102021Mar
Quoi faire après un Burn Out ?

Quoi faire après un Burn Out ?

De nombreuses personnes viennent consulter, à mon cabinet, à propos de leur souffrance liée à un burn out.
Leur souffrance au travail a été importante, souvent insupportable créant des répercussions dommageables sur le plan personnel, familial et amical. Beaucoup de personnes ont d’ailleurs l’idée qu’elles n’existent plus et que le sens de leur vie n’a plus lieu d’être engendrant ainsi très rapidement, du mal être, des frustrations, de la colère, de la dépression.

Patrick Mesters, psychiatre, et Suzanne Peters, coach d’entreprise, ont composé l’ouvrage suivant : Vaincre l’épuisement professionnel toutes les clefs pour comprendre le burn out

pour aider à comprendre ce phénomène, à savoir le détecter et l’enrayer. Au travers de nombreux témoignages, ces auteurs montrent qu’il est possible à l’individu de surmonter cette descente aux enfers et même de rebondir

J’ai écrit plusieurs articles que vous retrouverez, chers lecteurs, sur ce site.

Mon propos, aujourd’hui, est de davantage se centrer sur la posture à adopter après le burn out et d’aider, ainsi, les personnes à :

  • Créer de nouvelles représentations du rapport au travail,
  • Repérer qu’il existe des possibles,
  • Rebondir vers d’autres perspectives

D’autres auteurs tels Catherine Vasey (psychologue et gestalt-thérapeute) qui a écrit : La boîte à outils de votre santé au travail , montre l’intérêt de préserver son capital santé dans son environnement professionnel.

Son livre propose d’amorcer un changement dans les habitudes de travail, en prenant conscience de l’état actuel de santé, tout en donnant des clés pour mobiliser l’ensemble des ressources (corporelles, mentales, émotionnelles, sociales…) et se réorienter vers l’essentiel.

L’ouvrage est enrichi de nombreux témoignages (médecin du travail, astronaute, sportifs de haut niveau…) et d’exercices et auto-évaluations pour mettre en place de nouvelles habitudes par petits pas..

Mon expérience de psychologue révèle qu’il est utile, pour la personne, après un burn out, de rechercher un meilleur équilibre entre les priorités professionnelles et les priorités personnelles. Il s’agit là, d’une fine combinaison de réflexivité c’est-à-dire de réflexion personnelle qui en question ce à quoi on croit fondamentalement, et ce, même si ce à quoi on croit n’a jamais été prouvé (système de croyances personnelles).

L’idée est de pouvoir mettre en place une redéfinition des différents rôles que l’on a mis en place dans sa vie, en accroissant la conscience de soi dans une logique continue d’engagement à évoluer et changer :

  • D’abord soi-même,
  • Puis, sa relation à son environnement

Il s’agit d’une proposition de créer un cycle dans lequel la personne va s’engager au gré de ses changements, de ses priorités, et ce, de façon continuelle. J’indique, souvent, aux personnes que j’accompagne que ce cycle comporte plusieurs étapes :

1. Prendre de la distance, s’écouter et « dénormaliser »

Il s’agit de prendre du recul en se posant les questions suivantes :

  • Aujourd’hui, ici-et-maintenant, qu’est-ce qui est source de stress ?
  • Aujourd’hui, ici-et-maintenant, qu’est-ce qui provoque en moi du malaise, de l’insatisfaction ou du déséquilibre ?
  • Aujourd’hui, ici-et-maintenant, quelles sont les circonstances qui m’affectent ? Comment ? Quels impacts ont-elles sur ma vie personnelle ?
  • A quoi donné-je la priorité ? Pour quels sacrifices ? Qu’est-ce qui en pâti ?

Ce n’est qu’après avoir pris de la distance mentale et identifié ces facteurs que vous pourrez commencer à les résoudre.

Ainsi, à titre d’exemple, Marie -après avoir passé près de quinze années à s’être concentrée sur sa carrière (associée dans un cabinet libéral de spécialistes en médecine), décrit le sentiment d’avoir touché le fond. C’est à ce moment qu’elle a pu reconnaître les conséquences de son surmenage sur sa famille et sur sa propre santé mentale et physique :

« Je travaillais énormément… C’était une période horrible… Et je pense que, pour moi, ça a marqué un tournant décisif. Je me suis dit : ça suffit, c’est ridicule. Je pense que c’est à partir de là que j’ai commencé à vouloir remettre en question un certain nombre de choses dans ma vie ».

Il y a aussi l’exemple de Joséphine, cadre supérieur dans un cabinet juridique qui confie avoir eu un déclic après la naissance de sa troisième fille. Joséphine prend conscience, enfin, qu’elle a été, comme elle le dit « endoctrinée » par son éducation, ses convictions, ses valeurs et aussi la culture de son entreprise à savoir

« Je dois travailler, travailler, travailler encore et encore ».

Joséphine

Les séances de thérapie lui ont permis d’entrer dans le cycle réflexif dont j’ai parlé plus haut. Elle a pu mettre en mots le conflit interne dans lequel elle se trouvait en particulier le conflit entre son identité professionnelle et son identité de mère de famille nombreuse. Cet événement (une troisième naissance) a bouleversé sa vie et a constitué le déclic, l’impulsion dont elle avait besoin pour prendre du recul, prendre conscience du décalage entre sa situation et ses priorités personnelles.

Elle a commencé à « dénormaliser », à rendre « anormale », son habitude de travailler des heures durant.

Beaucoup de personnes ayant subi un burn out disent qu’elles menaient une vie très active, voire hyperactive. Beaucoup d’entre elles expliquent que le travail passait avant tout, qu’elles n’avaient pas le temps ou l’énergie de s’arrêter pour réfléchir, faire une pause ou avoir un espace de paroles ou de réflexion pour prendre du recul.

Si le catalyseur de ces prises de conscience est souvent un événement majeur de la vie, comme une réorganisation professionnelle dans l’entreprise, une non-gratification salariale, la naissance d’un enfant ou la mort d’un être cher, à tout moment, il est possible de marquer une pause pour commencer à repenser ses priorités.

2. Être à l’écoute de ses émotions

Lorsque la prise de conscience a eu lieu et qu’une meilleure connaissance de soi, de sa situation ont eu lieu, il est alors possible d’évaluer l’impact que de ces situations sur ses émotions :

  • Est-ce que je me sens motivé, comblé, satisfait ?
  • Est-ce que je me sens en colère, en rancune, triste ?

Ainsi, c’est Jeanne qui mentionne que sa prise de conscience est venue du fait que son équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée (ou plutôt son manque d’équilibre) engendrait chez elle des émotions très négatives :

  • « J’éprouve du ressentiment, »
  • « Je suis aigrie parce que quelque chose qui n’est pas fondamentalement important pour l’essence même de ma vie »
  • « Je me prive de temps et de moments précieux, pour moi, pour mon entourage proche »

Il est à noter que ce sentiment est encore plus fort lorsqu’un décès ou la maladie survient

Dans ce registre, il est alors important d’intégrer, en soi, que ce n’est pas seulement la compréhension rationnelle, cérébrale des décisions et des priorités qui régissent votre vie qui est importante, mais que c’est surtout la capacité à reconnaître à quel point une situation a eu un impact émotionnel sur soir (réflexivité émotionnelle). Avoir conscience de son état émotionnel est essentiel pour déterminer les changements que l’on souhaite mettre en œuvre dans sa vie professionnelle et dans sa vie privée.

3. Redéfinir ses priorités

La capacité à accroitre sa conscience cognitive et émotionnelle donne les outils nécessaires pour mettre les choses en perspective et déterminer comment ses priorités doivent être ajustées. Il est alors judicieux de se poser les questions suivantes :

  • Qu’est-ce que je suis prêt à sacrifier, et pour combien de temps ?
  • Si j’ai privilégié le travail au détriment de la famille, par exemple, qu’est ce qui me pousse à adopter ce point de vue ? Est-ce vraiment nécessaire ? Est-ce inéluctable ?
  •  Qu’est-ce que je regrette déjà et que vais-je regretter si je continue sur ma lancée ?

Les personnes que j’accompagne prennent conscience que leurs priorités changent souvent plus vite que leurs habitudes quotidiennes dans la façon dont elles gèrent leur temps. Elles confient alors avoir pu mettre en place un équilibre plus positif entre vie professionnelle et vie privée, en redéfinissant la façon dont elles occupent leur temps, selon leurs véritables priorités.

Ainsi, en séance, Isabelle m’explique qu’elle se considère toujours comme une professionnelle, mais qu’elle a décidé de redéfinir son rôle professionnel en investissant d’autres rôles valorisés dans sa vie privée tels qu’un engagement politique en tant que conseillère municipale au sein de la Mairie. 

Elle est, aujourd’hui et dans l’ici-et-maintenant, capable de dire avec sérénité : « Plus je prends conscience de ce qui est réellement important dans la vie – et ce n’est vraiment pas le travail – plus je comprends l’importance relative du travail. Je retire toujours beaucoup de satisfaction et autres de mon activité professionnelle, mais pendant longtemps, le travail représentait tout pour moi ; aujourd’hui, j’y accorde beaucoup moins d’importance. »

4. Evaluer ses options

Au cours des séances, la personne est invitée à davantage se lancer dans une recherche de solutions en réfléchissant, dans un premier temps, aux aspects de son travail et de sa vie qui pourraient être différents, afin d’être plus en adéquation avec ses priorités :

  • Qu’est-ce qu’elle aimerait changer dans son travail ?
  • Peut-être même, envisager de changer de poste de travail dans une autre entreprise ? Voire créer sa propre activité ?
  • Combien de temps aimerait-elle passer avec sa famille ou aussi pouvoir consacrer à vos loisirs ?

Dans cette logique, il m’arrive, très souvent, d’inviter les personnes que j’accompagne à mettre en place de nombreuses expérimentations afin de pouvoir en tirer des apprentissages « sur soi » et ainsi repérer si ce qui est mis en place convient et donne des satisfactions.

5. Mettre en œuvre les changements

Enfin, une fois que les priorités ont été identifiées et examinées attentivement, il est temps de passer à l’action. Il peut s’agir d’un changement « public » ou d’un changement « privé », par le biais duquel la personne va modifier de manière forte ses habitudes de travail, sans nécessairement tenter de modifier les attentes de vos collègues.

6. Evaluer ses priorités

Les différents accompagnements que je réalise en mon cabinet me permet de mettre en lumière que les changements publics et privés peuvent représenter des stratégies efficaces, à condition qu’elles s’inscrivent dans la durée.

Mettre en œuvre des changements privés peut signifier s’imposer des limites comme :

  • Choisir de ne pas travailler le soir, le week-end ou pendant les vacances – et s’y tenir !
  • Refuser des responsabilités généralement associées à son rôle (comme les nouveaux projets ou les demandes de déplacements, même lorsqu’on ressent une pression de ses proches pour les assumer).

Concernant les changements publics, les personnes comprennent que plutôt que de dire à leurs chefs ou supérieurs qu’elles souhaitent plus de temps libre ou des horaires plus souples, elles peuvent obtenir le soutien de mentors, de partenaires et de collègues clés – ou, mieux encore, postuler sur un nouveau poste de travail, en interne ou à l’externe. 

Il est important de comprendre que les cinq étapes décrites ci-dessus ne sont pas une activité ponctuelle, mais plutôt un cycle de réévaluation et d’amélioration continu que la personne se donne à soi-même. Au fil des entretiens, je constate que, pour que de réels changements interviennent, les personnes sont appelées à constamment se souvenir, tout au long de leur vie personnelle et professionnelle, des postulats suivants :

  • Être en veille avec elles-mêmes car le pire ennemi c’est soi (pour en finir avec la logique de perfectionnisme, être parfait)
  • Prendre le temps de se connecter à leurs émotions,
  • Repenser leurs priorités,
  • Evaluer les alternatives qui s’offrent à elles
  • Enfin mettre en œuvre les changements.

Il est aussi important de garder en mémoire que le burn out n’amène pas à quitter définitivement le monde professionnel. Le retour à l’emploi est bel et bien l’un des objectifs du traitement, même si ce n’est pas toujours dans les mêmes conditions qu’au départ. « Lorsque les gens ont retrouvé une activité, soit ils sont de retour dans le même poste, soit dans la même entreprise mais à un poste aménagé, soit ils ont repris une activité dans un champ complètement différent de celui qu’ils avaient quitté », détaille Patrick Légeron, psychiatre et coauteur du rapport de l’Académie nationale de médecine sur le burn out professionnel.

Vous avez la possibilité de me contacter afin que nous puissions, ensemble, lors d’une première consultation, faire le point sur ce que vous vivez ou avez vécu après un burn out.

J’aurais plaisir à vous accueillir en souhaitant pouvoir vous aider à :

  • D’une part, retrouver de la juste sérénité pour poursuivre votre chemin de vie
  • D’autre part, mettre en place le cycle des cinq étapes décrites dans cet article.

Au cours de la thérapie qui peut se mettre en place, je vous inviterai à cheminer ensemble sur le fil de vos pensées, pour vous aider en toute bienveillance et empathie, à comprendre ce qui est à comprendre, à dénouer ce qui est à dénouer pour enfin construire ou reconstruire ce qui est à construire ou reconstruire, ce dans le respect du secret professionnel propre à mon éthique de psychologue.

MES CONVICTIONS

  1. La vie est belle quand elle peut être belle … Et elle l’est souvent pour peu qu’on regarde dans la bonne direction
  2. Chacun a en soi la capacité de s’aider soi-même, de guérir ses blessures psychiques.

A bientôt peut-être.



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