262019Déc
Comprendre pourquoi l’humiliation fait souffrir

Comprendre pourquoi l’humiliation fait souffrir

L’humiliation de toutes les humiliations, c’est lorsqu’on ne sait plus ce qu’est l’humiliation

Mahdi Elmandjra

La blessure d’humiliation est une blessure émotionnelle qui peut surgir très tôt dans l’enfance. Elle découle généralement de situations répétées durant lesquelles l’enfant a perçu (ou cru comprendre) qu’il faisait honte à ses parents (souvent à sa mère). Cette toute première blessure laisse des traces dans le développement de l’enfant pour façonner l’adulte qu’il deviendra bientôt à savoir tendre, de façon inconsciente, à reproduire des situations dans lesquelles il se retrouve dans des postures difficiles, pour ne pas dire humiliantes.

Pour sortir de ces comportements toxiques, peu constructifs et néfastes, il est souvent utile de faire des prises de conscience de ses propres mécanismes internes en mettant en place un travail introspectif sur soi, sur son passé. C’est ainsi qu’il sera, alors, possible de se soigner de la blessure de l’humiliation avec la capacité à adopter de nouveaux comportements pour bâtir des relations plus saines.

De nombreuses personnes viennent consulter, à mon cabinet en tant que psychologue libéral sur Lyon, à propos des humiliations dont elles ont été victimes et qui les font souffrir de façon douloureuse, comme une blessure indélébile, ancrée au plus profond d’elles-mêmes.

Beaucoup ont idée qu’elles n’existent plus et que le sens de leur vie n’a plus lieu d’être engendrant, très rapidement, des souffrances, du mal être, des frustrations, de la colère.

Ainsi, Sofian (* – prénom d’emprunt) a voulu démarrer un accompagnement thérapeutique en raison des humiliations dont il a été victime par son environnement professionnel, en 2019, liées à son apparence physique (surpoids important). Les moqueries, les railleries et les coups bas ont eu tôt fait de saper son moral au point de se dénigrer à tout moment pour, au final, s’isoler totalement et déclencher une phobie pour se rendre à son travail.

Marie (* – prénom d’emprunt) est venue me voir en mettant en évidence son fort sentiment de dévalorisation doublé d’angoisses massives suite aux humiliations générées par sa mère qui la dénigre régulièrement au profit de sa sœur jumelle.

Rémi (* – prénom d’emprunt) est humilié par sa conjointe, au sein de sa propre famille, devant ses enfants et aussi auprès de l’environnement amical, depuis près de 10 ans. La dernière crise d’humiliation n’a pas été supportée au point qu’il est parti du domicile conjugal avec un sentiment fort de culpabilité d’abandonner ses enfants. Il vient en séance avec l’idée de pouvoir se réparer et reprendre le chemin de sa vie.

Pour toutes ces personnes, en filigrane, se profilent l’idée que l’humiliation constitue une blessure forte, entrainant des maux physiques, psychiques, émotionnels suffisamment importants pour empêcher de vivre en équilibre.

Cet article peut vous aider, cher lecteur, chère lectrice :

  • d’une part, à mieux déterminer ce qu’est l’humiliation et ce qu’elle entraîne de façon intime et singulière chez le sujet qui en est victime ;
  • et d’autre part, à mieux repérer les moyens pour en guérir.

C’est Lise BOURBEAU, auteur de nombreux best-sellers traduits dans le monde entier, qui a parlé de cette blessure que constitue l’humiliation.

Dans cet ouvrage, Lise BOURBEAU explique les conséquences psychologiques et physiques créées par le fait d’avoir été humilié(e), rabaissé(e) et montre comment, très souvent, l’individu (pour se défendre), se fabrique « un masque », une « façade » afin de pouvoir surmonter la douleur d’avoir été humilié et dévalorisé.

L’humiliation constitue un état émotionnel négatif qui laisse, chez le sujet, une profonde empreinte voire blessure significative :

  • d’un manque de valeur,
  • d’un sentiment de médiocrité et ce, quoique l’individu puisse entreprendre.

L’humiliation, telle que définie par le dictionnaire, « Le Larrouse », est le sentiment d’être atteint dans sa fierté, dans sa dignité d’être humain. Il en résulte, très souvent, un sentiment de honte, et de blessure d’amour-propre…

On trouve aussi des synonymes : avilissement, abaissement, mortification. Ce sont des termes très durs. Quand on se trouve en situation d’humiliation, on perd de sa valeur, c’est tout du moins ce que l’on croit. Ainsi, être humilié signifie, souvent, de donner à voir et à montrer en public un décalage entre ce que nous prétendons être et ce que nous sommes vraiment. Dans toute humiliation, il y a une révélation de soi, pour soi et pour autrui :

  • de soi parce qu’il y a quelque chose d’intime sur soi que l’on apprend,
  • pour soi parce que l’on comprend que les autres vous ont mis à nu
  • et pour autrui car l’autre comprend que vous ne valez pas ce que vous prétendiez être

C’est la raison pour laquelle la personne humiliée ressent un fort sentiment de la honte : se voyant impuissante, elle veut ne plus être visible, parfois même disparaitre du monde et à lui-même car être exposé devient insupportable.

Pour l’humilié, alors, il ne reste souvent que la fuite devant les personnes qui le font aller plus bas que terre, et l’insultent : il est ostracisé, banni et n’a plus, comme porte de sortie, que l’isolement et le retrait. Il essaie de se faire oublier ou alors de tenter de se racheter par une action qui le valorise et lui rende justice. Il est possible, aussi, pour certaines personnes humiliées de sortir renforcées de l’épreuve : on parle de résilience. Pour d’autres, l’humiliation aura pour conséquence de les briser voire de les anéantir.

Pour l’observateur d’une humiliation il peut y a avoir plusieurs attitudes :

  • l’indifférence : celui qui est indifférent est souvent dans la logique de ne pas aimer être à la place et de ce fait, ne se soucie pas du sort de l’humilié ;
  • la compassion : celui qui compatit, se met à la place de la personne humiliée et peut ainsi aussi souffrir par procuration ;
  • l’indignation
  • voire la réjouissance : celui qui se réjouit pense que l’humiliation est méritée, qu’elle constitue une juste punition pour celui qui a dépassé les bornes, qui a osé s’élever au-dessus des autres, a prétendu leur être supérieur

De tous les temps, l’humiliation a constitué un puissant ferment pour le ressentiment, la haine et la violence. Il n’est qu’à se rappeler la triste époque de la première guerre mondiale et de ses conséquences, pour se rendre compte combien les Allemands ont été humiliés par le traité de Versailles en 1918. Le ressentiment a été si puissant qu’Hitler a pu en partie prendre le pouvoir en s’appuyant sur l’humiliation subie par le « diktat » du traité de Versailles. Ainsi, d’’une façon générale, il est possible de dire qu’il n’est jamais judicieux et stratégique d’humilier son adversaire battu car il devient un ennemi irrationnel et haineux.

L’humiliation est un phénomène très humain et commence très jeune : tout enfant « différent », avec un handicap, un talent particulier, une origine exotique ou des parents connus, sera susceptible de subir des humiliations ou tentatives d’humiliation à l’école. Les enfants sont cruels et l’humiliation, les brimades sont monnaie courante dans toute cour d’école. Des drames, ainsi, se jouent tous les jours qui mettent en jeu l’humiliation.

Les conséquences sur le plan comportemental

L’individu humilié est très souvent dans une logique de compensation qui se jouer sur le plan nutritionnel. C’est fréquemment une personne qui ne s’écoute pas, trop occupée à gérer ceux des autres et ce, pour se percevoir comme une bonne personne, généreuse, l’objectif psychique, inconscient, souvent, étant de camoufler sa blessure, ses peurs, celles de ne pas se sentir humilié. Tout sera mis en œuvre pour se rendre utile, prendre en charge les autres sans qu’ils l’aient demandé.

L’humilié, en général, a souvent tendance à prendre tout sur son dos. (il a le dos large), en ne se rendant pas compte qu’il peut, à son tour, créer une humiliation chez l’autre parce que la plupart du temps, il s’auto gratifie d’aider l’autre en disant devant l’aidé qu’il ne peut rien faire sans lui…
Il s’agit, là encore, d’un comportement inconscient qui attends la reconnaissance de l’autre qu’il n’obtient pas en retour.

Il existe aussi un autre comportement notable dans le fait d’avoir été victime d’humiliation : celui de créer des situations où l’humilié va faire souffrir et ce, sur le mode inconscient. Quand il aide quelqu’un, ce qu’il désire en fait c’est de se créer des contraintes et des obligations parce qu’il croit qu’ainsi, il n’aura pas honte ou que l’autre n’aura pas honte de lui, mais en fait, il ressent une non reconnaissance et c’est cette non reconnaissance qui l’humilie, qui va le faire souffrir.

Comment affronter cette humiliation ?

Le lecteur et la lectrice que vous êtes aurez compris que la réponse à cette question diffèrent pour pour chacun(e) de nous selon les éléments suivants à prendre en compte :

  • Le contexte et l’environnement,
  • les acteurs, les protagonistes de la situation,
  • les circonstances,
  • sa propre histoire de vie,
  • ses propres fragilités

Dans tous les cas, le processus reste le même avec souvent, parfois, un travail de deuil à réaliser en amont (à ce titre, je vous invite à lire les articles rédigés sur mon site à ce sujet )

Ainsi, pour prendre conscience de la situation con-textuellement (sortir du déni et ne pas le prendre personnellement), il est utile de :

  1. Reconnaître ce que cela a généré en nous et qui est présent dans l’instant présent (émotions)
  2. Se remercier de s’autoriser à découvrir ce qui se joue réellement et tout ce qui doit l’être
  3. Rentrer en communication avec ce qui est là présent
  4. Choisir ce que nous souhaitons en faire selon ce qui est bon, juste et utile
  5. Témoigner et ressentir de la reconnaissance pour la libération réalisée.

Comment guérir de l’humiliation ?

La première phase (après la reconnaissance) c’est l’acceptation, seul élément déclencheur qui puisse permettre la guérison.

La blessure d’humiliation est, alors, en train de guérir lorsqu’il vous sera possible de prendre le temps d’entendre et d’écouter vos propres besoins et désirs, avant ceux des autres (plutôt que de dire oui aux autres).

Il s’agit, là, de prendre du recul « ici et maintenant », pour se poser la question : « de quoi ai-je besoin ou envie » ?

C’est ainsi se faire plaisir avant l’autre, parce que la personne la plus importante dans notre vie c’est « nous-m’aime » !

A n’en pas douter, il s’agit aussi de prendre SOIN de soi en se donnant des autorisations et des permissions (celles d’avoir droit au bonheur, de goûter aux plaisirs de la vie).

L’ensemble du processus peut se faire seul(e) mais un accompagnement est souvent nécessaire. Si tel est le cas pour vous, cher lecteur, cher lectrice, je reste à votre service si vous le souhaitez. Contactez-moi

Les objectifs visés en thérapie seront que vous :

  • repreniez confiance en vous : se sentir respectable et respecté,
  • développiez l’estime de vous-même : être fier(e ) de soi,
  • construisiez une image valorisante de vous-même, de vos choix et de vos actes,
  • enfin, parveniez à tenir un discours positif de vous-même :

« Je me sens digne d’être aimé »
« Je me respecte profondément »
« Je suis fier de moi »
« J’ai le droit d’exprimer mes besoins »
« Je suis libre de ma mère / de mon père / de mon conjoint ou conjointe »


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