurs enfants.

Ainsi, les parents peuvent démontrer une attitude fréquente de reproches, de réprimandes, de désapprobation par lesquels l’enfant reçoit donc rarement des renforcements positifs pour ses comportements. C’est une des conséquences qui va entrainer chez l’enfant à toujours faire mieux afin d’obtenir ce renforcement positif et ainsi avoir le sentiment d’être aimé.

L’enfant, au départ, ne possède pas ou très peu de modèles de ce qu’est une bonne performance. C’est en grandissant, au fil de ses expériences et en lien avec les réactions premières de ses parents (surtout si elles sont négatives) qu’il peut développer un profond sentiment d’impuissance et découragement se manifestant par des réflexions de type : « Ce que je fais n’est jamais suffisant», « je ne vaux rien », « je suis nul » etc.

Il est aussi possible que l’approbation des parents soit présente, mais inconsistante. Dans ce cas, l’enfant est parfois renforcé pour ses bons comportements, mais pas suffisamment. Il en résulte une insécurité intérieure qui l’incite à toujours vouloir faire mieux pour satisfaire ses parents, être aimé d’eux et éviter de se sentir rejeté.

Le plus souvent, l’approbation des parents est conditionnelle à ce que l’enfant ait une performance parfaite. Il entendra alors des commentaires du genre : «Tu aurais pu faire mieux que ça!»

Il arrive que les parents puissent être franchement exigeants, intransigeants et critiques vis-à-vis de leur enfant. Il est aussi possible  que la critique soit implicite dans les attentes parentales, se reflétant par un sentiment perceptible de déception chez les parents si l’enfant encaisse un échec.

Enfin, il n’est pas rare de constater que les parents, sans être exigeants envers l’enfant, soient perfectionnistes envers eux-mêmes. Ils deviennent, alors, des modèles de perfectionnisme pour l’enfant qui va chercher à ressembler à ses parents, toujours pour être aimés. Le schéma cognitif « Il faut être parfait pour être aimé» est ainsi appris durant l’enfance…

Comment changer ?

Il est évident qu’il est d’abord nécessaire de prendre conscience de la situation d’autant si elle devient de plus en plus toxique pour soi et pour les autres.

Ainsi, par exemple, il peut être utile de questionner dès lors qu’une fatigue importante apparaît en dehors de toute cause physiologique et que l’on n’arrive pas à la faire passer. L’énergie semble être dépensée de façon excessive à vouloir tout contrôler, tout maitriser…

Il peut aussi être judicieux de prendre du temps pour s’interroger sur ce qui se passe dans sa vie :

  • « Qu’est-ce qui est important pour moi ? « 
  • « Qu’est ce qui m’empêche aujourd’hui d’avancer et d’avoir de l’entrain ? »
  • «  A quoi puis-je renoncé qui ne s’avère pas indispensable ? »

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) apparait être une méthode d’intervention de choix pour traiter le perfectionnisme pathologique puisqu’elle agit directement sur les cognitions. Cette approche postule, entre autres, que les symptômes anxieux découlent et sont maintenus par l’interprétation erronée des situations vécues par l’individu.

Ces interprétations prennent la forme de pensées apparaissant de façon automatique à l’esprit de l’individu et sont généralement associées à des principes fondamentaux acquis depuis l’enfance, des schémas de base.

C’est en modifiant le type et le contenu des pensées automatiques dysfonctionnelles, ainsi que les schémas inadaptés qui sous-tendent ces pensées, que l’on peut diminuer la symptomatologie.

Il faut aussi apprendre à dire non…

Dans son nouveau livre, le philosophe Fabrice MIDAL nous permet de repérer comment faire la paix avec soi-même et ses imperfections. Il propose d’envisager que les failles, les points faibles ne sont pas des entraves, des blessures mais bien plutôt des beautés et des richesses qu’il est utile d’accepter (signes de notre humanité) pour en faire quelque chose, comme un cadeau à soi-même. 

Entamer une thérapie peut aussi être une solution pour se faire accompagner dans la gestion de la souffrance générée par ce besoin d’être toujours plus parfait.

Pour la personne, il s’agit, alors, de faire des prises de conscience :

  • Celle de prendre conscience que l’on empoisonne la vie des autres,
  • Celle d’envisager de soigner l’enfant meurtri que l’on a été,
  • Celle de prendre du temps pour se libérer de ses blessures du passé, quel que soit l’âge que l’on avait quand ces blessures sont survenues.

La mise en mots de ses blessures est essentielle pour pouvoir se libérer, agir, et redevenir un sujet de sa vie.

Vous avez la possibilité de me contacter afin que nous puissions, ensemble, lors d’une première consultation, faire le point sur ce que vous vivez. J’aurais plaisir à vous accueillir en souhaitant que je puisse vous aider à retrouver de la juste sérénité pour poursuivre votre chemin de vie.

Au cours de la thérapie qui peut se mettre en place, je vous inviterai à cheminer ensemble sur le fil de vos pensées, pour vous aider en toute bienveillance et empathie, à comprendre ce qui est à comprendre, à dénouer ce qui est à dénouer pour enfin construire ou reconstruire ce qui est à construire ou reconstruire, ce dans le respect du secret professionnel propre à mon éthique de psychologue.

MA CONVICTION

Chacun a en soi la capacité de s’aider soi-même, de guérir ses blessures psychiques.


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