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Qu’est-ce que l’épuisement Professionnel ?

Qu’est-ce que l’épuisement Professionnel ?

De nombreux auteurs (psychologues, psychiatres, intervenants sociaux) ont élaboré des écrits sur l’épuisement professionnel ou burn-out. Tous décrivent comment la sphère professionnelle peut être sources d’angoisses, de stress et de souffrance au travail.

Parmi ces auteurs, Marie Pézé (psychologue et psychanalyste) interpelle tout particulièrement car elle a créé la première consultation « Souffrance et travail en 1997 au Centre d’Accueil et de Soins Hospitaliers de Nanterre. Il en existe désormais près de 150. Elle est par ailleurs responsable pédagogique du certificat de spécialisation en psychopathologie du travail qu’a lancé Christophe Dejours en Novembre 2008 au CNAM.

DÉFINITION

L’épuisement professionnel est principalement connu sous l’appellation anglaise « burnout ».
Une fatigue physique généralisée s’installe jusqu’à l’épuisement émotionnel durable

Le burnout est toujours lié au travail. A ce titre, il ne faut donc pas le confondre avec la dépression, dont la première cause n’est pas professionnelle

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ».

Il est possible de qualifier l’épuisement professionnel comme une affection psychique résultant d’un stress chronique qui s’invite dans le milieu professionnel. Il s’installe progressivement chez certaines salariés exposées à des conditions de travail frustrantes et démotivantes. Pour autant, il peut aussi intervenir chez des personnes pour qui le travail était considéré, initialement, comme important, enrichissant et valorisant.

Ainsi, L’épuisement se produit insidieusement. On emploie parfois les mots « dépersonnalisation » et « déshumanisation » pour décrire ce qui survient à l’individu, comme s’il perdait, pour quelque temps, une part de lui-même. Peu à peu, il déploie une énergie grandissante pour accomplir son travail, sans toutefois en obtenir de satisfaction. Dès lors, les frustrations s’accumulent, l’amertume, les idées négatives et le cynisme augmentent. La concentration devient de plus en plus difficile à obtenir jusqu’à ce que des symptômes physiques surgissent tels des maux de dos, de tête ou des problèmes pour dormir.

Comme peut le décrire Marie Pézé, pour tenter de modifier la situation, le salarié choisit souvent de s’investir encore plus jusqu’à ce qu’il ne puisse plus rien faire d’où l’épuisement. Il s’agit alors d’une marche « à vide » qui peut durer des années. Le déni est typique de l’épuisement professionnel, ce dernier étant souvent vécu comme un aveu d’échec.

En outre, les personnes à risque sont souvent aliénées par une charge de travail

très importante à laquelle peut s’ajouter les sources de pression suivantes :

  • Un défaut d’autonomie flagrant : ne pas participer à la prise de décision liée directement à la tâche.
  • Une reconnaissance obtenue insuffisante relativement au travail fourni (salaire, respect, valorisation…).
  • Support social inexistant entre collègues ou avec le/les supérieurs.
  • Manque d’information concernant la stratégie et l’organisation de l’entreprise.

Cependant, en dehors de tous ces facteurs, il existe des particularités individuelles qui font que certaines personnes subissent plus de stress que d’autres.

Par exemple, les attitudes telles que la manie et le perfectionnisme sont beaucoup plus fréquentes chez les personnes qui atteinte d’épuisement professionnel.

Les symptômes

Comme le décrit Marie Pézé, l’épuisement professionnel se manifeste à 5 niveaux :

Émotionnel

Ainsi, les symptômes vont de :

  • l’irritabilité,
  • l’hypersensibilité,
  • la tristesse,
  • le manque d’entrain et de motivation,
  • des tensions nerveuses,
  • de l’anxiété à un sentiment de perte de contrôle,
  • ou au contraire à l’absence d’émotion

Physique

Le salarié rencontre progressivement des troubles du sommeil, qui ne s’avère plus réparateur. Cette situation entraîne une fatigue chronique et généralisée, des douleurs musculaires dans la nuque et le dos, parfois des maux de tête, des nausées et des vertiges. Le poids peut subitement varier, à la hausse comme à la baisse.

Cognitif

La personne est dans l’incapacité de traiter des informations, sa concentration diminue, il a du mal à réaliser plusieurs tâches à la fois, à prendre des décisions, d’où des erreurs et des oublis.

Comportemental

En conséquence, l’individu s’isole socialement et émotionnellement. Il devient froid, cynique, voire agressif et hostile vis-à-vis de son entourage.

Motivationnel

l’estime de soi diminue avec la motivation. En proie à la frustration, à un sentiment d’échec et de détachement excessif, le désengagement est progressif.

Les origines

L’épuisement professionnel résulte d’une interaction entre un salarié exposé et une situation professionnel dégradée.

Les exigences professionnelles (surcharge, intensité des tâches) et émotionnelles (violences verbales, contact difficile avec le public…) sont les premières causes de burn-out.

Ainsi, des facteurs concourent à l’épuisement professionnel :

  • la privation d’autonomie,
  • de mauvaises relations professionnelles,
  • le harcèlement,
  • les conflits de valeurs,
  • le dénigrement qualitatif du travail accompli,
  • l’insécurité socio-économique de l’entreprise

Une addiction au travail, une implication excessive, le perfectionnisme et l’ambition prédisposent un individu au burn-out.

Les remèdes

Cependant, une fois diagnostiqué par le médecin, le traitement s’organise en plusieurs étapes.

Un arrêt de travail est d’abord prescrit, d’une durée variable en fonction du cas. Dès lors, il permet au patient de se reposer et de prendre des mesures pour anticiper son retour au travail (avec réorganisation, remise en perspective…).

Une thérapie de type cognitive et comportementale (TCC) ou des thérapies à visée de mentalisation (hypnose) est particulièrement indiquée dans le traitement du burn-out.

Les thérapies, d’une manière générale, aident les personnes à :

  • identifier les causes de l’épuisement,
  • imaginer les mesures à prendre pour changer la situation,
  • reconnaître ses limites
  • prendre en compte ses vrais besoins.

Un traitement médicamenteux à base d’anxiolytiques et d’antidépresseurs est parfois prescrit dans certains cas.



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